Merci aux passeurs. Je déambule dans cette ville depuis un peu moins de 25 ans . Je la connais un peu maintenant et je l’ai vu changée. Je ne me souviens plus aujourd’hui des quartiers du chemin de fer de l’est, ou des nombreux terrains vagues du côté de la Part-Dieu.
Chaque jour, les urbanistes se chargent d’établir une dimension cartésienne, pragmatique, sous l’emprise d’un capitalisme qui exige l’utile et le rationnel, pour son contrôle qui lui est cher. Lyon ressemble de plus en plus à toutes ces villes que l’on dessine sur le même schéma politique.
Dans cet environnement imperfectible, on se cherche des entailles qui tranchent ces emballages lisses architecturaux. On cherche des tâches. Elles nous montrent et nous font rapprocher de ceux qui partagent ces même observations.
Ceux qui savent observer et prendre le temps de calculer ce qui nous entoure, savent que c’est souvent par une forme disgracieuse que l’oeil s’active. Il y a plusieurs année maintenant en passant par le cours Gambetta, il y avait un petit graff coincé entre une gouttière et le rebord d’une fenêtre. J’ai été attiré par le côté insignifiant du graff, il était sale, délavé, craquelé. Il n’existe plus aujourd’hui. C’était un pochoir, il était difficilement lisible. On pouvait y distinguer : rebellyon, site d’infos alternative.
A l’époque, je n’étais jamais allé sur internet, je ne savais pas ce que c’était. Je n’avais pas d’ordinateur chez moi. Je me suis décidé à chercher ce que cette adresse cachait. Je découvrais ce site, avec les liens, l’agenda, les manifs, les infos et autres propositions libertaires. Quelques semaines plus tard, je visitais un squat pour la première fois. On connais la suite, on rencontre des gens... etc.
Alors merci à ceux qui la nuit rendent un peu plus humain et utile les murs de cette ville. Je veux encourager tout le monde à se balader autour de chez soi et de devenir aussi passeurs de liens, d’adresses, de leviers qui amènent celui qu’y sait s’y attarder à découvrir des individus géniaux. N’importe quel support. Leur manière de lisser petit à petit notre environnement, de le rendre stérile à n’importe quelle excentricité , trouve ici sa limite. N ’ importe quelle audace subversive, quelle soit spontanée , s’en trouve décuplée visuellement. Pourvu que vos marques ne soient pas à leur place. Murs blancs, peuple muet, comme dit l’autre.
Salut les gens. Longue vie.
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