Ain : une famille non-scolarisante menacée par l’Éducation nationale.

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Tom, onze ans, et Lilou, huit ans, ne vont pas à l’école.

Illes ne connaissent pas la menace des punitions, illes ne doivent pas rester assis-es six heures par jour, illes n’ont jamais été privé-es de récré, illes ne sont pas suspendu-es à une note pour savoir ce qu’illes vallent, on ne leur impose pas la société d’autres enfants sur le seul critère qu’ils sont nés la même année, on ne leur impose pas le silence plusieurs heures par jour, et ce qu’illes apprennent c’est ce qu’illes sont prêt-es à apprendre. En un mot, Tom et Lilou ne sont pas soumis-es à une institution disciplinaire.

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École obligatoire ?
En france, l’instruction est obligatoire, mais pas l’école. Cette vieille distinction, instaurée à l’époque de Jules Ferry pour que les familles les plus riches puissent faire éduquer leurs enfants par des précepteurs privés, a été retrouvée et détournée depuis les années 70 par certaines familles anti-autoritaires. Depuis, il y a toujours quelques centaines de familles qui épargnent à leurs enfants l’apprentissage de la discipline, de la peur, de la soumission.

Pendant quelques décennies, les autorités les ont regardées d’un œil méfiant, mais distant. Il semble que ça n’ait pas été un chantier prioritaire de la mise au pas des familles irrégulières. Et puis à la fin des années 90, sous prétexte de lutte contre les sectes, l’étau a commencé à se resserrer. Jusqu’alors, la loi ne demandait que quelques vagues contrôles dans le cas d’une instruction « dans la famille », et la plupart du temps ces contrôles n’avaient pas vraiment lieu. A partir de 1998, les contrôles ont été renforcés, en théorie et en pratique. Et si l’inspecteur de l’Éducation nationale n’est pas satisfait par les résultats, il peut sommer les parents d’inscrire leurs enfants à l’école, sous peine de six mois de prison et de 7500 euros d’amende.

« Ils n’interrogeront pas nos enfants ! »
Ah oui ! Mais pour Tom et Lilou, ça va être compliqué. Sylvie, leur mère, souligne : « On a notamment choisi de faire l’école à la maison pour que nos enfants ne soient pas mis en situation d’échec, pour qu’illes ne soient pas interrogés par un prof ou un inspecteur. ». Les tests standardisés pour les enfants des écoles sont de toute façon inadaptés à évaluer un savoir non-compartimenté, et acquis par ce que Sylvie et Régis appellent l’apprentissage informel. L’inspectrice de Bellegarde, qui était venue voir si Tom est Lilou savaient bien tout ce que la République impose de savoir à tel ou tel âge, est repartie sans avoir pu leur faire subir l’interro qu’elle avait dans ses cartons.

Dès lors, le litige porte sur le contenu exact de la loi qui stipule les modalités du contrôle. La loi rend obligatoire de contrôler la réalité de l’instruction. Une circulaire de l’Education nationale demande de contrôler des résultats, ce qui est tout différent. (En clair : à l’école, les profs donnent bien une instruction, ce qui n’empêche pas certain-es de leurs élèves d’avoir de très mauvais résultats). Mais en bonne logique républicaine, la circulaire ne concerne que l’éducation nationale, et n’a aucun pouvoir pour s’imposer à l’extérieur. Les familles déscolarisantes sont soumises à la loi, ni plus ni moins que tout un chacun, mais pas à la volonté arbitraire des bureaucrates du rectorat.

Tranquilles et inflexibles
« La loi est donc de notre côté », insiste Sylvie, avant d’ajouter : « Elle ne le serait pas qu’on ne céderait quand-même pas, d’ailleurs ». Parce que Sylvie et Régis (le père) sont animés d’une volonté tranquille et ferme. Si leurs choix sont légaux, tant mieux, c’est plus pratique, mais l’assurance de faire ce qui est juste est bien au-delà de la loi. « On ira jusqu’au bout, quoi qu’il advienne, jusqu’en prison s’il le faut. »

Et puis Sylvie insiste : « On n’a pas de leçon à recevoir de l’Éducation nationale. Pas avec les résultats qu’ils ont, eux. » Et quels résultats ! Une enquête de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme évalue à 9% la proportion des personnes de 18 à 65 ans, scolarisées en france, qui sont concernées par le par le problème de l’illettrisme. Sans parler de tout le reste : échec scolaire, violences, stress des enfants, discrimination, suicides, fichages, agressions des enseignants sur les enfants (eh oui, il y en a, bien moins médiatisées que les agressions inverses).

