Alerte orange sur les poissons rouges !

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Un témoignage sur une pêche aux poissons dans une kermesse japonaise sous la canicule. Un cas symptomatique d’inconscience et de mépris des animaux ordinaires. En épilogue : Le Progrès dans un état de délire avancé (sans doute un coup de soleil) !

Deux mois après l’affaire Sam suffit (pas) (un poisson rouge coincé dans un minuscule bocal design en vitrine d’une agence immobilière à Lyon) votre serviteur est tombé, il y a peu, sur un nouveau cas de maltraitance de poissons rouges. Comme la précédente fois c’est lors d’une promenade avec mes chiens, samedi 20 aout, que cela est survenu, en découvrant une affiche annonçant une « kermesse japonaise » organisée par une association de passionnés du Japon. L’illustration de l’affiche (adresse suivante : http://www.lyonhoshi.fr/2011/07/09/piku-niku-4/.) avec une petite fille assise sur le rebord d’un bac où nageaient des poissons rouges m’a inquiété. A juste titre quand j’ai découvert la présentation de la kermesse sur internet : « Ce dimanche 21 août vous pourrez gagner un poisson rouge en participant au Kingyo Sukui (NB : pêche aux poissons rouges), véritable jeu de pêche traditionnelle japonais, se jouant avec de petites épuisettes en papier de riz ! Cette animation est bien entendu gratuite, alors venez nous rejoindre et vous amusez avec nous ! »

J’ai cherché à joindre immédiatement les responsables de la kermesse, voulant leur faire part de mes alarmes. D’une part, je trouvais que vouloir d’utiliser des poissons rouges à des fins de divertissement (quand bien même ils voulaient faire découvrir la culture du Japon) était de mauvais gout. D’autre part, la santé des poissons, voire leur vie tout court, serait mise en péril à cause de la canicule attendue pour dimanche : 38 degrés selon Météo France plaçant la région lyonnaise sous vigilance orange ! Or s’il y a une chose que les poissons rouges ne supportent pas c’est la chaleur.

Le président de l’association Lyon Hoshi, organisatrice de l’évènement, s’est employé, dans un courriel daté du samedi au soir dont je n’ai pris lecture que le lendemain matin, à me rassurer : selon ses propos la plupart des poissons utilisés pour l’attraction seraient en plastique et que les quelques poissons vivants présents seraient entourés des meilleurs soins. Les poissons ne seraient remis qu’aux personnes déclarant posséder un aquarium mais il confessait qu’on ne pouvait jamais savoir… Il concluait en m’assurant de sa compréhension pour mes préoccupations, vivant lui-même avec des animaux.

Je n’ai pas été du tout satisfait de cette réponse. J’ai envoyé un courriel pour signifier une nouvelle fois que le problème résidait dans le fait de vouloir s’amuser avec des animaux, quelles que soient les conditions, bonnes ou mauvaises, où cela se déroule. J’ai insisté encore sur les conditions climatiques prévues particulièrement hostiles. En milieu de matinée le président de Lyon Hoshi m’a informé que la question de maintenir la pêche aux poissons etait débattue par les membres de l’association et que l’on me tiendrait au courant de la décision prise.

Sans plus de nouvelles à trois heures de l’après-midi je me rends à la kermesse. La chaleur est insupportable. Voici les images que j’ai prises, submergé par le dégout. Je ne l’ai pas laissé éclater pour pouvoir être sur de montrer ce que j’ai vu, partant précipitamment (Une vidéo est aussi à voir sur mon blog : lelapinsauvage.blogspot.com)

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Je crois que cela se passe de commentaires. Pour ma part je suis déçu par l’obstination de l’association à s’être livrée à un divertissement que je tiens pour cruel et risqué. Que feront les gens qui ont gagné les poissons de cette kermesse ? Même si ceux-ci possèdent un aquarium il est courant que les poissons se retrouvent dans des bocaux trop petits où ils étouffent et s’ennuient. Les poissons rouges deviennent normalement très grands et ont donc besoin d’aquariums proportionnés généreusement. Il faut savoir encore qu’ils doivent vivre en groupe et qu’ils peuvent vivre de 10 à 15 ans. En avoir chez soi est donc une grande responsabilité - comme en ce qui concerne tout animal domestique.

Il est regrettable que les jeunes gens qui ont organisé cette kermesse japonaise n’aient pas respecté véritablement les poissons qu’ils ont voulu utiliser pour divertir le public, qu’ils n’aient pas témoigné davantage de discernement dans leur passion du Japon, passion que je partage personnellement aussi bien en ce qui relève du Cool Japan que de ses richesses plus profondes. Ils ont voulu vivre et faire vivre aveuglement un moment japonais authentique, un morceau de Japan way of life. Que l’on me pardonne d’être dur en disant que la vie, hélas, n’est pas un mauvais manga de consommation courante. Mais si cette kermesse a été un simulacre, des poissons rouges ont vu leur existence bien réelle, elle, mise en jeu dans les mains malhabiles, une fois encore, d’êtres humains inconscients.

