Nucléaire, terrorisme d’Etat !

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Appel libertaire pour une sortie immédiate du nucléaire !
Manifestation anti-nucléaire le 15 octobre devant la centrale nucléaire du Bugey

Le nucléaire est un étatisme

L’État-Nation, sous le prétexte d’indépendance énergétique, a imposé cette solution de production d’électricité dans les années 70. Il n’y a pas eu de débat démocratique et la violence de la Raison d’État a balayé les révoltes nées de cet arbitraire. Cet arbitraire d’État a deux aspects : militaire et civil.
Pour le nucléaire militaire, l’inscription de la « nation France » dans le champ de la « dissuasion » témoigne de son agressivité foncière vis-à-vis des autres nations, une attitude séculaire de militarisme et d’impérialisme colonial que le simple humanisme déplore, quand l’internationalisme doit le combattre résolument.

À cette agressivité militaire répond l’outrance de l’équipement civil, avec 58 réacteurs nucléaires produisant plus des 3/4 de l’électricité en France (un taux unique en Europe et dans le monde). L’État possède également la mainmise sur le marché britannique (British Energy), 4 réacteurs en Allemagne (EnBW), et 7 réacteurs en Belgique (Electrabel, filiale de GDF). Nous pouvons donc parler ici d’un projet étatique dépassant largement le cadre de l’autosuffisance énergétique pour apparaître plutôt comme un instrument d’extension de l’influence de l’État.

_Deuxième appendice de l’étatisme, le Secret d’État, ou Mensonge d’État, est à l’œuvre en la matière : soi-disant garant de la sûreté des dispositifs techniques, l’État créera donc de l’insécurité dans la ruelle de banlieue et de la sécurité dans les centrales nucléaires (La manipulation des sentiments et des émotions est utilisée pour contrôler la population, vers les fins voulues par l’État). Le secret d’État couvre ses crimes : contamination des ouvriers dans le désert algérien, accidents répétés dans les centrales, assassinat du Rainbow Warrior... Par ailleurs, la logique de la Raison d’État permet de s’acoquiner avec les tyrans les plus sanguinaires (le Shah, Saddam Hussein, l’Afrique du Sud au temps de l’Apartheid, Kadhafi,...).

Le nucléaire est un capitalisme

Avec notamment ces deux mastodontes que sont EDF et AREVA, le nucléaire constitue un exemple important du capitalisme, avec toutes les caractéristiques afférentes : utilisation vorace et destructrice de biens publics gratuits tels que l’eau et l’air, exposition des salarié-es à des conditions de travail dangereuses, incapacité foncière à envisager les risques pour la population ou les générations futures. Nous avons là un résumé des tares du capitalisme. Sur la question des biens publics, cette industrie a pour caractéristique de ne pas payer les coûts réels de sa production en profitant à outrance des biens publics et en amassant une dette en termes de coûts de pollutions qu’il souhaite faire payer aux générations futures. Ce transfert du coût donne l’illusion aux générations présentes que cette technique de production d’énergie est valable et moins coûteuse.

Autre caractéristique du capitalisme : son absolue cécité face à la nécessité éthique et à la corruption politique qui en découle. L’exploitation de l’uranium par Areva à Arlit et Akouta au Niger ou encore au Kaszkthan produit des dommages écologiques considérables sans même de réels retours économiques pour les populations concernées. Cela constitue par ailleurs une caricature du post colonialisme de la France.

Le nucléaire est un scientisme

Nous appelons scientisme la confusion opérée entre le progrès humain et le progrès technique, ou plus précisément l’identification de ces deux progrès. Le scientisme a une conséquence politique : ses tenants refusent que les scientifiques répondent de leurs actes devant la communauté, au non de l’expertise, qui ne pourrait obéir à l’ignorance. Le nucléaire répond parfaitement à ce schéma, avec un lobby de scientifiques (CEA : Commissariat à l’énergie atomique, EDF...) qui obtient l’oreille de l’État et impose ses vues sans qu’une quelconque consultation de la population ait lieu. Il faut donc ici rappeler qu’il n’existe pas d’élite pouvant se permettre de confisquer le débat politique, quelles que soient ses compétences (scientifiques, militaires, oratoires...). La science permet le progrès technique (ce n’est pas uniquement son objet), mais doit de ce point de vue répondre démocratiquement de ses avancées.

