A Lyon 2, tu déranges, tu dégages ! Ne laissons pas faire !

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Texte et pétition de soutien à une étudiante de Lyon 2.

Nous avons été informés de faits que nous considérons comme extrêmement graves, concernant une étudiante en anthropologie, Sophie. Sanctionné par un 18 l’année dernière, son travail de recherche dans le cadre de son mémoire de Master a été primé par la CNAF (http://www.caf.fr/web/WebCnaf.nsf/VueLien/LAUREATS?opendocument). Souhaitant approfondir son projet de recherche, elle a demandé à accéder au Doctorat et à candidater au financement de son projet de thèse, intitulé L’inceste : entre impunité et luttes pour la reconnaissance".

Dans le contexte d’une dégradation du climat, qui se généralise au sein des laboratoires, elle s’est dès lors heurtée à un véritable processus d’éviction, marqué par la banalisation des abus de pouvoir. Ce contexte et ces pratiques sont favorisés par les réformes Pécresse.

Utilisant alors le mail pour faire connaître sa situation, elle a vu son adresse mail personnelle censurée par les services de Lyon 2 depuis le 23 septembre 2010, sans autres explications.

Enfin, le président de l’université Lyon 2, par un arrêté du 23 novembre 2010, puis du 3 janvier 2011, a choisi d’entériner et d’aggraver cette éviction, qualifiant la volonté de cette étudiante de faire valoir ses droits de « harcèlement », et lui interdisant l’accès à l’ensemble des campus de Lyon 2 (BU incluses) jusqu’au verdict final de la plainte qu’il a déposée contre elle le 22 décembre.
A aucun moment, l’institution ne s’est souciée d’entendre sa version de ce qui se passait.

C’est pourquoi aujourd’hui, nous, signataires de cette pétition, demandons :

- A l’institution et à ses représentant.e.s (notamment : direction et conseil du laboratoire d’anthropologie, présidence de Lyon 2), de bien vouloir s’enquérir de ce qui se passe réellement autour de cette affaire, qui dépasse, manifestement, de loin le tolérable en matière de relations humaines au sein de l’université.
Puis de prendre les mesures concrètes nécessaires afin de restaurer l’équité de traitement des candidat.e.s à une entrée en thèse, dont Sophie Perrin fait pleinement partie ;

- la levée immédiate des poursuites pénales contre Sophie Perrin et, de façon plus générale, le retour à une gestion plus pondérée des problèmes rencontrés dans l’université ;

- l’annulation immédiate des arrêtés lui interdisant l’accès aux campus de Lyon 2 ;

- l’arrêt immédiat de toutes mesures intempestives de filtrage ou interception des courriels envoyés sur les adresses mail hébergées par le serveur de l’université Lyon 2, ces mesures étant de surcroît illégales.

Pétition soutenue par : FSE, Solidaires 69, UPC, LDH Rhône, VP Partisan Lyon

Signatures ici : http://9846.lapetition.be/

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  • Le 20 août 2011 à 22:56, par Sophie

    Réponse à Bernard, par Sophie Perrin.