Pour en savoir plus :
La vidéo à voir en ligne, c’est ici.
L’interview de Sylvie et Régis, featuring Tom, sur Radio Canut, c’est ici.
Et le blog de Sylvie et quelques alliées, c’est .

Sylvie, dont le nom de famille est Martin Rodriguez, a aussi écrit un livre, Les 10 plus gros mensonges sur l’école à la maison, aux éditions Dangles

Et on peut toujours lire et relire le magnifique Insoumission à l’école obligatoire, de Catherine Baker, aux éditions tahin party.

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  • Le 3 mars 2011 à 19:09, par Didineadoree

    La question ici n’est pas d’être pour ou contre l’instruction en famille, mais le respect de la loi. L’EN doit vérifier que les enfants reçoivent une instruction. La loi ne demande pas que le niveau des enfants soit contrôlé afin de respecter le projet éducatif des parents et la progression choisie par eux. Il est normal que des citoyens qui remplissent leurs obligations légales exigent qu’on respecte la loi et leurs droits.

    Par ailleurs, de nombreuses études et publications sur l’instruction en famille et les apprentissages informels existent et il est nécessaire de les lire pour acquérir des connaissances et une véritable opinion sur le sujet. Ces études mettent en avant que pour des sujets tels que la sociabilisation, l’autonomie, la confiance en soi, l’acquisition de connaissances, la prise d’initiatives, la coopération, la transdisciplinarité ... c’est -malgré toutes les idées reçues- l’instruction en famille qui est la plus performante !
    Les enfant instruits en famille sont également très appréciés de leurs professeurs quand ils CHOISISSENT de faire des études, car ils sont très motivés et qu’ils ont l’habitude de s’intéresser en profondeur aux sujets qui les intéressent. Ils ont en outre une capacité naturelle à devenir des éléments moteurs et fédérateurs dans un groupe de travail ou des projets associatifs.

    D’autre part, des parents bienveillants qui sont présents pour accompagner leurs enfants dans la découverte du monde au sein de la société et pour les défendre des agressions extérieures inutiles font de leurs enfants des adultes très sociables, capables de faire des choix, à même de se défendre quand il le faut. La recherche neurologique et comportementale de ces trente dernières années le montre très clairement.
    Il y a malheureusement bien des préjugés sur cette nécessaire confrontation au monde pour devenir de vrais adultes. Pas besoin de parquer les enfants en vase clos dans un milieu réservé aux jeunes et encadré par les quelques modèles adultes présents ! Vivre dans la société en présence des modèles parentaux et en présence des personnes de tous âges qui composent cette société, c’est cela qui permet aux enfants de savoir comment devenir un adulte humain à 100% et de s’approprier des connaissances sur le monde, c’est une question de neurologie et d’anthropologie.

  • Le 3 mars 2011 à 10:45

    Bonjour !
    Bah moi je suis enseignant et je trouve certains propos vraiment déplacés. On est tous sur « rebellyon » donc je pense qu’on a certaines valeurs en commun tout de même et qu’il faut arrêter de prendre les profs pour les moutons de SAS Sarkozy ou autre.
    J’ai eu les messages pratiquement en temps réel mais je ne me replonge pas dedans. Vraiment je suis attristé de lire tes messages Adelwin. Tout ce que tu décris, c’est ce que je combats chaque jour dans ma classe.
    Bref, je ne m’attarde pas trop ici. De plus, chacun fait ses choix. Je respecte bien entendu. Mais arrêtons de cracher dans l’assiette du voisin.
    Et pour info :
    - on n’apprend pas en regardant sur internet ou en écoutant des explications
    - mon prof d’Histoire du lycée et mon prof de Philo de l’IUFM que mes « camarades » détestaient ouvertement sont pour moi (et encore plus à présent !) les meilleurs... Ils m’ont permis de développer mon esprit critique et je ne vois pas comment ceci aurait pu être possible en restant chez mes parents.

    xxx

  • Le 2 mars 2011 à 23:00, par Dim

    Je pence que la question ne ce situe pas au niveau du savoir. L’école nous apprend pas un métier ou des choses aussi bêtes que le calcul. Elle nous apprends les règles de la société. Mais pour moi l’analogie avec ce qui est dit s’arrête là. Effectivement, les idéaux (en France) véhiculé par la « philosophie des services publics » peuvent et ont en partie fondé une école à rebours de la politique actuelle et de ces 30, voire plus, dernières années. Croire « c’est de l’état alors c’est le reflet de l’état » est faux. Et heureusement ! C’est pourquoi on essaie de gardé les services publics.