Autre chose choquante dans cette affaire a été l’attitude du Progrès. Quand j’ai fait mon apparition sur les lieux de la kermesse je n’étais pas seul en fait à vouloir prendre des images de la pseudo pêche traditionnelle. Il y avait aussi une journaliste qui a demandé à une famille japonaise présente autour de la piscine gonflable de se rassembler pour qu’elle puisse prendre une photo.

On peut voir celle-ci dans l’article paru le lendemain de la kermesse dans Le Progrès (Lyon 5e. Ambiance nippone au jardin des curiosités dans l’édition, électronique du moins, du 22 aout). Un article positif sur l’ensemble de l’évènement et en particulier sur la pêche. « À la pêche aux poissons rouges, Sa…, 2 ans a tenté sa chance sous le regard attendri de son papa Sh… (etc)… » Mais le meilleur est pour la conclusion : « Le soleil était écrasant. Certains jeux ont dû être annulés. Comme les combats avec des pistolets à eau pour ne pas gaspiller ce liquide très précieux en cette période de canicule » Que rajouter de plus ?

P.-S.

mon blog : lelapinsauvage.blogspot.com

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  • Le 20 septembre 2011 à 00:44, par zora la rousse

    Il y aurait beaucoup à dire sur les relations entre humains et animaux (et végétaux aussi, comme souligné par la parodie).

    Moi je mange de la viande, mais je préférerais avoir à assumer mon acte de bout en bout, que cette transformation de la mort en abstraction industrialisée via les abattoirs cachés en périphérie des villes.
    Moi je mange des oeufs, mais je préfère acheter ceux d’animaux élevés en plein air, parce que je n’aime pas faire maltraiter d’autres êtres vivants, différents de moi et sans langage, si je peux l’éviter.
    Moi je porte parfois des sapes en cuir (veste, chaussures), mais je ne traite pas le cuir comme un tissu : je sais que c’est la peau d’un animal, alors je l’entretiens pour que sa peau dure longtemps, et qu’il ne soit pas nécessaire d’en tuer tous les quinze jours pour le caprice de ma fantaisie.

    Moi je peux aimer la pêche aux poissons rouges, et même manger de la friture (fait dernièrement au bord de la mer, après avoir joué avec les poissons vivants dedans, fait connaissance avec eux masque et tuba aidant... ben j’ai été au resto et j’ai mangé leurs frères en friture), mais je n’aime pas qu’on inflige un sauna à des êtres pour mon bon plaisir.

    Pour moi, les animaux ne sont pas des choses, mais des êtres, et si on commet l’acte de leur ôter la vie, que ce ne soit pas pour jeter leur viande à la poubelle pour péremption comme on le ferait d’une chose.
    Et qu’on les traite comme des êtres vivants méritant le respect durant le temps qu’on leur laisse vivre.
    PS : vous l’aurez compris, je ne suis pas antispéciste, mais je trouve important le débat sur nos rapports avec les autres sortes d’êtres vivants peuplant cette planète, et je déplore être née dans un monde où la mort d’êtres est nécessaire pour en nourrir d’autres (oui nous on peut choisir, de ne pas les manger ... mais mon chat lui, ne vivait que pour sauter sur ses proies, c’était son plus grand plaisir d’être vivant, et ça, ni lui ni moi on n’y pouvait rien, avec ou sans végécat). Et je déplore encore plus vivre dans une civilisation où on les considère comme des choses. Je suis d’ailleurs étonnée de cette fête japonaise, alors qu’au Japon, justemnet, à cause de la croyance en la réincarnation notamment, le rapport aux êtres non humains est moins méprisant... parce que demain, après ma mort, moi le japonais.la japonaise, je pourrais me réincarner en cette araignée que tu es en train d’écraser. D’écraser pourquoi ? Parce qu’elle te gêne ? Mais de quel droit lui ôtes tu la vie pour si peu ? Mets là donc plutôt dehors en la faisant monter sur une feuille, ou pendue au bout de son fil dont tu tiens le bout par la main (j’ai fait ça une fois, avec une pov’ araignée perdue dans le métro ... je donnais pas cher de sa petite vie là).

    Eh oui, je perds parfois mon temps à me soucier de vies minuscules !
    Mais sans elles je ne serais pas là. Alors je les respecte autant que je peux, c’est tout.
    Et encore, donc, je crois pas en la réincarnation ... je dis ça pour les quelques intégristes de l’anti-anti-spécisme qui pourraient être tentés de retenir ce dernier grief, pour me jeter l’anathème, après n’avoir rien pu tenter devant mes confessions comme quoi je mange de la viande ;-)
    Moi, les antispécistes, je ne partage pas leurs analyses, mais je trouve intéressant qu’ils soient là pour amener le débat sur les relations humains/non humains.

