3e SlutWalk (marche des salopes) à Lyon samedi 28 septembre

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En 2011, un policier canadien avait avancé l’idée, pour faire baisser le nombre de viols, que « les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes. » De quoi provoquer la colère des féministes, qui décidèrent de manifester, habillées comme elles l’entendaient. Et les messages des organisatrices de ce mouvement sont clairs : « Plus d’insultes ou d’insinuations nauséabondes. Nous devons lutter contre le sexisme et les clichés liés au viol ! La honte doit changer de camp ! "Non" signifie "Non" ! »

Où et quand à Lyon ?

RDV 14h, samedi 28 septembre, Place Guichard. Le trajet empruntera ensuite la rue Vendome, le cours Gambetta, le pont de la Guillotière, la rue de la barre, la rue du Pdt Herriot, la place des terreaux, la rue d’Algérie, le pont de la feuillée, la place St Paul, la rue St Jean, la place St Jean, le pont Bonaparte, la rue St Exupéry, pour terminer place Bellecour.

Qu’est-ce que la Slutwalk ?

Il s’agit d’une manifestation née à Toronto, au Canada.
Son objectif est de déculpabiliser les victimes de viol, de dénoncer le "slutshaming", c’est à dire le fait de rendre coupables les femmes de leur habillement, de leur liberté ("shame" : honte, en anglais)...qui serait, selon les slutshameurs, cause de ce qui leur est arrivé (tu étais bourrée en boîte à 5h du mat’, t’as été violée, c’est ta faute ; tu étais habillée sexy, un homme t’as violée, c’est ta faute ; tu ressembles, selon les critères dominants, à un vieux boudin, et un homme t’as violée, bah c’est bien sûr ta faute t’avais qu’ pas ressembler à un vieux boudin selon les critères dominants...).

Origine

En 2011, un policier canadien avait avancé l’idée, pour faire baisser le nombre de viols, que « les femmes devraient éviter de s’habiller comme des salopes. » De quoi provoquer la colère des féministes, qui décidèrent de manifester, habillées comme elles l’entendaient. Et les messages des organisatrices de ce mouvement sont clairs : « Plus d’insultes ou d’insinuations nauséabondes. Nous devons lutter contre le sexisme et les clichés liés au viol ! La honte doit changer de camp ! "Non" signifie "Non" ! », peut-on lire sur le Tumblr de SlutWalk France, qui précise qu’il est « urgent » d’agir : « Chaque jour, dans notre pays, 206 personnes sont violées. » Or, rappelle le mouvement, « 90% des victimes ne portent pas plainte contre leur agresseur ! » Il faut donc que la culpabilité change de camp.

En France

Les organisateurs.trices ont une action visant et à dénoncer le slutshaming par une présence de rue affirmée (via un dress code prenant les détracteurs.trices au mot : en étant ensemble habillé.e.s, si on en a envie, "comme des salopes", pour affirmer notre droit à nous habiller ainsi sans subir des violences), et aussi, explicitement, à mobiliser les institutions existantes, à savoir l’Etat : ils.elles réclament des centres d’accueil d’urgence départementaux, des bracelets électroniques pour rendre repérables les personnes déjà connues comme auteures de violences sexuelles, des téléphones d’urgence remis aux victimes, un observatoire des violences sexuelles et des cours d’éducation sexuelle et de prévention afin que les mineurs connaissent leurs droits.

Sur ces questions, les libertaires ne peuvent être que partagés : contre la prison et le sécuritaire...mais aussi contre les violences des dominants.
Certain.e.s d’entre nous sont allé.e.s à la slutwalk parce qu’il y a la deuxième partie de la phrase, et y retourneront.
D’autres n’y sont pas allé.e.s, et n’iront pas, parce qu’il y a la première partie de la phrase.

Mais peut-être cette 3e slutwalk peut-elle être un moment pour initier une interrogation collective, justement, pour nous libertaires, sur comment nous voulons participer, nous, à dénoncer cette violence insupportable-là, qui s’inscrit dans un système de domination que nous combattons : le patriarcat. Violence qui, dans les média dominants, est simplement classée dans la rubrique "faits divers", juste à côté des chiens écrasés.
Une femme violée, c’est un chien écrasé ?

Si on lit attentivement l’ouvrage clef de Léo Thiers Vidal sur la domination masculine, on comprendra que oui.

Mais pour chaque personne genrée au féminin, savoir que faire son jogging peut valoir d’être assassinée ou violée par haine envers ce trop de liberté, qui fait mauvais genre, n’a rien du fait divers. Il s’agit d’un vécu quotidien qui peut s’avérer aussi oppressant, et omniprésent, et envahissant, que celui de potentielle victime de violence pour des raisons de racisme.

En tant que libertaires, nous avons alors à poser, collectivement, la question de la morsure qu’il faut infliger au patriarcat, collectivement, et avec un réel apport réflexif sur comment on peut contribuer au respect et à l’égalité du à chaque personne humaine, quel que soit son genre.

Est-ce que des bracelets électroniques posés par l’Etat sont une solution selon nous ? Est-ce qu’il faut exiger des séances d’éducation et de prévention des violences sexuelles à l’école, à la télé... ? Les hébergements d’urgence doivent-ils, ou non, attendre la révolution ? Est-ce qu’il faut s’abstenir de mobilisation lors de la slutwalk, en tant que libertaires, ou bien affirmer et construire nos propositions à nous à l’occasion de cette marche, puis tout au long de l’année ?

N’oublions pas que le fichage ADN n’a à priori pas fait diminuer le nombre de viols, et a plutôt servi dans les faits des objectifs moins avouables (fichage de militant.e.s, de José Bové aux 5 de Roanne en passant par tou.te.s les camarades resté.e.s anonymes)...mais aussi qu’il existe un besoin de justice pour les personnes qui ont du subir des violences sexuelles, auquel, à ce jour, ni la Justice bourgeoise et patriarcale actuelle, ni notre propre projet de société, ne sait apporter de réponses.

Le défi qui nous est posé, en tant que libertaires, est peut-être celui de penser une justice sans répression. Et, dès maintenant, de nous emparer dans la rue de ces questions dont nous devons refuser qu’elles restent, encore, des « faits divers individuels ».

Chiche ?

Zora la rousse

P.-S.

En PJ, le tract d’appel à la slutwalk Lyon 2013

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samedi 28 septembre 2013

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