    Alors non. Le principe de l’école n’est pas structurellement « mauvais » - au sens idéologique défendu ici -, bien au contraire. Il « suffit » de se donner les moyens qu’il n’en soit plus ainsi. C’est pourquoi il existe des profs qui se battent régulièrement. Il faut arrêter de confondre ce que peux être un système et ce qu’il est. La nuance est de taille.
    Cela n’exclut pas la liberté d’éducation parentale, au contraire ! Ces « modes de vies » permettent d’ouvrir de nouvel horizons idéologiques.

  • Le 2 mars 2011 à 04:50, par Adelwin

    J’étais malheureuse à l’école, mais c’était pas mieux chez moi.
    Pour moi, pas question de brûler l’école, qui pourvoit aux manquements parentaux dans certains cas ! Simplement, je n’y mets pas mes gamins, c’est tout.

    Sinon, Sylvie Martin-Rodriguez, qui est l’objet de l’article, a arrêté l’école à 16 ans.

    Cette question de la culture et du niveau d’étude des parents revient souvent et c’est une vraie question.

    Si on part du principe :
    1) que nous sommes tous capables d’apprendre, à tout âge
    2) que quand on ne sait pas, on va se renseigner, et éventuellement on passe la main à quelqu’un qui sait et peut expliquer...

    Alors il n’y a plus de problème.

    Ma fille aînée n’a que 7 ans et demi. Parfois elle pose des questions auxquelles je ne sais répondre avec précision, ou bien je me rends compte que mes connaissances sont plus qu’approximatives. Alors je vais sur internet, ou j’appelle une copine qui est plus calée sur le sujet.

    Tu écris : « En dehors des considérations pédagogiques, qui sont à mes yeux plus dépendantes des profs que de l’institution en général, »

    Non, les enseignants suivent un programme qui ne peut pas suivre les intérêts de l’enfant, et encore moins de tous les enfants, qui du coup sont obligé d’apprendre des tas de notions qui ne les intéressent pas, ou pas encore.

    Quand ma fille a appris à lire, elle appris à lire et à écrire. Les maths, les calculs, elle s’en fichait complètement.
    Elle commence à s’intéresser aux grands nombres, parce qu’ici, on utilise des francs pacifique et du coup, il lui faut manipuler des 1 000, 5 000... ce qui n’était pas le cas en France.
    Et ce qui l’a poussée à passer au delà du déchiffrage, c’est sa soif de comprendre comment ça fonctionne un volcan.
    Je me souviens du jour où j’ai acheté ce petit livre. On était en bagnole et elle ne pouvait pas attendre qu’on rentre à la maison. Elle l’a lu toute seule, d’une traite, et c’était la première fois que je la voyais accéder au sens de ce qu’elle lisait.

    Tout s’est passé en douceur, tu vois ?

    concernant le temps que les parents n’ont pas, je crois que c’est surtout le temps que les parents ne prennent pas. Notre choix d’IEF a eu des conséquences financières.
    Je connais des familles dont les revenus sont très faibles et qui font l’école-maison. Ce n’est pas une histoire de riche et de privilégiés. Ça, c’est ce qu’on veut faire croire. Parce que nous faire passer pour des privilégiés, ça permet de dire à la masse que c’est un truc de bourgeois, et surtout pas pour le peuple.

    Je ne sais pas si tu as écouté l’émission sur radio canut. Régis (le mari de Sylvie) y parle de leur choix de vie, en matière de travail.

  • Le 2 mars 2011 à 02:16

    Juste pour donner un autre son de cloche, je fais partie des gens pour qui l’école, tout aussi cruelle et arbitraire qu’elle soit, a été une partie de rigolade comparée à l’éducation parentale... En cela elle a constitué, pour moi, un espace de liberté et pour rien au monde je ne l’aurait troquée pour des cours à la maison.

    Cela étant, la question qui me taraude est d’ordre purement technique : à savoir que moi-même, avec un niveau d’étude élevé et une culture plutôt large, je ne saurais prétendre transmettre à mes enfants un savoir aussi large que celui prodigué, plus ou moins maladroitement je le concède, à l’école.

    En dehors des considérations pédagogiques, qui sont à mes yeux plus dépendantes des profs que de l’institution en général, quels sont ces parents qui prétendent en savoir autant, et surtout sur tous les sujets, qu’un corpus de professeurs formés à cela ?

    Une pensée aussi pour tous les parents qui n’ont pas le temps ou la culture nécessaire pour s’occuper eux-mêmes de l’éducation de leurs enfants.

