L’hébergeur du site revoltes.net, syndicaliste CNT, a été violemment interpellé par la BAC le 1er mai à Grenoble

2133 visites

Il est accusé de « rebellion et violences contre les forces de l’ordre » alors qu’il semblerait plutôt que ce soit la police qui ait été violente...

Notre ami a été violemment interpellé lors de la manif unitaire du 1er mai, à Grenoble. Il est accusé de « rebellion et violences contre les forces de l’ordre », comme ne le montre pas cette photo :

HTML - 61.4 ko
Le 1er mai 2009, notre ami et hébergeur du site revoltes.net, syndicaliste CNT, a été tabassé par la BAC et arrêté

Nous sollicitons votre aide et solidarité. Bien sûr, c’est loin d’être le seul cas connu de violences policières sous Nicoléon 1er, mais justement, on ne doit JAMAIS laisser passer ça, encore moins s’y résigner ! Sinon, après, c’est encore pire...

La BAC ayant provoqué durant la manif,
Se trouva fort dépourvue au finish.
Pas d’incident, et pas d’assaut :
Ils n’arrêtèrent pas un gaucho !
 
Quota mensuel n’étant pas fait,
Trois citoyens devinrent suspects.
Un « casseur » imaginaire fut frappé,
Puis un pacifiste arrêté.
 
Le dernier fut tabassé,
Et son drapeau fut arraché,
Il était de la CNT.
Est-ce pour cela qu’il fut visé ?
 
Que faisiez vous ? dirent les agents.
Je militais, ne vous déplaise !
Vous militiez ? J’en suis fort aise :
Eh bien ! Résistez, maintenant !

Ce 1er mai 2009, c’est l’un des coopérateurs et ami de notre site qui s’est fait tabasser, insulter, et arrêter arbitrairement, à Grenoble. Un casseur, lui ??? Il est informaticien, marié, et père de deux enfants. Doué, calme, généreux, et ... bâti comme une allumette. C’est simple : pour maigrir, il lui faudrait perdre un os ! On se connait depuis dix ans, et je suis témoin qu’il y a peu de gens aussi intègres que lui dans ce monde. Voici son témoignage :

« La manifestation avait fait déjà un bon bout de chemin quand des ’BACeux’ (vous savez, les cowboys de la BAC en civil...) tentèrent d’arrêter un jeune en plein milieu du bloc que formaient les jeunes autonomes derrière leur banderole !!! Évidemment, 4 BACeux dans un groupe de 100-200 personnes... ça pouvait pas se passer autrement que ce qu’ils cherchaient : ils se font sortir ’gentiment’ du groupe, sous les huées ("Police partout, Justice de classe", "Police partout, Justice nulle part",...) et quelques projectiles (oeufs, peinture,...), puis se replient entre des voitures et le MacDo.

Ils longèrent ensuite la manif pendant plusieurs centaine de mètres, au niveau des jeunes, histoire de provoquer un peu, puis ils disparurent du champ de vision alors que le cortège poursuivait tranquillement en direction du parc Paul Mistral. Peu avant, le bloc des jeunes s’est dispersé et seule la voiture sono nous a suivi jusqu’à l’entrée du parc. Des barrières métalliques empêchant le passage, elle s’est garée sur le côté et nous avons rejoint les zones installées par chaque organisation au coeur du parc.

C’est alors qu’on nous fît signe que la voiture sono se faisait contrôler et encercler par les CRS. Nous sommes revenus au pas de course vers l’entrée afin qu’il y ait des témoins. Chemin faisant, nous voyons que des escadrons de CRS sont déployés à moitié planqués sous les arbres, mais bon, ... on n’abandonne pas et on rejoint l’entrée en prenant soin de s’arrêter à bonne distance des rangs de CRS casqués. Les forces de répression sont déjà en train de fouiller le véhicule sono et une petite trentaine de personnes sont là à regarder gentiment.

Selon les témoignages, le vigile du parc (ou de la mairie ?) a dit au véhicule de sortir de son emplacement de stationnement et, au moment où celui-ci s’apprêtait à se déplacer, les CRS qui étaient restés à l’écart, de l’autre côté du boulevard à 4 voies, s’étaient déployés très rapidement pour empêcher toute manœuvre (Il restait le conducteur et une jeune fille dans la voiture sono).

