Rencontre débat avec des militants anarchistes sur l’antiélectoralisme
Les militants lyonnais de la Coordination des Groupes Anarchistes et de la Fédération Anarchiste vous invitent à une soirée débat sur l’antielectoralisme.
Le Vendredi 20 Avril à 20h30 à la Maison des Passages (44,rue St Georges Lyon 5e)
De la grève des électeurs à la grève générale expropriatrice et autogestionnaire …
Tous les cinq ans désormais, le grand cirque électoral
s’installe dans le pays. Et l’année 2007 nous
gâte particulièrement, puisque après nous avoir
servi deux fois le couvert en avril et en mai afin de
changer de chef, en l’occurrence, de président, les
citoyens et citoyennes devront répéter leur devoir
démocratique en prenant deux fois du rab pour
élire leurs représentants à l’hémicycle.
Nom de dieu ! Quatre bulletins dans l’urne en
l’espace de quelques semaines, et il se trouve des
médisants pour râler que l’on nous confisque notre
avis, que l’on nous vole notre souveraineté et nos
libertés. Une trentaine d’hommes et de femmes
candidats, du plus raciste au moins sérieux, des
fausses têtes de gentils et des vrais gueules de
méchants, un suspense insoutenable, des luttes fratricides,
des éliminations sans pitié comme à Koh
Lanta, et il se trouve encore des mécontents pour
affirmer que la démocratie est un spectacle aliénant
pour citoyens dociles. Des promesses en
pagaille, des programmes en veux-tu en voilà, des
lendemains qui chantent et il se trouve toujours
des irréductibles pour affirmer que si les élections
pouvaient changer cette société fondée sur l
’exploitation, l’oppression et l’ignorance, elles
seraient interdites depuis longtemps.
La classe dominante peut dormir sur ses deux
oreilles, c’est bien elle qui pendant des décennies a
forgé et affiné le système électoral parlementaire.
Celui ci est construit sur la fiction de la représentativité
censée illustrer la « volonté populaire » qui
n’est rien d’autre que la volonté des puissants ! Ni
partisans de la République, ni de la démocratie
parlementaire, les anarchistes se battent au quotidien
contre toute logique de délégation de pouvoir
et d’abandon de souveraineté individuelle, contre
toute forme de pouvoir et de gouvernement, pas
pour son illusoire contrôle par les citoyens.
Pour les anarchistes, l’État n’est pas un outil neutre
au service d’une politique plus ou moins sociale.
Il est l’instrument de domination d’une minorité
privilégiée sur l’immense majorité exploitée. Il
est ainsi dangereusement illusoire de vouloir s’en
emparer par la loi ou par la force pour espérer corriger
les bases inégalitaires et hiérarchisées de la
société. C’est là l’originalité et la différence fondamentale
du courant libertaire avec les tendances
autoritaires du socialisme : la social-démocratie et
le marxisme-léninisme. La pratique réformiste liée
à la participation gouvernementale aboutit systématiquement
à une gestion libérale du capitalisme.
La dictature du prolétariat a été incapable d’abolir
la société de classe et a accouchée de monstrueux
Etats totalitaires. La lutte pour l’abolition du salariat
est indissociable de la destruction du pouvoir
étatique, c’est pourquoi les anarchistes refusent la
conquête du pouvoir et boycottent les institutions
étatiques et le système électoral qui en découle.
Notre abstentionnisme n’est ni une attitude de circonstance,
ni une forme d’opportunisme et encore
moins de l’irresponsabilité, il découle des principes
intangibles de l’anarchisme : le refus de toute
délégation de pouvoir et la promotion de l’action
directe.
Ils ont voté, et puis après …
Les présidentielles de 2002 qui ont vu le duel
escroc contre facho au second tour tourner sans
surprise à l’avantage du premier, ont constitué un
piège magistral. L’Union sacrée des partis politiques
et d’une majorité du mouvement social et
syndical pour voter Chirac et " sauver la
République " a permis de concentrer dans les
mains des représentants de la bourgeoisie un pouvoir
exceptionnel dont elle ne s’est pas privé d’user
et d’abuser d’autant plus que les législatives qui ont
immédiatement suivies ont consacré la dictature
du patronat en donnant la majorité absolue à
l’UMP. Dés lors, les attaques antisociales se sont
multipliées. La violence et le rythme de cellesci,
conjugués à la passivité des organisations syndicales,
n’ont pas permis de résister efficacement
aux les mauvais coups du capital et du gouvernement
: retraites, intermittents, sécurité sociale, lois
sécuritaires contre les libertés publiques et lois
racistes contre les sans-papiers, CNE, CPE …
Ce
n’est pas non plus la fausse victoire du « non » au
référendum sur le traité de Constitution européenne
qui a permis au mouvement social et syndical
de se refaire une santé et de mettre un coup d’arrêt
aux attaques du gouvernement, bien au contraire.