  • Le 1er mars 2011 à 21:18, par Adelwin

    J’avoue que je rejette cette société, oui.
    En tout cas, je refuse de confier mes enfants à une institution violente par son fonctionnement :
    enfants enfermés toute la journée, obligation de demander l’autorisation pour satisfaire ses besoins fondamentaux (pisser, manger, dormir, s’aérer), obligation de supporter ses congénères quoi qu’il arrive, apprendre tous la même chose en même temps, quel que soit son intérêt, obligation de se lever tôt...
    ça, c’est la violence institutionnelle. Comment dire ensuite que l’école n’est pas violente ? Elle l’est intrinsèquement.
    Mais c’est vrai qu’en France, on confie nos enfants dès 3 mois à l’institution. Nos enfants sont élevés par l’état : crèches, garderies, écoles... Je pense que lorsqu’on a confié nos enfants si tôt en trouvant ça normal, comment peut-on ensuite s’indigner de l’enfermement inhérent à l’école ?

    Après, je n’ai pas basé mon refus de l’école seulement sur le souvenir de ma vie d’écolière. J’ai réfléchi aussi ! Et j’ai travaillé pendant 8 ans en collège comme surveillante. L’humiliation y est répandue, la violence... petit collège sans histoires.

    Non, je ne suis pas d’accord avec toi Camilia : il n’est pas dans la nature de l’homme d’être méchant, cruel, violent, dominateur. C’est la nature de l’homme violenté que tu décris là. Je me permets de te conseiller un livre « oui, la nature humaine est bonne » de Olivier Maurel. C’est un bon éclairage.

    Oui, j’ai été battue et humiliée à l’école, et j’ai aussi humilié, poussée par la meute et le désir viscéral qu’on m’accepte enfin, des enfants plus faibles que moi . Mais faut voir ce que je vivais à la maison, en terme de domination !

    Tu ne connais personne que l’école a bousillé ?

    Moi mon copain de classe de CM, je l’ai revu 10 ans plus tard et il avait les larmes aux yeux en évoquant l’instit qui l’avait attaché avec une laisse et un collier à chien à son bureau pou lui apprendre à se tenir tranquille.
    Ma gamine aussi qui a perdu toute confiance en elle suite à son passage en maternelle. Il nous a fallu plus de 18 mois pour l’aider à retrouver une bonne estime d’elle-même.
    Mon frère qui a été harcelé pendant des années parce que bon élève et différent (cheveux longs, aime pas le foot ni la bagarre)
    Le fils d’une amie qui s’est pendu à 12 ans au retour du collège.
    Une copine qui était maltraitée chez elle, qui a essayé d’alerter l’AS, la psy... mais que tout le monde a décidé d’ignorer.
    Le gamin humilié par sa prof sous mes yeux parce qu’il ne sait pas lire en 5e et qu’il a l’affront de ne pas connaître les 5 piliers de l’islam (avec son patronyme, il était assurément musulman pratiquant !)

    D’autres exemples ?

    Et j’ai le souvenir cuisant de n’avoir pas été acceptée par d’autres parce que pas du même niveau social tu vois. Et ça n’a pas changé. Les collégiens habillés en marques sont très méprisants envers ceux qui n’ont pas les moyens. Alors l’école, lieu de rencontre de personnes d’origine et de milieux socio différents, oui. Ça dépend de ce que veut dire rencontre.

    Je te donne un aperçu du panel de copains de mes enfants non scolarisés.

    Yona-thida, Wali, Eva, Blaise, Jules, Josué, Baptiste, Lina, Nadda, Coralie, Ayumi... pour les origines, ça va de l’Asie à la Réunion, en passant par le Maghreb. Et pour le niveau social, c’est très nuancé aussi, des riches aux pauvres. Et on vivait à la campagne.

    Je crois que tu idéalises beaucoup l’école. Peut-être parce que tes enfants sont scolarisés, ou peut-être parce que « sans l’école, tu ne serais pas là où tu en est aujourd’hui ».

    Aujourd’hui nous vivons sur une île où les instits frappent les enfants à coups de règles sur les doigts, ou même des baffes. Pas nos chères têtes blondes bien sûr ! Seulement les natifs. Mais les têtes blondes sont témoins de tout ça. Ils voient leurs camarades se faire frapper et ils ont peur, très peur. Et c’est pas moi qui le dis, c’est les mamans des papalangis. Mais ça ne les empêche pas de continuer à envoyer leurs gamins à l’école.

    Tu vois comme il est difficile de voir les choses en face et de ne pas relativiser. Je suis sûre que ces mamans se disent que c’est formateur pour leurs enfants.
    Remettre en question une institution d’état, ça demande un sacré courage. Je dis pas ça pour me lancer des fleurs. Je dis qu’il m’a fallu du courage, au début, pour déscolariser ma fille. Quand j’ai eu la directrice au téléphone et qu’elle m’a annoncé qu’elle radiait ma fille des listes, j’ai eu l’impression de désobéir et que la punition allait me tomber dessus d’un moment à l’autre.

