L’occupation sioniste de la Palestine sème la mort et la destruction. Assassinats, arrestations, invasions de villes, de villages et de camps, bombardements. C’est une situation permanente que vit le peuple palestinien, due à l’occupation et la colonisation.
Pourquoi ?
Parce que, depuis sa fondation, l’Etat d’Israël cherche à s’approprier la terre, toute la terre de la Palestine.
Non satisfait des terres palestiniennes volées pour fonder son Etat (Palestine 48), le mouvement sioniste pratique le nettoyage ethnique systématique pour s’accaparer de ce qui reste encore de terres aux Palestiniens, dans les frontières de son Etat - notamment Galilée et Naqab (Neguev) - dans une opération appelée « judaïsation de la Galilée et du Naqab » et s’est lancé depuis l’occupation d’al-Quds (Jerusalem), de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, en 1967, dans une vaste opération de colonisation.
40 ans après cette occupation, la ville d’Al-Quds et la Cisjordanie sont étouffées et morcelées par plus de 200 colonies, avec un demi-million de colons, sans parler des postes militaires et des soldats de l’armée d’occupation, des routes de contournement qui relient les colonies entre elles, du mur de l’annexion qui avale les terres, et des barrages fixes ou volants qui enferment les Palestiniens dans des « bantoustans » plus monstrueux que ceux instaurés jadis en Afrique du Sud.
A l’occasion de la Journée de la terre
le 30 mars
La Vallée du Jourdain
Une région palestinienne menacée par la colonisation,
l’annexion et l’épuration ethnique
La vallée du Jourdain fait partie de la Cisjordanie occupée en juin 1967 par l’État sioniste d’Israël. Située le long du Jourdain, qui constitue la frontière avec la Jordanie, cette zone du territoire palestinien est visée par l’annexion et est soumise à la colonisation et à l’épuration ethnique active. Dans notre étude, la vallée du Jourdain (Ghor al-Ardun) s’étend de la ville d’Ariha (Jéricho) vers le nord, jusqu’à la ligne verte qui sépare l’État sioniste des territoires occupés en 1967.
Administrativement, elle est comprise dans les gouvernorats palestiniens de Ariha, au sud, et Toubas, au nord. Une troisième partie de la vallée fait partie du gouvernorat de Bethléem, plus au sud, partie qui longe la Mer morte
Colonisation de la vallée du Jourdain : une unanimité sioniste
27 colonies sionistes furent implantées à partir de 1967 dans la vallée et le versant Est de la montagne qui traverse la Cisjordanie du nord au Sud.
Dans la province de Toubas, 7 colonies dont 4 moshavs* sont gérées par 1297 colons, alors que dans le reste de la Vallée et autour d’Ariha, 17 colonies, dont 4 kibboutz*, sont gérées par 5113 colons (chiffres fin 2005), les autres dépendent de Jérusalem ou de Nablus. Ces colonies religieuses ou laïques sont affiliées à divers mouvements politiques israéliens. Des postes de colonies dites « sauvages » s’y sont encore récemment établis. (*le moshav est une colonie semi-collective tandis que le kibboutz est une colonie où ses membres vivent et partagent collectivement leurs revenus).
La superficie de la vallée du Jourdain représente le tiers de la Cisjordanie. Si les colonies sionistes ne semblent occuper que 3,5% des terres de la vallée, il faut remarquer qu’elles font partie des plus fertiles, et surtout que les zones militaires fermées représentent, quant à elles, 32% des terres de cette région, et les zones minées 18%. Plus de 80% de la vallée sur une superficie totale de 850 millions de km², y compris les terres situées tout le long du Jourdain, sont interdites au déplacement des Palestiniens. Parmi les routes exclusivement réservées aux Israéliens, il faut signaler la route 90 qui traverse la vallée du Jourdain, reliant le nord au sud de la Palestine.
Le nombre de colons a doublé entre 1983 et 2000 dans la vallée, et des plans officiels encouragent les Israéliens à s’y installer. Après les accords d’Oslo, le nombre de colons augmente : en 1995 (+16%), en 1999 (+ 17%) et en 2000 (+22%). Le ministre sioniste de l’agriculture déclarait en 2005, après le redéploiement dans la bande de Gaza : « il faut que nous ayons une unanimité sur la vallée du Jourdain, les Palestiniens doivent réaliser qu’ils ne nous feront pas abandonner un autre mètre de la terre. Nous augmenterons le nombre de colons dans cette région ». [1]
Selon les accords d’Oslo, la vallée du Jourdain a été divisée en trois parties, la zone A (« souveraineté » palestinienne) 7,4% de la superficie, la zone B (contrôle « mixte ») 4,3% et occupation israélienne 88,3%, ce qui illustre la volonté israélienne de maintenir la région sous occupation pour une annexion future.
Expulsion de la population palestinienne : un nettoyage ethnique actif
En 1967, avant l’occupation de la vallée du Jourdain, le nombre de Palestiniens qui y vivaient s’élevait à 80 000 personnes. Après la destruction du camp de Nuway’ma et l’expulsion de 80% de la population du camp de Aqabat Jabr vers la Jordanie, la population palestinienne de la vallée du Jourdain est aujourd’hui estimée à seulement 50 000 habitants. Les réfugiés palestiniens des trois camps situés dans la vallée du Jourdain sont originaires de la Galilée et de la région de Bisân, occupées en 1948. Aujourd’hui, près de 60% de la population de la vallée du Jourdain vit à Ariha et dans les deux camps de réfugiés, Aqabat Jabr et Ayn Sultan.