On commence à se rassembler à une bonne dizaine de mètres d’eux, histoire de pas provoquer, mais pour leur montrer qu’on surveille leurs agissements envers la voiture sono et ses occupants. Tout ça, sous l’oeil des caméras de l’hôtel de ville et des caméras des CRS...

12h15 : Soudain, nous voyons une personne se faire charger sur la gauche de notre groupe par des BACeux, suivi par la suite de CRS. Quasiment aussitôt, j’entrevois un groupe de 3 personnages patibulaires, ’’tondus de près’’, venant sur notre droite, foncer sur notre groupe de membres de la CNT bien identifiables avec drapeaux, autocollants,...

Et là...

Coups, projection au sol, coups de bottes, je me retrouve à terre avec bientôt 6 gars sur le paletot avant que je comprenne qu’il s’agissait de BACeux et non de fachos !

Un deuxième camarade se fait lui aussi projeter au sol, par des CRS, et se fait menoter méchamment alors qu’il ne bouge pas et se laisse faire sans aucune résistance...

Après s’être acharnés un moment sur moi, enfin... jusqu’au moment où ils comprennent qu’avec le poids de leur collègue et de sa botte sur le bras, je ne peux pas bouger mon bras afin qu’ils me passent les menottes... ils finissent par me remettre debout, menoté bien serré... avec le doigt dans l’œil pour ’’m’aider ’’ à me relever...

Aussitôt, deux BACeux me prennent en charge et insistent pour me faire baisser la tête, mais jamais un syndicaliste ne baisseras la tête devant les forces de répression ! Enfin, pas chez nous, je l’espère ! Baisser la tête, ça leur permet de te balancer des coups de poings dans la tête sans que les personnes autour ne le voient... comme ils le feront à un autre interpellé.

De l’entrée du parc jusqu’au fourgon, les deux BACeux profèrent toutes sortes d’insultes et d’insanités à mon encontre : « Sale PD », « On va te refaire le cul au commissariat », « Nous, on n’est pas des grouillots de flics, on vient des quartiers... » sans recevoir de ma part que le silence le plus obstiné.

Arrivés au fourgon, ces derniers me jettent dans le fourgon et me ’remettent’ à un de leur acolytes, policier, ce coup-ci. Ce dernier essaye de me faire asseoir à grands coups de baffes dans la figure : menoté et allongé sur le dos entre les sièges, c’est pas simple ... avant de me balancer un coup de pied dans le plexus quand j’avais enfin réussi à poser une fesse sur le siège ... sur le coup, je reste à moitié soufflé et groggy mais je continue de garder le silence.

12h30 : On amène alors, vers le fourgon, le troisième interpellé qui lui aussi est jeté à côté de moi sur la banquette. J’ai le temps de voir une petite personne âgée demander au policier qui nous garde « Mais pourquoi vous les avez arrêtés ? » Et ce dernier de répondre, « C’est des casseurs Madame ! Ils n’ont que ce qu’ils méritent ! » Soudain, j’ai le cœur qui s’accélère de plus en plus, souffle court, je halète et tombe de la banquette. Mon camarade d’infortune, prévient alors le policier qui nous garde. Celui-ci ne décoche pas un regard ... Il renouvelle cet appel à venir à mon aide 5 minutes plus tard, et, ce coup-ci, le policier lui répond en substance « qu’il en a rien à foutre et que je peux bien crever ». Cinq minutes plus tard, moi, toujours haletant et avec le cœur en tachycardie, ils démarrent et nous emmènent à l’hôtel de police. Là-bas, ils me déposent sur le banc mais je ne peux me tenir dessus ... et m’écroule à terre. De plus mon bras droit me fait super mal et je n’arrive plus à le plier. Les policiers de permanence s’inquiètent et se décident enfin, eux, à appeler le SAMU.

Celui-ci interviendra à 13h15. Les gens du SAMU prennent ma tension, mon pouls, m’aident à calmer mon coeur et mon souffle avant de repartir en me disant que le coup au plexus et le stress de l’arrestation sont la cause de mon malaise cardiaque...

14h00 : je reviens sur le banc, en plus de mon camarade d’infortune du fourgon, une jeune fille (passagère de la voiture) est présente mais non-menotée, ainsi qu’un autre jeune homme pas mal abîmé, lui...