    Désolée de la longueur du message, et de répondre à contretemps : il y a 11h de décalage avec la France.

  • Le 1er mars 2011 à 16:06, par Camilla

    Sans réagir à tout ce qui a été dit, ce serait un peu long... je prendrai quelques exemples emblématiques :

    « L’école ne réussi pas le développement de la sociabilité, loin de là. Les enfants y apprennent à rejeter ceux qui sont différents : handicapés, homosexuels, plus petits, oreilles décollées, plus gros ; pas habillé à la mode… et j’en passe. Ils vivent en classe d’âge, les plus grands méprisent les plus petits… »(Adelwin)

    Désolé, personnellement l’école ne m’a pas appris ce genre de choses mais bien la sociabilité, par le biais de l’école on rencontre des gens d’origines et de milieux différents et on en fait parfois des amis que l’on voit pendant de nombreuses années. Ce que vous rejetez c’est finalement la société, et plus précisément la nature humaine, oui l’homme est cruel, méchant, moqueur, dominateur... les enfants les premiers parce qu’ils apprennent à se connaitre (ces aspects s’expriment aussi généralement entre frères et soeurs). Précisément le fait de se confronter aux autres à l’école fait qu’on apprend à gérer cet aspect sous une multitude de formes (qu’on soit l’opprimé ou l’oppresseur d’ailleurs et ne me dites pas que vous n’avez pas vécu les 2 situations !) et à se comporter avec respect à l’égard d’autrui (en fonction de l’éducation de chacun). Non l’école n’est pas une expérience traumatisante... du moins pas pour l’immense majorité. Dans quelques rares cas ça peut arriver qu’elle le soit mais à mon avis il n’y a pas que l’école en cause c’est souvent le fait d’un ou plusieurs individu (et non de l’« école ») et d’un contexte familial déjà défavorable à l’enfant.

    « le gouvernement a bien fait son boulot en désignant les familles qui décident de ne pas confier leurs enfants à l’institution comme potentiellement dangereuses… »(Adelwin). Ce n’est pas ce que j’ai dit, mais néanmoins ces familles peuvent l’être pour leurs enfants, c’est bien ça le problème et vous ne pouvez pas l’ignorer.

    Sicile dit : « en allant se faire bousiller dans des écoles ». Franchement je ne connais personne que l’école a bousillé, certains ont plus ou moins aimé ça, beaucoup y ont appris de nombreuses choses. En tout cas ça n’a bousillé personne à ma connaissance, alors si vous n’avez pas eu de bol il n’y a certainement pas de quoi en faire une généralité.
    Du reste vous ne pouvez pas sous prétexte que vous avez eu une enfance difficile protéger vos enfants d’une situation qu’ils ne vivront absolument pas comme vous... chaque expérience est différente.
    Pour moi, c’est un peu comme si vous les empêchiez d’apprendre à nager parce que vous avez, étant enfant, failli vous noyer...

  • Le 1er mars 2011 à 15:58, par pédagogie

    je signale sur la même thématique la sortie du dernier numéro de « courant alternatif » sur le thème L’école entre domination et émancipation :

    L’histoire de l’éducation et de l’école, c’est une suite sans fin de tentatives pour faire passer les codes et les messages dont les nouvelles formes de pouvoir ont besoin, tout en faisant croire qu’ils ont une valeur universelle. L’éducation de masse fut mise en place à la fin du XIXe siècle pour contribuer à la paix sociale en évitant les conflits de classe et en « civilisant  » le peuple des villes, perçu comme un danger, et celui des campagnes, vu encore alors comme l’une des figures marquantes des lumières, Voltaire, le considérait : « Des rustres vivant dans des cabanes avec leurs femelles et quelques animaux (...), parlant un jargon qu’on n’entend pas dans les villes.  »

    L’école s’est construite en niant les cultures populaires au nom de la citoyenneté et de la nation, et elle continue de le faire à travers toutes les réformes que le Capital réclame. Instrument de domination, donc, c’est certain !

    Le mouvement ouvrier est né à la même époque et, sans qu’il y ait la moindre filiation entre lui et l’institution scolaire, il a donné naissance à des courants qui ont œuvré à saper la domination pour promouvoir l’émancipation à travers de multiples expériences dans et en dehors de l’école de la République. Cela dure encore. Et comme les institutions à 100 % totalitaires n’existent pas plus que celles qui seraient à 100 % émancipatrices, on peut avoir la certitude qu’une certaine schizophrénie se perpétuera.

