5. Comme le fascisme ne peut plus réapparaître, le sous-fascisme n’est qu’une apparence décrépie du fascisme. Faute d’incarner la rénovation inespérée de l’extrême droite ou de donner l’électrochoc à une extrême gauche en débâcle, il se résume à un panégyrique des plus ardents conservatismes (religieux, patriarcaux, moraux, hiérarchiques, racistes, ethniques, nationalistes, antisémites, xénophobes). C’est un amas de caricaturaux guignols dont la force de raisonnement se limite au rabâchage théâtral de truismes réactionnaires fossilisés. En guise d’assise idéologique, il s’arrange d’un amalgame confus de stigmates, d’automatismes et de simulacres inspirés des systèmes d’oppression archaïques et de leurs personnages célèbres. Sa filiation avec le fascisme s’arrête donc à cet exercice constant de singerie, qui laisse transparaître de vulgaires trames politiques.
Il n’est donc pas anodin que ses mascottes les plus connues soient de purs produits de l’industrie spectaculaire, tels que Marine Le Pen, Dieudonné M’bala M’bala, Alain Bonnet de Soral ou encore Houria Bouteldja, lesquels sont naturellement rodés à s’avachir dans les canapés télévisuels qui, dorénavant, servent de confortables estrades à leurs imprécations survoltées. Quant aux moins chanceux fabriqués dans le grand bazar du net, ils leur arrivent d’essayer de s’extirper de la mélasse en surjouant. Ainsi ce clown épileptique, Stelio Capo Chichi, dit « Kémi Séba », qui n’en finit pas de baragouiner sous sa panoplie délavée de clone de Malcolm X. De même, ce hooligan des comptoirs, des stades de foot et des défilés mémoriels, Serge Ayoub, dit « Batskin », que l’obstination vieillissante à jouer le nazillon gonflé aux hormones a hissé au petit podium installé au centre de la désertique ultra-droite, où ses représentations mussoliniennes se démarquent humoristiquement de la nullité ambiante.
6. Ainsi, le sous-fascisme emprunte au fascisme le lit de sa fonction, puisque tels les doctrinaires bruns, il tâche de changer les ravages universels de la domination bourgeoise en sources d’exaltation des réflexes destructeurs, obscurantistes et irrationnels des masses.
Il pioche également dans la tradition fasciste puisqu’il se réclame d’un héritage très élastique de poussiéreuses organisations et thèses autoritaires recrachées par l’Histoire. C’est d’ailleurs l’une des rares singularités du sous-fascisme que de composer un déversoir revanchard ouvert à tous les résidus de recettes venimeuses concoctées par l’horreur réactionnaire. Il est donc une sorte de décharge politique ; un terminus tintammaresque où s’échouent les cadavres téléguidés de mystifications répressives qui, dévêtus de leurs vieux costumes d’ennemis respectifs, révèlent crûment leur parfaite assonance. Dans ce chaos, les gaz échappés des corps en putréfaction de l’extrême gauche se mélangent aux effluves expulsés de la moribonde extrême droite et forment des combinaisons aussi inattendues que nocives au prolétariat. Ici, le multiculturalisme démontre combien sa tolérance post-moderniste se marie parfaitement avec la haine communautariste. Là, des gardiens de goulag manqués s’acharnent à propager la lèpre du fondamentalisme religieux. Là encore, des nostalgiques du Troisième Reich s’ingénient à soutenir l’émancipation d’improbables indigènes néo-colonisés.
Le sous-fascisme plagie donc l’un des ressorts de la stratégie de séduction fasciste, celui qui consistait à avancer des chefs, des thématiques et des concepts puisés dans le mouvement ouvrier. Comme à l’époque, ce confusionnisme vise à briser les repères politiques du prolétariat sans lesquels les solidarités de classe, l’identification de l’ennemi social et la méthode de lutte révolutionnaire ne peuvent émerger et se consolider. Par ce brouillage idéologique, la bourgeoisie, cachée derrière des marioles déguisés en opprimés, cherche à dévier la classe laborieuse du chemin tortueux que celle-ci se fraye vers sa conscience pour soi.
La suite à lire sur : http://mondialisme.org/spip.php?article1712
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