Face à la catastrophe se pose la question d’un optimisme forcené basé sur les possibilités de la technique. Celle-ci pourrait en effet tout résoudre et garantir à la communauté des hommes une énergie infinie et une sûreté face aux phénomènes naturels. Nous pouvons considérer à juste titre que la conjonction des catastrophes naturelles et nucléaire balaye l’optimisme forcené de ceux qui croient que la technique peut tout résoudre.
Le scientisme s’accompagne généralement d’un total mépris du bon sens. Que penser en effet de la catastrophe de Fukushima au Japon, où l’on a construit des centrales nucléaires « sur un volcan ». Quel échec en tout cas de l’entendement humain et de la raison, au non de la rationalité et de la Science.

Le nucléaire est un élément particulièrement probant de la nocivité du Contrat Social

Le Contrat social, ou pacte social est une théorie (fiction) politique qui considère que les individus, à un moment donné de leur histoire, ont passé un pacte mutuel et transféré leur souveraineté à l’État, afin de gagner plus de liberté, en tant que groupe et en tant qu’individus isolés face à la nature.
Cette théorie (fiction) est présentée comme une idée progressiste, ancrée dans la philosophie des Lumières. Cependant, Le contrat social est plutôt à considérer comme une justification laïcisée de l’existence de l’État et de la souveraineté nationale. Les révolutionnaires de 1791 sont les tenants de l’État central, détenteur d’une souveraineté nationale transcendante par rapport aux individus. L’obligation faite aux générations futures de gérer les déchets nucléaires, cette servitude imposée est l’expression parfaite de l’arbitraire des décisions « démocratiques » reposant sur un prétendu contrat social. Ces personnes à naître sont déjà liées, parce que les générations antérieures considèrent qu’elles doivent se soumettre aux décisions antérieures justifiées par la souveraineté nationale.

Nous ne pouvons que refuser ce « serf-arbitre », en reprenant les arguments de Thomas Paine en 1791 : « Chaque âge et génération doit être aussi libre d’agir pour lui-même dans tous les cas que les générations qui l’ont précédé. La vanité et la présomption de gouverner depuis la tombe est la plus ridicule et la plus insolente de toutes les tyrannies. L’homme n’à aucune propriété sur l’homme, pas plus qu’aucune génération n’a de propriété sur celles qui suivent. ».

Conclusion : éthique et sobriété énergétique doit être au cœur du projet politique anarchiste !

L’anarchisme n’asservit pas les moyens aux fins : il doit subordonner l’action à la réflexion éthique. De ce point de vue, il n’apparaît pas possible de défendre un projet nucléariste, expression de la raison d’État, capitaliste et scientiste, subordonnant les moyens d’actions aux fins envisagées. La collectivité ne peut envisager de produire une électricité qui empêcherait de manière irréversible les générations à venir de choisir elles-mêmes leur propre destin. Et cela simplement parce qu’elle n’en n’a pas le droit. Non pas le droit bourgeois, mais l’impératif moral créé par le souci de ne pas imposer la souveraineté des vivants à celle des hommes à naître. Aussi faut-il certainement envisager une économie moins gourmande en électricité, et cela est notre problème, qui est d’ailleurs plus une question de sobriété que de survie.

Contrairement à ce qu’on nous répète sans arrêt, la sortie immédiate du nucléaire est possible et n’est en réalité qu’un choix politique.
L’alternative que représentent les énergies dites « douces » et non polluantes doit être l’axe privilégié des politiques énergétiques. Cela passe aussi par des économies d’énergie, à l’échelle individuelle et industrielle.
Sur le plan environnemental, tout doit être fait pour répondre à la demande de consommation des ménages et, parallèlement, une sensibilisation constante doit être mise en œuvre pour arriver à baisser les seuils de consommation et donc les gaspillages.

Mais il faut surtout repenser le système économique dans son ensemble et sortir à la fois du nucléaire et d’un modèle de société capitaliste basé sur le gaspillage des ressources et la croissance à tout prix.

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