    Mais c’est précisément au cœur de cette ambiguïté que les questions de la transmission des connaissances et du savoir-être progresseront, avec la mise à l’écart de cette idée saugrenue (qui servit de conducteur aux idéologies dites progressistes) selon laquelle éduquer serait « éclairer le peuple par le haut ».

  • Le 1er mars 2011 à 15:43, par Dim

    C’est épineux. On peut refuser de « croire » dans le principe de l’éducation (et je parle bien dans le principe, c’est à dire les idées qu’on peut appliqué à une système d’école.) dans ces cas là, on choisis d’éduquer nos gosses nous même. Par un principe simple : « il » ou « elle » n’a pas choisi-e de naitre dans cette société. Il ne faut pas oublier que il ou elle n’a pas choisis ces parents, aussi.

    L’autorité parentale existe bel et bien. Et il s’avère que malgré toutes ces injustices actuelles, l’école permet d’avoir une vision progressiste, c’est l’histoire qui nous le montre. Choisir l’anti-autoritarisme est aussi un acte progressiste, je pense. Réussir le tour de force de démontrer que l’autorité parentale est forcément « mieux » que l’autorité scolaire n’est pas évident. Ensuite dire qu’il n’y a plus aucune forme d’autorité, choisir pour ces gosses peut-être d’un certain point de vue une forme d’autorité, voire d’aliénation. Échappé à cette aliénation parentale ce fait par d’autres points de vue, le moyen pour les enfants de comparé avec leurs semblables : un lieu de socialisation extérieure à la famille, quoi. Une école ? Un centre de loisirs ? une colonie ? Bref.

    Au passage, l’argumentaire de l’article est un peut bizarre : contredire la structure scolaire avec à la fin pour argument des chiffres mesurés avec cette structure... en effet, comment mesure-t-on alphabétisation ? Avec des tests de lecture et d’écriture basés sur ce que l’on estime être « les connaissances minimales » déterminés par le « système ».

    Âpres, je suis parfaitement contre cette forme d’autorité de scolaire sur le fait que les tests sont prévus par la structure scolaire. Étant donné que mesurer une « performance » n’est pas possible dans ce cas, ni même dans l’école d’ailleurs. Les mesures qui sont proposés dans la vidéo (que l’inspecteur ce renseigne sur les pratiques, qu’il constate sur plusieurs jours...) sont parfaitement légitimes.
    A mon avis, vouloir « bruler l’école » revient a fuir l’idéal scolaire démocratique (certes qui ne parviens actuellement pas à assurer tout ce qu’il prétend vouloir faire ou abolir) ou à ignorer sciemment le progrès social qu’elle a permis (du même point de vue idéologique, bien sur).
    C’est facile de démonter une institution, un état de fait, Sicile le montre bien :
    « Développer la sociabilité… et les « difficultés » de la sociabilité (?)… c’est la baston à la récré ? la compèt ? être enfermés ensemble du même âge à 35 dans une pièce ? les moqueries ? les humiliations ? la loi du plus fort ? la peur ? les bleus ?…
    La vie est dure et faut en chier alors c’est ça ?… dès le plus jeune âge même si on pourrait en être préservé ??… sympaaaa aussi !… :s »
    Cela suffit à s’indigner, mais pas à en faire un argumentaire pour démonter une institution et des individus qui pour la totalité ne veulent que le bien des gamins, et sont eux aussi capables de s’indigner. Je suis sur qu’il y a plein de monde qui ont des bons souvenirs de l’école. Et des gamins qui ne veulent pas quitter la classe quand les parents viennent les cherchés.

  • Le 28 février 2011 à 20:45, par Sicile

    Ah mais si vous obéissez à des théories du genre « psy » ou freudiennes qui veulent qu’on doit forcément emmerder nos parents et être en conflit avec eux pour « s’émanciper ».........!! Ce ne sont que des théories fumeuses basées sur des rapports de force, de pouvoir et de domination, à la base entre parents et enfants, adultes et enfants.
    Et vous vous placez vous aussi du point de vue selon lequel instruction en famille = enfermés chez soi à ne voir personne !! :D c’est triste...

    Et sinon bah c’est passionnant ce que vous proposez (réfléchir à l’émancipation via l’emmerdage de parents), mais ici le débat ne se situe pas là, du tout !

