Confrontation entre quelques centaines d’Anti CPE, des milliers de « Loups Gris », fascistes turcs ultra-violents, et la police !

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CPE/LEC/2006

À la suite de la grosse manif Anti Précarité, qui a rassemblé 25 000 personnes ce samedi 18 mars, une manif de 5 000 « Loups Gris », fascistes turcs ultra-violents, sous le nom de Comité Solidarité franco-turc, s’est vue aidée par les forces de l’ordre à défiler sous bonne garde, contre la construction d’un Mémorial du génocide arménien à Lyon. Et des opposants gazés, violentés et arrêtés. Six arrestations.

Après la fin de la manif anti CPE à Bellecour, une AG devait s’y tenir à l’aide des camions sono de la CGT. Bizarrement ceux-ci refusèrent, prétextant le fait, qu’ils devaient ranger leur camion. Ils dispersent alors, la plus grande partie de la foule. Ce que l’on ne savait pas, les syndicats étaient-ils au courant, eux ?

Des AG spontanées se forment. Près de deux cents manifestants de tous âges, « gardent » encore la place.

- Puis, l’étonnement, la stupeur, la nausée, une révolte intime.

Une autre manif entrait en scène.

Des masses de drapeaux rouges au croissant blanc, une quantité impressionnante, parsemée de quelques drapeaux français et un drapeau européen, inondent progressivement le milieu de la place Bellecour.

Comme si un courant glacial avait saisi l’assistance.
Devant nous, défilaient par vagues de plusieurs centaines, successivement, toutes les cinq à dix minutes, des milliers de « Loups Gris », fascistes turcs ultra-violents et très organisés.

- La tension est immédiatement plus que palpable. Elle est oppressante.
Certaines de ces vagues de colère et de haine, extrêmement remontées, gueulaient des slogans en turc, mais on voyait bien qu’ils faisaient tout pour nous faire passer le message, grimant des faciès menaçants, d’une grande violence et agressivité.
En dépit de leur inquiétante présence, de leur proximité, à quelques pas seulement de nous, et de notre présence trop peu nombreuse, quelques sifflets, huées et « Fascistes ! » commencent courageusement à fuser. Ce qui a pour effet de rameuter d’autres manifestants anti CPE plus loin. Pas seulement des étudiants, mais des hommes et femmes de tous âges, médusés, révulsés par le spectacle.

Les visages sont blêmes. La colère gronde. Les sifflets et huées prennent de l’ampleur.

Les groupes de fachos n’en finissent pas de passer, peut-être pendant près d’une demi-heure, quelques 5 000 venus de la région, plus quelques autres de France, ainsi qu’un bus d’Allemagne, pour contester la construction d’un mémorial du génocide arménien à Lyon.

Avec pour pancartes : « Il n’y a jamais eu de génocide arménien », « Non au mémorial d’un prétendu génocide »

La police court partout. Des cordons de gardes mobiles s’installent.

Les huées, les sifflets sont constants, et des slogans anti-négationistes, anti-fascistes fusent de colère.
« No pasaran ! », « Devoir de mémoire ! », « Nous sommes tous des arméniens ! »
Cette situation va durer un bon moment, avant que ne se déclenche un mouvement.
Plus de deux cents gardes mobiles forment un cordon de sécurité autour des « Loups Gris », eux-même encadrés par un SO très présent, qui retient à plusieurs reprises, les tentatives de sorties violentes des extrêmistes, à tel point, qu’on a pu voir le SO frapper certains de leurs manifestants pour les calmer.

D’autres anti-fascistes arrivent à nous rejoindre, nous sommes quelques centaines.
La Mobile nous fait face.
Pas loin, des djumbes accompagnent ce mouvement anti-fasciste. Il règne une tension, une effervescence, une volonté tenace, de ne pas laisser faire, de ne pas accepter, de ne pas lâcher.

- La manifestation turque démarre, en direction de la rue Édouard Herriot pour la place des Terreaux.
La tension monte, des deux côtés.
Des personnes tentent de s’interposer. Une rangée de CRS s’aligne, et commence à vouloir nous faire reculer. Des objets sont lancés sur les CRS et une camionnette de police.
Des poussées des CRS. Des mouvements soudains de foule. Des « CRS SS ! », des « Pétain reviens ! T’as oublié tes chiens ! » sont lancés. Une centaine de personnes font face aux CRS, refusant d’être dispersés.
Un jeune, le visage tuméfié, est arrêté, et est forcé violemment à monter dans le véhicule de police. Des personnes s’interposent à son arrestation. « Laissez-le ! », « J’ai vu, il n’a rien fait ! », « Vous n’avez pas le droit ! »Des « Comment tu t’appelles ? » sont lancés, à son intention. Ils sont deux sur lui, pour l’empêcher de parler, mais il arrive néanmoins à crier d’une faible voix son nom. Dix minutes plus tard, il sera relâché.

- Des lances-lacrymo sont chargés. Et ce, malgré la présence de familles avec leurs enfants, des poussettes de bébés, des anciens, qui n’ont pas le temps de s’éloigner. Les lacrymogènes sont lancées.

- Dispersion, et regroupement, effiloché, tout au long de la rue de la Ré, pour remonter en direction des Terreaux. D’autres jeunes accompagnent le mouvement. Vitrines brisées. Des commerçants baissent les stores. Les gardes courent pour bloquer les passages. À leur passage, des camions de CRS sont caillassés.
Pendant ce temps, arrivé avant les fascistes, un groupe improvise un sit-in sur la place des Terreaux. Les CRS ont alors couru vers eux, et les ont violemment relevés à coups de rangers.
Ils ont été repoussé sur les pentes, et des lacrymos furent lancées. Certains ont réussi à faire le tour et revenir face à l’Hôtel de Ville. Les CRS ont alors repoussé tout le monde à coups de boucliers, jusqu’à avoir le dos au mur.