Restriction des déplacements : pas moins de 18 barrages
Depuis l’Intifada al-Aqsa, en 2000, le processus de nettoyage ethnique s’est accéléré. En effet, par l’installation de nombreux barrages, principalement à Hamra et Tayaseer, les autorités militaires sionistes empêchent la population de se déplacer vers les 26 localités palestiniennes (3 villes, bourgs et villages), qui sont de plus en plus isolées de leur environnement palestinien.
En 2005, la route principale reliant Toubas et Tammun aux villages Beit Dajan, Ein Bayda, Jaftlik, Marj Na’je et d’autres, a été fermée, la population de la vallée devant contourner et passer par Ariha au sud pour revenir à Toubas, Nablus ou Jénine. Pour la population de la vallée, c’est une catastrophe. La commercialisation des produits agricoles, l’achat de stocks pour les magasins, le déplacement pour raisons familiales, éducatives ou médicales devient de plus en plus difficile.
Les forces militaires de l’occupation interdisent aux Palestiniens de la Cisjordanie de se rendre dans la vallée du Jourdain. Ces interdictions accroissent le chômage car les ordres d’interdiction touchent des milliers de travailleurs du nord de la Cisjordanie qui travaillaient dans la vallée. Elles touchent aussi les bédouins qui ne pourront plus se déplacer vers leurs fermes situées dans la vallée.
Destruction de la vie palestinienne
En 1968, les forces de l’occupation ont clôturé 14 000 hectares composés de champs cultivés et de pâturages, qui sont des propriétés privées, pour les transformer en champs de tirs pour l’armée.
Dans la région de Bardala, l’occupation a détruit les projets d’irrigation et détruit toute l’agglomération : 500 hectares de terres agricoles ont été clôturées, avec leurs 14 sources d’eau et 8 puits artésiens.
Après la destruction de 162 puits dans la vallée du Jourdain, depuis 1967, « aucun permis n’a été délivré pour creuser des puits », déclare le maire de Toubas. « L’occupation nous a imposés d’acheter l’eau de la compagnie israélienne. Depuis le début de l’Intifada, la compagnie a coupé l’eau de nos terres, intentionnellement, pour détruire l’agriculture palestinienne. »
L’occupation a détruit ou confisqué des récoltes et bloqué les camions qui les transportent vers la Cisjordanie.
Les autorités de l’occupation ont détruit maisons et baraquements des propriétaires des bétails, tout comme elles ont confisqué les fourrages, les camions d’eau, visant à détruire la richesse animalière dans la région.
Elles ont de même détruit de larges superficies de cultures en serre, avec des centaines de projets, qui s’étendent du village de Bardala, Jaftlik, Ein al-Bayda jusqu’à Ariha.
13 villages ont été déclarés illégaux par l’occupant. Des milliers de maisons en dur, de tentes et de baraques ont été détruites depuis le début de l’Intifada, jugées illégales aux yeux de l’occupant. Le but des autorités sionistes consiste à ne laisser sur place que 5000 Palestiniens, ouvriers agricoles dans les plantations coloniales. [2]
Annexion de la vallée du Jourdain
Poursuivant le plan israélien qui est de s’emparer de toute la région de la vallée du Jourdain, les forces de l’occupation ont procédé par étapes, comme l’affirme le maire de Toubas, pour finalement arriver au point d’annoncer son annexion.
« Depuis 2000, les forces de l’occupation ont isolé progressivement la région de son contexte palestinien, en construisant le mur, en installant des barrages sur les seules voies d’accès à Hamra, Tayaseer, en fermant le passage de Bardala qui a imposé l’isolement de notre peuple ».
« L’occupant a récemment interdit l’entrée et l’installation dans la région de toute personne qui n’a pas des papiers l’y autorisant, et qu’il délivre lui-même. Plusieurs mises en garde ont été lancées contre les paysans dont les terres risquent d’être confisquées par ordres militaires. Tout ceci est un prélude à l’annexion de la région. »
Par ailleurs, les dirigeants sionistes, de droite et de gauche, ont déclaré qu’ils ne rendraient pas la vallée du Jourdain, considérée comme une région stratégique.
Mais la vallée du Jourdain est une zone stratégique pour les Palestiniens, tant du point de vue agricole que social ou politique.
« Elle nous rattache au monde extérieur. Les mécanismes de la résistance à ce projet doivent se mettre en place rapidement, avec un programme national, pour affirmer notre détermination à garder cette région. Il y a plusieurs façons de défendre notre terre, et au niveau populaire, la mobilisation doit être puissante » a récemment déclaré le préfet de Jénine.
Produits israéliens et boycott
La production agricole des colonies sionistes de la vallée du Jourdain est exportée vers la France et l’Europe. La société de commercialisation AGREXCO, détenue à 50% par l’État d’Israël, transporte les produits des colonies en y apposant « made in Israël ». La commercialisation de ces produits est en effet interdite en Europe mais l’Union Européenne a décidé de fermer les yeux, collaborant ainsi à la colonisation sioniste dans les territoires occupés en 1967.
NE FERMONS PAS LES YEUX !
Boycottons d’abord les produits en provenance des colonies, comme les avocats (TOP, Carmel), les dattes (Jordan Valley, King Salomon) et les produits « Jaffa », « Coral », etc.
Pour comprendre les dangers de la colonisation sioniste,
pour discuter des possibilités d’action
et de solidarité avec la résistance en Palestine
Conférence-débat avec Ali Samoudi,
journaliste de la province de Jénine
(correspondant d’Al-Jazeera, du quotidien al-Quds et du site Arabs48)
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