14h15 : Nous voyons passer un OPJ et lui demandons les motifs de nos arrestations, qui ne nous avaient toujours pas été signifiés. Pour moi se sera : "Rebellion et violences volontaires envers les forces de l’ordre."

Ensuite :. Passage du médecin qui me regarde rapidement, puis retour au banc. Passage de BACeux pour enfin enlever les menottes du premier interpellé (ça fait quand même deux bonnes heures qu’il a ces menottes hyper serrées). Insultes de la part des BACeux quand ce dernier demande à "au moins un peu de politesse" puis coups et étranglement... sous l’oeil des caméras intérieures de l’hôtel de police.

Ils me demandent si je désire qu’ils joignent mon avocat et ma famille. Je réponds par l’affirmative et leur donne les numéros et noms. Ils préviendront ma femme à 14h45 en lui disant que "tout va bien".

Fouille, et zou, en cellule... Je roupille un peu, essayant un peu de récupérer avant la suite...

On m’emmène voir l’OPJ, et début de l’interrogatoire ... Evidement aucun des BACeux qui m’ont arrêté ne sont présents ... Un dossier global est ouvert pour parait-il des "dégradations", des "rebellions" et des "violences envers les forces de l’ordre".

La paperasserie commence, nom, prénom, descendance, ascendance, possession, employeur ... Ce à quoi je réponds de mauvaise grâce.

Je lui indique que je suis syndicaliste et qu’au moment où ils m’ont sauté dessus, je portais notre drapeau haut et fier ! Il est impossible que même les BACeux ne l’ai pas vu !

Et alors moi, dans ce dossier fourre-tout, je suis censé avoir empêché l’arrestation du premier interpellé, alors qu’il a été interpellé avant moi et à 30 bons mètres de ma position...

Ah ! Et j’apprends que je me suis rebellé car je ne me serais "pas laissé faire" lors de cette arrestation musclée...

Ce à quoi je répond que n’ayant pas eu le temps de comprendre que mes agresseurs n’étaient pas des agresseurs mais les "forces de l’ordre" elles-mêmes, je ne pouvais pas me trouver en situation de rebellion ! D’autant qu’ils ne s’étaient pas présentés comme tels et qu’aucune sommation ni avertissement quelconque aurait pu laisser penser un seul instant que ces trois gaillards patibulaires et agressifs auraient pu être ... des policiers !!!

L’OPJ est perplexe et continue sur le deuxième chef d’inculpation : ’Violences volontaires sur les forces de l’ordre’.

Là, il me déclare que j’aurais donné des coups de pieds à des agents ! Evidement, avec mon gabarit d’allumette, et 6 mecs sur le dos, j’ai dû avoir beaucoup de possibilités de leur faire mal... Je lui demande s’ils ont été blessés, en relevant mes manches et en lui montrant les coups de tonfas que j’ai pris sur le bras droit, dont un énorme hématome de 8x6cm sur l’avant bras... en dessous d’un bracelet en cuir : imaginez comment ils ont dû taper fort !

Il passe à la suite et commence à m’interroger sur le premier interpellé : pas de chances, je ne l’avais même pas vu dans la manif et ne le connaissais pas non plus d’avant ! Son interrogatoire laisse transparaître que c’est lui qu’ils voulaient arrêter en particulier et que, nous autres, nous ne sommes que des ’’dégâts collatéraux’’ ... De nombreux témoins ayant entendu les conversations des forces de l’ordre avant leur charge brutale confirmeront cela par la suite.

Voilà... ce fut vite fait... Il me demande mes empreintes et un prèlévement ADN, tout en ayant l’air de connaître ma réponse ... Que je lui confirme : Non.

Il me fait signer le PV.

Je demande une copie : on me la refuse ! Il faut que ce soit mon avocat qui leur demande... La prochaine fois, je ne signe pas si ils ne me donnent pas une copie avant !

Et retour en cellule... on me précise que mon avocat passera me voir. Quelques temps plus tard, un policier vient me chercher en m’emmène dans une petite salle voir mon avocat, Maître Girault. On se retrouve dans une petite pièce, il prend de mes nouvelles, s’inquiète de mon état de santé et me donne les conseils pour la suite, en me disant que je devrais sortir dans pas trop longtemps.

Ben, franchement, première fois que je suis content de voir un avocat ;) Un premier mai en plus, et alors, qu’il ne me connaissait pas auparavant !