Les « Loups Gris » arrivent sur la Place et posent des pancartes, niant le génocide arménien, devant l’Hôtel de Ville.
Des personnes ont alors fait le tour par les pentes, pour les reprendre à revers. La Mobile a alors chargé, et tout le monde est monté rue Romarin. Une douzaine de personnes se sont retrouvées prises au piège dans une impasse, aspergées de gaz et sous la menace d’autres pulvérisations d’un garde qui bloquait la sortie, mais heureusement un voisin solidaire, les a libérées en leur ouvrant une autre porte de sortie.
Les jeunes des pentes sont venus nous soutenir, et ont lancé des pavés.
Des petites barricades sont érigées sur les pentes. Les flics sont repoussés, mais, alors qu’ils arrivent aux Terreaux, grosse charge et envois de lacrymos, qui vont envahir toutes les pentes.
Des gens balancent des seaux d’eau par les fenêtres pour les éteindre, caillassent la police depuis leur appart, et ouvrent les portes fermées des traboules. Les gens dans les bars, sortent et lancent des couverts sur la police.

Les pentes ne sont pas mortes, elles se réveillent !

- Finalement, après une course-poursuite avec la police, tout le monde revient sur les Terreaux.
Un nouveaux sit-in est fait, mais la police repousse les manifestants. Une trentaine de fascistes français, dont on avait craint l’attaque pour nous-même, se « joint » aux opposants et insultent la police. Les turcs extrêmistes s’emportent et dépassent leur SO.
La Mobile se tourne enfin du bon côté, et leur fait face. Ils sont repoussés et finalement, sous bonne garde républicaine, sont escortés jusqu’aux bus stationnés quai Jean Moulin.
Des heurts ont aussi eu lieux à l’opéra , avec des arrestations. Vers 17h30, dernier mouvement, dernière tentative, des groupes de jeunes courent en direction des bus des « Loups Gris ».

Le journal télévisé national n’a pas parlé de cet événement. Excepté sur d’autres, quelques rares lignes « d’incidents » ou « petite échauffourée », malgré la présence massive de nombreux médias ! Il devait bien y avoir trente caméras et vingt photographes.

Le bilan est de deux blessés par la police, un photographe et un étudiant (ou un garçon de café ?), ainsi que six interpellés, qui ont été emmenés au commissariat central Marius Berliet, à Lyon 8e.
Du coté turc fortement armé, il n’y a eu aucune arrestation. L’un d’eux a même été arrêté et relâché, à cinq reprises pendant les événements. Il a pu repartir tranquillement chez lui.

Que cherchent les dirigeants politiques qui autorisent ces manifestations, alors que le négationnisme est interdit par la loi française [1] ? Les lois sont toujours bien appliquées quand cela les arrange. Et pourquoi les CRS ont-ils chargé leurs opposants ? Ont-ils peur de compromettre leur relation avec certains groupes ? Les « loups Gris » font partie d’une mafia. Des réponses doivent être données. De plus, personne ne semblait être au courant, mais pourquoi la CGT s’est empressée de ranger ses camions ? Tout comme le camion de tête, qui provenait de Sos Racisme ? Les étudiants de L’UNEF (proche du PS et de SOS) ont eux déserté dès que la Mobile a commencé à arriver.

Il s’agit aussi de savoir pourquoi la préfecture a permis la confrontation de ces deux manifs ?!
Encore certainement, pour avoir les moyens de contenir et manipuler la grogne populaire, dans un climat d’insécurité et de peur !

Des étudiants, des hommes, des femmes, des retraités, des jeunes de quartier, le voisinage, des commerçants, ont prouvé leur solidarité, leur humanité et leur unité, face au pire.
Parce que dépourvus de tout, nous, pauvres fourmis face aux titans, la solidarité, c’est tout ce qu’il nous reste.

Quoiqu’en disent les médias, faiseurs de blablas manipulateurs, la grogne va bien au-delà du CPE. Et les manifestations anti CPE n’appartiennent pas seulement, aux seuls étudiants. Les jeunes des quartiers sont concernés, les retraités, les chômeurs, les salariés... Tous, nous sommes concernés.
La lutte pour le retrait du CPE, est la lutte contre un système destructeur, un pouvoir aveugle, sourd, méprisant et violent, qui ne lâchera que des cacahuettes et des coups de matraques pour apaiser notre faim et satisfaire nos désirs.

À bas les négationnistes et leurs collaborateurs sociaux-traitre ! À bas l’État policier ! Exigeons la libération des personnes injustement interpellées.

P.-S.

    • Voir aussi Bellaciao : Non à la banalisation du terrorisme de l’État turc par l’UE.

Notes

[1Remarque d’un lecteur : contrairement à ce qui est dit dans l’article, le négationnisme n’est un délit en France que lorqu’il porte sur les crimes de la seconde guerre mondiale. Le génocide des Indiens, celui des Arméniens, l’extermination du tiers de la population algérienne lors de la conquête coloniale de ce pays et les crimes du colonialisme (voir le site noir du colonialisme ) etc. ne sont donc pas concernés. Aucune incrimination ne pèse donc contre ces dénis honteux de la mémoire

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