En 1979 trois militants lyonnais se lancent dans l’aventure éditoriale. Ils ne viennent pas de nulle part : investis depuis 1973 dans la revue IRL (Informations et Réflexions Libertaires), qui plaide pour un mouvement libertaire au-delà des chapelles, on les retrouve autour la librairie libertaire associative autogérée La Gryffe, ouverte un an auparavant, aussi bien que dans divers groupes et coordinations militants à l’époque.
La Croix-Roussse n’est pas morte, les canuts sont toujours là ! Dans la lignée d’IRL, l’Atelier de Création Libertaire, constitué juridiquement en association, se veut « non dogmatique et ouvert aux divers courants contemporains (écologie, féminisme, pratiques alternatives et utopies du quotidiens) ayant enrichi et actualisé l’imaginaire antiautoritaire ». De fait, ils publient Murray Bookchin (Qu’est ce que l’écologie sociale ?, Une société à refaire, Quelle écologie radicale ?) aussi bien que l’historienne féministe et anarchiste Claire Auzias (La compagnie des Roms), le psychanalyste reichien Jacques Lesage De La Haye, l’anarcho-syndicaliste Rudolf Rocker, William Godwin ; les titres traitent certes de l’actualités des théories et des réalisations anarchistes mais aussi de la corrida, du surréalisme, de l’anarchiste chinois Pa Kin, du quartier autogéré Christiania à Copenhague, etc.
Les tirages oscillent entre 500 et 2000 exemplaires. Six livres publiés par an en moyenne, quelque fois des pointes à plus de 10 ; actuellement une quinzaine de manuscrits sont à l’étude. Sont prévus bientôt un livre de Gaetano Manfredonia sur la présence persistante de l’anarchisme au travers de deux siècles d’histoire politique, sociale et culturelle ; un livre de Rodolphe Christin racontant une libération de l’imaginaire par la décroissance ou la sauvagerie (La désobeissance de la broussaille) ; un texte de Jean-Manuel Traimond, La religion colle, proposant des pistes pour s’en décoller. S’il y a eu des tentatives d’élaborer des collections, elles sont essentiellement restées à l’état d’iniatives. L’ACL publie des romans, des essais, des livres de photos, des témoignages, des rééditions, des auteurs classiques et d’autres inconnus, des entretiens, des anthologies, des études historiques, des actes de colloques. L’organisation de ces colloques fait aussi partie de la vie de l’ACL : ils sont le meilleur moyen de rendre une culture vivante, pour éviter la poussière sur la bibliothèque, et témoigner d’une vivacité critique et émancipatrice. Ils ont pour thème Lyon et l’esprit proudhonien, Réflexion sur l’inégalité sexuelle ou Les incendiaires de l’imaginaire.
Tout est géré collectivement par les membres du collectif lyonnais lors de réunions hebdomadaires, et aussi par un second cercle plus large, de Montpellier à Lausanne en passant par Paris. Toutes les tâches sont gérées en interne, de la traduction à la maquette, suivant les compétences de chacun et en poussant à la rotation, sans salariés. La diffusion avait été confiée à une structure à part ; celle-ci ayant échoué, la diffusion est redevenue directe. L’ACL gère ses contacts, son réseau. Une newsletter mensuelle, un site internet fourni…
Tout n’est pas rose, sinon l’Atelier de création libertaire n’existerait pas ; mais tout n’est pas perdu, l’Atelier de création libertaire le démontre.
Le site internet de l’ACL : http://ateliber.lautre.net/. On peut y retrouver les dernières parutions, les infos sur les prochains débats concernant les ouvrages des ACL ainsi que des textes épuisés en téléchargement libre.
Mais surtout leur (épais) catalogue : 142 titres, certains étant simplement en diffusion, mais la plupart édités par la maison d’édition Croix-roussienne !
Les ACL s’occupent également de l’hébergement de plusieurs blogs :
Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur
Ma Croix-Rousse (alternative)
Histoire en images des libertaires lyonnais
Michel Bakounine
Les anarchistes italiens dans le monde
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