    Mais tout de même... Avez-vous vraiment dit merde à vos parents, s’ils le méritaient ? vraiment, je veux dire vraiment. ;) (parce que moi oui hein et pas quand j’étais enfant, ni ado, j’étais prisonnière, comme la plupart d’entre nous, qui avons pourtant été bien scolarisés ! ;) )

    Quand je déconne, mon fils me dit merde, n’ayez crainte ! et il peut le faire, parce qu’il sait qu’il le peut. Il n’est pas à la place enfermé dans une école à apprendre à se soumettre (justement !), et il n’a pas à attendre une quelconque « crise d’adolescence » répondant elle aussi à des normes sociales ! ;)

  • Le 28 février 2011 à 20:09, par Adelwin

    Je me permets d’apporter un bémol de taille concernant la référence à Catherine Baker. Voici ce qu’on peut lire d’elle :

    """Le mot « pédophilie » est l’une des sept mille souricières de notre
    langage. Il faut refuser d’y entrer. S’il y a des gens qui n’aiment caresser
    que les jeunes garçons ou que les femmes, ou que les batraciens, ça les
    regarde ; ils ne savent peut-être pas ce qu’ils perdent. Mais quant aux
    rapports sexuels entre adultes et enfants, ils sont la moindre des choses
    dès que l’amour circule ; pas plus une bricole anodine qu’obligatoire,
    mais un des possibles de tout plaisir d’aimer.""""

    Je me désolidarise complètement de cette femme, et je ne la donne plus comme référence depuis que j’ai lu ce passage dans ’insoumission à l’école obligatoire".

  • Le 28 février 2011 à 20:05, par Adelwin

    Camilla : « Et si l’école réussi une chose c’est bien le développement de la sociabilité des enfants avec tout ce que ça comporte aussi de difficultés. »

    L’école ne réussi pas le développement de la sociabilité, loin de là. Les enfants y apprennent à rejeter ceux qui sont différents : handicapés, homosexuels, plus petits, oreilles décollées, plus gros ; pas habillé à la mode... et j’en passe. Ils vivent en classe d’âge, les plus grands méprisent les plus petits...

    Quant à l’accusation d’appartenir à des sectes... je vois que le gouvernement a bien fait son boulot en désignant les familles qui décident de ne pas confier leurs enfants à l’institution comme potentiellement dangereuses...

  • Le 28 février 2011 à 19:49, par Adelwin

    Pour répondre à ta question, bd.

    Pour moi, l’émancipation, c’est la liberté. Un enfant scolarisé est loin d’être libre, il est au contraire soumis à des tas de contraintes qui vont à l’encontre de son intelligence, de ses besoins physiologiques et de son rythme naturel.

    Comment peut-on penser s’émanciper au sein d’une institution qui cherche à vous faire entrer dans le rang, qui ne supporte pas la différence, qui encourage à la concurrence, qui vous attache à une évaluation ?

    Des enfants élevés dans le respect et dans l’amour, comme c’est le cas de Tom et Lilou, n’ont pas besoin d’espace pour « emmerder » leurs parents. Ils ont de l’espace tout court.
    L’adolescence (c’est de ça dont tu parles, non ?) n’est pas forcément une période de rejet et de prise de tête entre les parents et les enfants.

  • Le 28 février 2011 à 18:53, par bd

    Ce n’est pas un complément d’info, mais plutôt une question (donc si vous ne publiez pas, je ne vous en veux pas !).

    Qu’en est-il de l’émancipation dans cette forme d’instruction ? Je n’avoue ne pas avoir fait de recherche, mais si vous pouvez m’orienter vers des articles, témoignages... Je suis preneur. Car là j’entends l’attachement des parent-e-s aux gamin-e-s, mais je me demande où sont alors les « espaces » où ils ou elles « emmerdent » leurs parents.

  • Le 28 février 2011 à 14:56, par Sicile

    Nous connaissons les pédagogies « nouvelles » et école alternatives.
    J’ai reçu une formation sur ces pédagogies.
    Et notre fils a été scolarisé dans une école de ce type.

    Je peux témoigner :
    - qu’il y a autant de violence (voire plus par certains aspects à cause de méthodes douteuses de « communication ») dans ces écoles
    - qu’il y a énormément de rigidités, de crispations et de jugements méprisants, liés à des courants de pensées et de vie qui ne sont pas marrants pour les enfants
    - que l’enfant est faussement « libre » dans ces écoles (de faire ce qui l’intéresse, d’apprendre à son rythme, de ses mouvements, etc... tout ça c’est du pipeau)
    - que les enfants y sont nombreux, enfermés, pas respectés vraiment
    C’est peut-être « moins pire » par certains aspect (et en plus c’est très tout « joli », flatteur, attirant, et ça donne bonne conscience aux adultes, parents et enseignants), mais idem voire pire par d’autres.
    Et notre enfant n’y retournerait pour rien au monde. Il pleure en y repensant. Il rentrait avec des bleus, et pleurait le matin en y allant. ;(

  • Le 28 février 2011 à 14:21, par pédagogie

    j’avais lu avec attention il y a quelques temps déjà le livre « insoumission à l’école obligatoire », que rejoint pleinement l’article ci-dessus.