Les élections comme les référendums, quand ils ne
tuent pas dans l’oeuf tout développement d’un mouvement
social autonome, sont contre-productifs et
nocifs pour les luttes sociales.
Les abstentionnistes ont toujours été voués aux
gémonies. Quand on ne leur reproche pas d’être de
dangereux irresponsables, on les accuse de faire le
jeu du patronat et de l’extrême-droite ! Les élections
n’ont jamais barré la route au fascisme et très
souvent, le vote a légitimé les pires canailles.
Hitler et Mussolini sont parvenus au pouvoir par
les urnes et c’est la Chambre des députés qui a
investi Pétain des pleins pouvoirs. Les anarchistes
dénoncent les barricades de bulletins de vote
comme totalement illusoires.
Nous considérons comme seul rempart efficace au
fascisme, l’action directe pour la conquête d’une
réelle égalité économique et sociale ainsi que le
combat quotidien contre toutes les formes d’autoritarisme
et d’oppression raciste, sexiste, patriarcale…
Les libertaires se battront donc sur le terrain qui
est le leur : dans la rue, dans les lycées, les facultés
et sur leur lieux de travail, pas dans les urnes,
ni sur les bancs du parlement ! Les anarchistes
entendent, par le développement des pratiques et
des idées libertaires dans le mouvement social et
syndical, s’opposer à la logique de délégation de
pouvoir et à l’électoralisme. Nous voulons établir
une véritable démocratie directe, une démocratie à
la base, issue des luttes et fondée sur des mandatements
impératifs, le contrôle et la révocabilité des
mandatés.
Seule la lutte paie !
Le mouvement dit « anti-CPE » du printemps dernier
a, une fois de plus, démontré que seule la lutte
payait. A la suite des émeutes de banlieues de l’automne
2005, ce mouvement a mis en lumière des
modes d’organisation, basés sur des assemblées
générales souveraines et décisionnelles, des occupations
et, des blocages de l’économie se sont
développés. Ils préfigurent les luttes de demain et
même une nouvelle façon d’appréhender l’organisation
sociale. Par ces recours à des formes d’action
directe, les jeunes et les moins jeunes
renouent avec les principes et les pratiques de la
lutte collective initiés, il y a 100 ans par la Charte
d’Amiens, et mis en oeuvre, notamment lors des
grèves et occupations de 1936.
En ces temps, où l’on veut nous convaincre que la
démocratie libérale constitue l’horizon indépassable
de l’Humanité… Alors que la gauche, les communistes,
l’extrême gauche intègrent le jeu démocratique
et les institutions républicaines qui pérennisent
et renforcent la domination capitaliste…
A
l’heure où le mouvement social et syndical, peinant
à (re)trouver le chemin de la résistance et de
la contre-offensive, est à (re)construire… Il importe
aux militants révolutionnaires et à leurs organisations
de lutter contre toutes les logiques de
médiations de classes ainsi que contre les mystifications
électorales de toutes sortes qui pourraient
détourner les travailleurs de la construction d’un
véritable rapport de force et éloigner toute perspective
de rupture.
Offrir un point d’appui aux individus conscients,
tenir un cap anarchiste et révolutionnaire en cette
période complexe et difficile, telle est la tâche que
se fixe la campagne unitaire anti-électorale des
libertaires dont vous tenez dans les mains le premier
travail commun.
Parti, avant-garde, leader …
Il n’est pas de sauveur suprême :
sauvons nous nous-mêmes !
Les libertaires appellent donc à nouveau à l’action
directe individuelle et collective que l’on pourrait
résumer par : « agir au lieu d’élire », et qui se traduit
pratiquement par l’abstention active et révolutionnaire.
L’esprit du congrès de Saint-Imier (1872), événement
fondateur de l’anarchisme ouvrier et de l’internationalisme
prolétarien reste plus que jamais
d’actualité et nous rappelle que " … la destruction
de tout pouvoir politique est le premier devoir du
prolétariat « et que » … repoussant tout compromis
pour arriver à l’accomplissement de la révolution
sociale, les prolétaires de tous les pays doivent établir,
en dehors de toute politique bourgeoise, la
solidarité de l’action révolutionnaire ".
Pas plus en 2007 qu’auparavant, les anarchistes ne
se rendront aux urnes !
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