    On a les fondements politiques qu’on peut, camarade.
    Le fait d’argumenter autour du « elle a eu 18 à son mémoire » (en l’occurrence, j’ai eu ce 18), ce n’est pas pour promouvoir l’élitisme. C’est parce que les candidatures aux financements doctoraux (existants en quantité très restreinte), sont traditionnellement l’objet d’un concours, comme c’est la règle la moins pire dans la fonction publique pour éviter les passe droit, le clientélisme, etc. On appelle ça « le mérite ». Le problème camarade, c’est que dans l’université aujourd’hui, si on s’assied sur cette règle, la seule qui va rester, c’est le piston. Le mérite, lui, a au moins le mérite d’être discriminatoire sur des compétences, des savoir faire à peu près évalués. Le piston, lui, discrimine sur la tête du client, et en général sur son aptitude à faire la serpillère et à être corvéable. Donc on a fait le choix dans cette pétition de mettre le mérite en relief. C’est pas la révolution, c’est clair. Mais ton argumentaire là dessus c’est un peu comme dire « le salariat, on est contre, donc cette pétition pour le maintien de l’existence du SMIC, je la signerai jamais ». Le SMIC, c’est merdique, mais heureusement que ça existe, malgré tout, hélas.
    Après, le problème de fond, de toute façon, il est pour moi que le doctorat c’est censé etre du bénévolat, comme si ce n’était pas un travail.
    Alors moi je soutiens à fond les revendications de rémunération pour chaque doctorat entrepris (je suis déjà la première à gueuler que les stages gratos en licence ou master pour « nous aider dans notre insertion professionnelle », c’est nous formater à accepter l’idée que notre travail n’a qu’une valeur minable et qu’on devrait s’esstimer heureux de pouvoir bosser même gratos).
    Sauf que actuellement, il n’existe quasiment rien de collectif, structuré, parmi les doctorant.e.s, pour revendiquer ça. Alors je fais quoi ? Je tire tout le monde à bout de bras, à moi toute seule, pour obtenir ce qui doit l’être ? Ou j’essaie déjà de limiter la casse en me défendant « moi », et, à travers « moi », l’ensemble des postulant.e.s au doctorat qui ont eu droit au même type de mauvais traitements que moi, et ne sont donc pas en doctorat aujourd’hui ? On m’a souvent reproché, dans l’université, ceci : « vous êtes la première à vous plaindre ainsi ! », « d’habitude, les gens ne disent rien ».
    Je me bats pas seulement pour moi, je me bats pour faire reculer le mandarinat et la sélection à la tête du client. Désolée si je me bats mal, désolée si je suis coupable que les autres doctorant.e.s autour de moi ne m’ont pas suivi.e.s parce qu’ils ont PEUR et préfèrent se taire. Désolée si j’ai échoué à transformer le « cas individuel » en élément d’une lutte collective pour avancer sur le statut de doctorant de façon plus générale au moins à Lyon 2. Désolée, mais je peux pas bouger à la place des autres. Pourtant, si j’avais pu, je l’aurais fait.
    A chaque fois, au sein de l’université, que j’ai évoqué l’aspect « collectif » de ma situation, j’ai été renvoyée au fait que j’étais juste un « cas individuel ».
    Et quand on propose une motion commune FSE - CE en conseil universitaire, où dans la rédaction, j’ai maintenu la « montée en généralité » à partir de mon cas, pour évoquer les questions que CE cas pose sur le traitement de TOU.TE.S les postulant.e.s au doctorat (pas seulement de ceux.celles qui ont eu 18 - mon 18 est une arme dans le système universitaire car j’ai en effet la chance, ainsi, de pouvoir montrer de façon caricaturale comment il gâche les potentialités des gens, alors qu’un.e étudiant.e qui aurait eu 12 n’aurait hélas eu aucun crédit d’emblée dans ce monde là). Eh bien quand on propose cette motion au conseil, le président du conseil refuse de la mettre au vote, au motif que « Sophie Perrin a proféré des menaces de mort envers des enseignants chercheurs de Lyon 2 », ce qui est faux mais qu’importe, le but c’est qu’on ne parle pas du fond (= l’accès en doctorat, les conditions arbitraires d’accès ou de refus en doctorat, sans aucune garantie réelle pour les étudiant.e.s). Mais ça, sur le site de rebellyon, tu ne le lis pas Bernard, parce que du coup, cette motion, ben elle est simplement aux oubliettes de l’histoire.
    Et je précise que j’ai fait maintenir cette montée en généralité, malgré que plusieurs syndicalistes étudiant.e.s me disaient que « ça allait faire peur », et que donc mieux valait en rester à mon cas individuel, pour obtenir qu’il fasse « jurisprudence ».

    Autre chose sur le doctorat et son financement, que personne ne dénonce : quand on entre en doctorat, si on était boursier.e sur critères sociaux, on perd sa bourse car le doctorat, ce n’est pas considéré comme du travail de chercheur.euse débutant.e qui mérite salaire ... mais ce n’est plus non plus considéré comme une formation qui ouvre droit aux bourses sur critères sociaux !!!