Retour en cellule ... le temps commence à se faire long, j’ai toujours mal au bras droit et ne peux pas le plier, en plus il fais un froid de canard dans leur cellule et j’ai rien avalé depuis hier soir à part un café ce matin, rapido, et une demi-canette à midi ...

Fin de compte, à 19h45 ils me relâchent, bon dernier ! Et ils s’impatientent quand je mets un peu de temps pour récupérer tous les objets de ma fouille... Essayez de remettre vos possessions en ordre avec un seul bras : le gauche ! et vous comprendrez...

Des camarades CNT sont là pour m’accueillir ainsi que d’autres personnes qui nous avaient déjà croisé. Ils ont fait le pied de grue devant l’hôtel de police toute l’après midi ! Merci encore à eux, ca fait du bien !

On trace chez un camarade sous l’insistance des policiers qui veulent nous voir déguerpir au plus vite...

On contacte un médecin qui veut bien se déplacer pour m’ausculter. On s’installe tranquillement dans un coin et il remplit ses feuilles d’ordonnances avec la liste des traumatismes physiques que je présente : hématomes, plaies, éraflures ... au total, 6 pages de constat médical !

Voilà ce que fut MON premier mai...

Comble du bonheur, je tombe plus tard, sur un article du Dauphiné Libéré titré : "Quand les casseurs cassent l’ambiance !" Visiblement ils ont repris à l’identique le communiqué du commisaire qu’ils citent. "trois hommes ont été identifiés comme étant des casseurs" : Pourtant un seul interpellé a vu cette accusation retenue contre lui, et pas moi !

Vous avez dit "journalisme", au DauBé ? Diffamation ? Ou servilité ? »
Rox

Ces faits sont gravissimes dans une "démocratie", et pourtant on ne peut s’empêcher d’être un peu soulagés : notre copain est vivant, et encore en état de marcher. Sommes-nous en 2009 en France, ou en 1933 en Italie ou en Allemagne ??? On ne sait plus... on s’habitue, c’est tout !

On s’habitue à vivre dans un régime où la police peut mentir presque impunément, où les droits de l’homme sont de plus en plus régulièrement foulés aux pieds, et où une justice de classe a remplacé la présomption d’innocence par une "présomption de culpabilité". Les "sans-papiers" sont enfermés dans des camps, comme avant la seconde guerre mondiale pour les républicains d’Espagne ; être jeune est suspect aux yeux des gouvernants, les syndicalistes sont arrêtés, et les vrais voyous laissés en liberté. Les jeunes sont trop souvent victimes d’une justice d’abattage, avec les dérives des comparutions immédiates, tandis que les vieux politicards soupçonnés de corruption sont jugés 10 ou 15 ans après les faits, une fois les témoins morts et enterrés, comme pour Pasqua ou Chirac ! Faut-il penser que certains policiers ajoutent la lâcheté à la forfaiture, en préférant arrêter des innocents pacifiques que des "présumés coupables" qui pourraient eux se rebeller pour de vrai ?

Aux états-unis, fortement touchés par ces dérives totalitaires sous le gouvernement Bush, une organisation citoyenne s’est crée, Cop-Watch, pour surveiller les forces "de l’ordre" et filmer leurs dérapages. Faudra t’il en faire autant pour retrouver une police au service des citoyen-ne-s ?

Désormais, VOUS êtes suspect. Suspect de ne pas accepter sans broncher cet "ordre" criminel et destructeur des libertés, de notre humanité, et de notre planète. Désormais, vos communications seront interceptés en dehors de toute autorité judiciaire (loi Hadopi, fichiers Edvige et Cristina), votre ADN sera fiché, et ce qui reste de vos droits revendus au plus offrant. La seule question encore en suspens, c’est : et VOUS ? quand viendront-ils vous arrêter ? Inutile de demander pourquoi VOUS serez arrêtés : ils trouveront...

Proposer un complément d'info

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Publiez !

Comment publier sur Rebellyon.info?

Rebellyon.info n’est pas un collectif de rédaction, c’est un outil qui permet la publication d’articles que vous proposez. La proposition d’article se fait à travers l’interface privée du site. Quelques infos rapides pour comprendre comment être publié !
Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à nous le faire savoir
via le mail contact [at] rebellyon.info