Condamnés à suer pour un patron ou à se débrouiller avec des bouts de
ficelle, à survivre dans des quartiers organisés selon les besoins de
l’économie et de la police, à gober des heures entières les leçons d’un
prof sans broncher, à se justifier devant l’assistante sociale pour
quelques miettes, à livrer son corps aux blouses blanches, il y a toujours
quelque chose de jouissif à attaquer ce qui nous oppresse et à savoir
qu’on n’est pas seul. Que des ouvriers saccagent le siège d’une
entreprise, que des mômes se révoltent contre leur maître ou que des
sans-papiers incendient un centre de rétention, montre que la
conflictualité n’est pas prête de s’éteindre.
Contrairement à ce qu’affirment les politiciens de tous poils à propos de
la « crise » mondiale, l’Etat n’est pas séparé du Capital : ce sont les
deux sales gueules d’un même système. Non seulement l’Etat garantit la
pacification armée, mais il assure aussi des fonctions essentielles au bon
fonctionnement d’un rapport social basé sur l’exploitation et le contrôle
qui va avec. Comme il est vain d’humaniser la torture et l’incarcération,
la seule réforme possible de toute domination ne peut être que sa
destruction.
La prison n’est pas un monstre lointain, tapi derrière de hauts murs et
des miradors. Non seulement elle engloutit toujours plus de personnes,
mais elle est déjà dans nos vies. C’est la menace permanente qui plane
au-dessus de la tête de celles et de ceux qui refusent l’ordre de ce
monde. De gré ou de force, on voudrait nous faire accepter de rester
confinés dans les cages qui nous sont imposées. Car la prison sociale
enferme, contrôle et gère les corps et les esprits, de l’école au turbin ;
des frontières palpables lors de la moindre rafle au quadrillage policier
; de la camisole chimique aux gardiens de la religion et de la morale. En
instillant la peur d’un enfermement plus effroyable encore, il s’agit de
nous garder tous prisonniers d’une société où l’atomisation et la
privation de liberté sont une des nécessités du règne de la marchandise.
Depuis plus d’un an en France, nombreux sont ceux qui se retrouvent
enfermés et inculpés d’ « association à but terroriste », dont l’objet
serait notamment « la haine de l’Etat, du capitalisme et de ses appareils
». Le dernier exemple en date étant trois camarades de Chambéry incarcérés
au prétexte de l’explosion accidentelle d’un engin artisanal. Plus
largement, le pouvoir tente d’effrayer tous ceux qui ne baissent pas la
tête, qui décident de renvoyer un peu de la violence qu’on nous fait tous
subir au quotidien, qui luttent sans médiation et hors du cadre
institutionnel (des émeutes dans les cités aux révoltes dans les centres
de rétention). Peu importe qu’ils soient « coupables » ou « innocents » - laissons ces catégories à l’ennemi -, le pouvoir n’arrivera jamais à
briser un certain rêve de liberté ancré dans les cœurs et les tripes, ni à
endiguer la lutte sans concession contre ce système de guerre,
d’oppression et de misère.
Parce que ces affaires ne sont que des exemples parmi d’autres d’un
serrage de vis qui se généralise, parce que la solidarité active est aussi
une occasion d’échanger et de partager notre rage pour s’en prendre à ce
qui exploite et enferme, nous appelons à deux semaines de solidarité
internationale avec tous les incarcérés de la guerre sociale, du 15 au 28
juin 2009. Que chacun, de la manière qu’il jugera la plus opportune (des
manifs aux occupations, des blocages de l’économie aux sabotages des
intérêts de l’Etat et du Capital, des tags aux banderoles, des feux
d’artifice aux fumigènes,…), exprime son antagonisme contre toutes les
formes de l’écrasement quotidien.
Attaquons tout ce qui nous détruit, Feu à toutes les cages
solid(arobase)riseup.net}
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