    Enfin, pour te répondre sur l’élitisme, autre volet : je fais partie des gens qui n’auraient jamais pu imaginer faire une thèse lors de leurs premières études. Parce que financer 8 ans d’études, comment tu fais quand tu dois partir de chez tes parents à 18 ans pour sauver ta peau psychique de leur violence que tu subis depuis toute petite ?

    Donc j’ai tenté ça en reprise d’études, plus tard... mais nous les gens en reprise d’études, on n’est pas intéressants pour l’élitisme universitaire, en particulier depuis les réformes Pécresse : on n’est pas assez jeunes pour faire de la bonne chair fraiche à pressurer, etc, etc, etc. Plusieurs personnes ont été refusées en thèse à Lyon 2 depuis 2009 dans ces cas de figure pour avoir voulu, qui profiter de leur retraite pour faire une thèse, qui présenter un projet « pas assez académique », etc.

    Ben moi, je suis désolée, mais l’université, c’est le peuple qui la finance (via ses impots), c’est le peuple qu’elle devrait servir, et pas quelques mandarin.e.s et leurs « héritier.e.s » à la tête du client.

    Y’aurait beaucoup de boulot à faire sur le sujet. Durant l’année passée, mon cas aurait pu servir de levier à ça, stratégiquement, par son aspect caricatural. Mais il n’y a eu personne en capacité, ou en volonté, de s’en saisir. J’ai toujours été remisée au « cas Sophie Perrin ». Alors que à chaque fois que j’ai continué à agir, j’ai pas oublié l’étudiante de ma promotion de master 2, qui elle est étrangère, primo étudiante, s’est fait lourder d’une manière très proche de moi le jour de sa soutenance de mémoire de master 2 (son directeur de mémoire lui a dit « au revoir », sans préavis, et c’est tout, alors qu’elle voulait continuer en thèse et qu’il pouvait diriger sa thèse). Ben elle, déjà, elle s’est tue, parce qu’elle n’était pas en position de se l’ouvrir : déjà, elle s’est retrouvée menacée d’être sans papiers, de devoir retourner dans le pays qu’elle a quitté depuis des années illico. Tout ça par la faute d’un anthropologue dillettante, qui méprise les étudiant.e.s qu’il encadre, dans l’impunité crasse permise par l’absence de tout DROIT pour les étudiant.e.s et doctorant.e.s.
    Et d’après ce que j’ai compris, c’est loin d’être une exception ... omerta sur les mauvais traitements à la fac, et cette conne de Sophie Perrin s’est crue légitime à la refuser. Ben du coup, elle a été isolée, on lui a dit de s’occuper de son cas particulier, mais c’est mal d’être un cas particulier, alors d’autres vont lui reprocher d’être devenue un cas particulier ...

    Au milieu de tout ça, le pot de terre que je suis reste quand même fier d’avoir fait chier le pot de fer.
    Même si je vais en payer le prix, toute seule comme une grande, parce que je suis coupable d’avoir dénoncé la situation qui m’était faite, et d’avoir essayé que ma dénonciation fasse tâche d’huile mais d’y avoir échoué parce que les autres étudiant.e.s et doctorant.e.s ont trop PEUR.

  • Le 28 juillet 2011 à 15:24, par bernard

    Je ne signerai jamais cette pétition, ni ne soutiendrai cette personne dans sa démarche, car les fondements politiques de son soutien sont très très éloignés de ce que je combats, et même de ce que Rebellyon, en tant que « plate-forme », se propose de combattre.

    Le problème n’est pas tant de défendre une personne en particulier. Bien sûr il peut avoir un sens politique, une solidarité possible, à partir d’un cas. Mais ici, au nom de quoi devrait-ton la défendre ? Ce que je lis est : Elle a eu 18, et son mémoire a été primé par la CNAF. En clair, c’est la meilleure (et on connait l’objectivité de la note... encore plus à l’université !), et son travail a été légitimé par une institution ! Il y aurait alors une discrimination à l’élitisme (comme le cas est présenté, je ne connais pas la réalité), ce qui n’est pas sans me déplaire...

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