Pour se rendre à la Mairie de Meyzieu, le plus simple est de prendre
à la gare de la PART-DIEU sortie côté Villette
le TRAM T3 et descendre à MEYZIEU-GARE
puis aller à pied jusqu’à la Mairie (5 minutes environ)
Le vendredi 25 janvier, à la nouvelle prison pour mineurs, appelée
pudiquement EPM (Etablissement Pénitentiaires pour Mineurs) à Meyzieu,
dans la banlieue de Lyon, un jeune détenu met le feu à sa cellule, en
transformant son tee-shirt en torche pour le jeter dans la cour. Malgré
ce sérieux appel au secours et malgré les avertissements d’éducateurs
extérieurs indiquant clairement que la place de ce jeune n’était pas en
prison, la juge des enfants a décidé récemment de prolonger encore son
emprisonnement. Huit jours plus tard, il est retrouvé mort, pendu au
système d’aération de sa cellule.
L’administration pénitentiaire, redoutant une nouvelle explosion au sein
de la prison, décide alors de camoufler cette mort pendant
tout le week-end. L’info finit pourtant par sortir le lundi 4 février et
provoquer dès mardi quelques remous politico-médiatiques.
Les EPM, qui avaient été médiatisés bruyamment comme des prisons
« humaines », « éducatives », « conviviales » se sont révélées depuis leur
ouverture un désastre aussi glauque que prévisible : intervention
brutale de milices de super-matons cagoulés (ERIS) pour mater les jeunes
détenus, pédagogie du remplissage frénétique pour occuper et observer
les jeunes en permanence sans leur laisser d’espaces de repli, déprime
et protestations des personnels contractuels et des matons ayant conservé un
recul critique ou tout simplement flippés par la situation, obstination
des bureaucrates d’une structure ultra-hiérarchisée malgré la tension
qui grimpe...
Face à ce désastre, les jeunes détenus se révoltent par des mutineries,
(destruction d’une partie des locaux de Meyzieu quelques jours après
l’arrivée des détenus), hurlements entendus par le voisinage, rébellions
quotidiennes et évasions (comme récemment à la prison pour mineurs de
Marseille) ou beaucoup plus tristement ici par des voies de fuite
individuelles et suicidaires. Mais après s’être tant vanté de ses
solutions miracles à la délinquance des jeunes, l’État s’efforce
maintenant de camoufler les cadavres...
Nous appelons à un rassemblement contre ces structures d’enfermement
pour mineurs
le samedi 9 février
Rendez-vous à 15h30 devant la mairie de Meyzieu pour aller jusqu’à la
prison pour mineurs dans le quartier du Mathiolan
pour apporter un soutien à la famille et aux proches de ce jeune mort
le 2 février au sein de la prison pour mineurs de Meyzieu ;
pour apporter un soutien aux détenus et à leurs familles ;
parce que nous pensons qu’il est crucial de visibiliser ce qui se
passe réellement dans ces prisons.
Nous appelons à des rassemblements similaires devant les EPM déjà
ouverts ou encore en construction en France. Nous espérons rassembler
dans ce sens tout ceux qui s’insurgent contre les politiques
sécuritaires actuelles, la répression policière et l’enfer des prisons
françaises. Rappelons à ce titre que le type de décès survenu à
Meyzieu, suicide maquillé ou non, est relativement fréquent en
France dans les prisons classiques.
Le rassemblement de samedi est aussi un
appel à se montrer solidaire avec tout-es celles et ceux qui pourraient
connaitre les geôles de l’État pour leur engagement anti-carcéral.
Quelle opposition à l’enfermement des mineurs ?
Depuis l’annonce en 2005 de la construction de ces EPM, une opposition
aux formes multiples s’est structurée en France : constitution de
collectifs unitaires d’éducateurs et militants syndicaux, occupations
des arbres du chantier de l’EPM d’Orvault, neutralisation de machines
pour retarder l’avancée des travaux, manifestations... Récemment, un groupe intersyndical d’éducateurs sur Nantes a relancé un appel à
l’insoumission et au refus de travailler dans les EPM afin d’espérer
bloquer le fonctionnement de ces structures. Des professeurs
de l’enseignement public ont aussi refusé d’y intervenir.
Des prisons pour mineurs... aux politiques sécuritaires
En 2004, Le gouvernement avait annoncé la construction de 7
« établissements pénitentiaires pour mineurs » de 13 à 18 ans. Ils étaient
censé offrir 420 nouvelles places d’incarcération s’ajoutant aux 850
existantes dans les quartiers pour mineur.es des prisons. Quatre d’entre eux
sont déjà ouverts à Nantes, Marseille, Lyon et Toulouse, les autres sont
encore en construction. Dans le même sens, le nombre de centres éducatifs
fermés (CEF) et de centres éducatifs renforcés (CER) est en train de
s’accroître.
Ce renouveau des structures d’enfermement des mineur.es s’inscrit dans un
renforcement sécuritaire généralisé : création de nouveaux délits et
abaissement de la responsabilité pénale pour les mineurs, peines
plancher et rétention de sûreté, généralisation du fichage ADN et de la
vidéosurveillance, du contrôle biométrique dans les écoles, harcèlement
constant de la BAC dans les quartiers populaires et rafles d’étranger.es
dans les villes... Tout cela se mettant en oeuvre avec une pression
industrielle énorme puisque bon nombre d’entreprises misent aujourd’hui
leur essor économique sur l’écoulement de produits high-tech de contrôle
social.
En plein boom depuis septembre 2001, omniprésente à la télé et au centre
de tous les enjeux politiques, la propagande sécuritaire déchaîne la
peur des autres et cherche à soumettre à la domination économique et
sociale en divisant la population. Il s’agit maintenant pour l’État de
désigner des délinquant.es dès le plus jeune âge et de les punir.
L’objectif est de mater les classes défavorisées dans une société où
l’absence de perspective de vie épanouissante et la violence des
inégalités nourrit logiques de survie, frustrations rageuses
et encore régulièrement quelques sursauts de révolte collective.
Comptant sur un oubli du bilan désastreux des bagnes pour enfants et
autres formes d’enfermement du passé, l’État voudrait convaincre du bien
fondé et de la modernité des EPM. Nous affirmons pour notre part que
l’on ne construira pas un monde plus vivable en enfermant, brisant et
torturant des individu.es. La prison instaure la punition en système,
elle existe pour préserver l’ordre établi. Elle est un supplice qui,
malgré tous les discours de rénovation et de réformes, reste
essentiellement dégradant et humiliant.
Face aux prisons, construisons des solidarités et des insoumissions
Provoquons ensemble la fermeture des prisons pour mineurs, CEF, et l’arrêt du programme de construction de ces murs de la mort
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