  • Le 18 septembre 2011 à 13:13, par ANB

    Justement, la plupart des gens seraient d’accord qu’un chien n’est pas semblable à une courgette, sur le fond et sur la forme. Mais il faudrait aussi admettre, par conséquent, qu’il en va de même pour une autre bête, tiens, mettons : un poisson rouge... et il faudrait agir en conséquence (en l’occurence : ne pas agir bêtement, donc ne pas traiter un poisson rouge comme une chose, un jouet, un fruit ou un légume), et c’est là où cela coince - c’est exactement ca, le problème dont cet article parle. Vous trouvez une replique très intéressante par ICI : http://lelapinsauvage.blogspot.com/2011/09/lamour-propre-et-la-peau.html

  • Le 16 septembre 2011 à 20:26, par lelapinsauvage

    Je suis flatté d’être l’objet d’une parodie. Le seul défaut, mais essentiel, de celle-ci c’est que les poissons ne sont pas des légumes, ce ne sont pas des choses , c’est ça le problème en général, c’était ça le problème de cette kermesse. On peut trouver que mes réactions étaient exagérées, là, c’est une question de sensibilité et de conscience. Pour mon style il a un certain sens (à mettre en regard de plus avec l’article Sam suffit (pas) ! : je veux montrer comment il suffit juste de se promener dans la rue pour voir l’inconscience, pour ne pas dire la bêtise, humaine vis-à-vis des animaux à l’œuvre. Enfin, il n’y a pas que rebellyon.info qui a traité de cette affaire, actuanimaux.com, un site important, l’a aussi fait, il y a une semaine.

  • Le 16 septembre 2011 à 16:22, par lacarotteenragée

    Quel ne fut pas mon effroi en voyant, en me promenant avec mes deux courgettes, samedi 20 août, une affiche annonçant une kermesse organisée par l’école du coin de ma rue. La photo ne permettait aucun doute : une pomme caramélisé tenue sur un bout de bois. Vous connaissez peut-être cette pratique barbare sous le sobriquet de pomme d’amour. De retour chez moi, je me précipite sur mon ordinateur faible consommation et je découvre avec horreur la présentation de la kermesse : « vous pourrez manger des pommes d’amour, [...] jouer au jeu de la pomme : 2 bassines d’eau contenant chacune une pomme ; celui qui attrape sa pomme en 1er a gagné. Toutes ces animations sont bien entendu gratuites, alors venez vous amusez avec nous ! ».

    J’ai, comme toute personne responsable aurait fait, immédiatement chercher à contacter les responsables de la kermesse, voulant leur faire part de mes alarmes. D’une part, je trou­vais que vou­loir d’uti­li­ser des pommes (quelques soit leurs couleurs) à des fins de diver­tis­se­ment était de mau­vais gout. D’autre part, la santé des pommes, voire leur vie tout court, serait mise en péril à cause de la cani­cule atten­due pour diman­che : 38 degrés selon Météo France pla­çant la région lyon­naise sous vigi­lance orange ! Or s’il y a une chose que les pommes ne sup­por­tent pas c’est la cha­leur.

    Le directeur de l’école me répondit rapidement, ne me prenant pas au sérieux, il m’expliqua que les pommes ne seront pas utilisés de façon nocive, qu’elles seront sous surveillances et que les jeux se feront avec des pommes en plastiques. Il concluait tout de même en me saluant amicalement, et saluant ma prise de décision quand au sauvetage des légumes, lui même a un jardin.

    Toujours pas satisfait de la réponse, je me permis de lui renvoyer un mail, expliquant que ce sujet n’est pas à prendre à la rigolade, que le problème vient du fait de jouer avec des légumes. Plus aucune réponse de sa part, je me décida alors d’aller sur place, voir de mes propres yeux l’étendue du massacre.

    Arrivé le samedi 20, l’hécatombe était tel que je n’ai même pas eu le courage de prendre en photo ni de faire de vidéo pour mon site internet ( http://www.lacarotteenragee.blogspot.com ). Des pommes maltraités partout, certaines brûlées vive par le sucre, d’autre noyées, pire, certaines se retrouvèrent prise comme cible par un tir à l’arc. Les yeux pleins de larmes, je parti en courant, le coeur gros de n’avoir rien pu faire pour empêcher un tel carnage.

    Autre chose choquante dans cette affaire, à été l’attitude des journaux : aucun article, pas la moindre brève sur ce carnage. Heureusement, Rebellyon est là pour faire connaître l’effroyable vérité.

    PS : mon blog : lacarotteenragee.blogspot.com

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