    Autant je me sent proche de ces initiatives, autant je pense qu’il ne faut pas rejeter l’école en général comme « cadre collectif » d’apprentissage, même si l’institution actuelle est on ne peut plus détestable.

    Des pistes pour une autre école existent notamment du coté de la « pédagogie nouvelle », on peut trouver d’autres pistes pédagogiques pour une autre école du cotés des revues l’émancipation ou N’autre école (revue de la CNT educ dont certains numéros ont été publiés sur rebellyon.info

    Quelques autres liens pour des outils sur une autre pédagogie :
    - CEMÉA, mouvement d’éducation nouvelle (site avec beaucoup de ressources)
    - Les pédagogies Montessori ou Freinet
    - Un article sur les limites des pédagogies nouvelles telles qu’appliquées en France : De l’éducation populaire à la domestication par la « culture », Histoire d’une utopie émancipatrice (Monde Diplomatique)

  • Le 28 février 2011 à 14:14, par Sicile

    J’ajoute que cette famille n’a pas « retiré » ses enfants de l’école... ils n’y sont JAMAIS allés ! ;)
    et qu’ils ne demande pas que les enfants soient retirés de l’école.
    Ils demandent à ce qu’on leur foute la paix ! ce qui est leur droit !

  • Le 28 février 2011 à 14:02, par Sicile

    Donc Camilla... en attendant qu’un jour (qui ne viendra pas c’est certain) l’école soit « parfaite » (??) et garantisse « l’égalité », faisons morfler nos enfants, c’est ça ?? La solution pour améliorer l’école c’est d’y livrer nos enfants (tout en râlant sur l’école et en se « battant »), et en attendant ils morflent ??..... wouaaaah !... sympa pour eux ! Les miens ne seront sûrement pas d’accord ! zut alors !... ;)

    Développer la sociabilité... et les « difficultés » de la sociabilité (?)... c’est la baston à la récré ? la compèt ? être enfermés ensemble du même âge à 35 dans une pièce ? les moqueries ? les humiliations ? la loi du plus fort ? la peur ? les bleus ?...
    La vie est dure et faut en chier alors c’est ça ?... dès le plus jeune âge même si on pourrait en être préservé ??... sympaaaa aussi !... :s

    Et si comme dans cette famille, papa et maman sont protecteurs, respectueux, attentionnés, ouverts, joyeux, humains... comment ça peut ne pas faire grandir ça ???!...

    Instruire ses enfants, c’est utile, c’est « militer » (puisque c’est aussi refuser un système qui broie l’individu), c’est généreux (ne serait-ce que pour nos enfants, alors je ne vois pas où est l’individualisme, c’est fort de café ça ! lâcher ses enfants à l’école c’est pas du tout individualiste ça !?!).
    Nous ne cherchons pas à résoudre un problème insoluble (celui de la violence et de l’incompétence de l’école) en faisant ce choix parfaitement légal. Nous avons envie d’offrir à nos enfants une vie la plus correcte possible, la plus tranquille possible, la plus joyeuse et respectueuse possible, et de leur éviter autant qu’il nous est possible, en tant que garants de leur bien-être, des violences. Nous pensons que c’est ainsi, bien plus qu’en allant se faire bousiller dans des écoles, qu’ils pourront grandir en sachant qu’ils sont respectables et donc en gardant des capacités de se battre contre l’injustice.

    Camilla vous êtes en plein dans les amalgames bateau sur les familles qui instruisent leurs enfants (notamment celui de vouloir croire que ces enfants sont coupés du monde. Vous avez regardé la vidéo, ça se voit comme ils sont coupés du monde ! :D ), amalgames qui font qu’elles ne peuvent pas vivre en paix. :(

    Merci à Sylvie, Régis, Tom et Lilou, force à eux, courage !

  • Le 28 février 2011 à 12:26, par camilla

    Le « prétexte de lutte contre les sectes » n’en est pas un... personnellement je ne considère pas que l’école soit parfaite ni même qu’elle parvienne à garantir l’égalité néanmoins, c’est quand même son but et même si elle a plein de travers enlever ses enfants de l’école n’est pas une solution. Et si l’école réussi une chose c’est bien le développement de la sociabilité des enfants avec tout ce que ça comporte aussi de difficultés.
    Ce n’est pas en restant chez papa et maman qu’on grandi, c’est en se confrontant au monde dans tout ce qu’il a de positif et négatif.
    Il serait beaucoup plus utile de militer pour une école meilleure que de jouer la carte d’un individualisme crétin qui ne résoud rien en isolant ses enfants du monde.

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