L’internationale chanté pour la première fois le 23 juillet 1888

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L’internationale, poème d’Eugène Pottier, écrit en juin 1871 pendant la terrible répression de la Commune de Paris. Il ne fut publié qu’en 1887 et chanté pour la première fois le 23 juillet 1888 à Lille par la Lyre des Travailleurs. Devenu l’hymne des révolutionnaires, il sera complètement illégal durant des années dans de nombreux pays d’Europe. Ce chant de révolte fut également porté par une musique désormais bien connue…, composée par Pierre Degeyter, en 1888. Apprenons donc l’ensemble des couplets...

L’internationale, poème d’Eugène Pottier, écrit en juin 1871 pendant la terrible répression de la Commune de Paris, il était dédié à Gustave Lefrançais, membre de la Commune. Il ne fut publié qu’en 1887 et chanté pour la première fois le 23 juillet 1888 à Lille par la Lyre des Travailleurs. À partir de 1904, L’Internationale, après avoir été utilisée pour le congrès d’Amsterdam de la IIe Internationale, devient l’hymne des révolutionnaires. Il est alors complètement illégal durant des années dans de nombreux pays d’Europe. Ce sera l’hymne national de l’URSS jusqu’en 1944 (dans une version expurgée de son très antimilitariste cinquième couplet). Ce fut même l’hymne de ralliement de la révolte des étudiants et des travailleurs chinois sur la place Tian’anmen en 1989. Ce chant de révolte fut également porté par une musique désormais bien connue…, composée par Pierre Degeyter, en 1888. Apprenons donc l’ensemble des couplets...

Voir aussi : Chants de lutte, chants révolutionnaires

- Couplet 1 :
Debout ! les damnés de la terre
Debout ! les forçats de la faim
La raison tonne en son cratère :
C’est l’éruption de la fin
Du passé faisons table rase
Foule esclave, debout ! debout !
Le monde va changer de base :
Nous ne sommes rien, soyons tout !

Refrain : (2 fois sur deux airs différents)
C’est la lutte finale
Groupons-nous et demain
L’Internationale
Sera le genre humain.

- Couplet 2 :
Il n’est pas de sauveurs suprêmes :
Ni Dieu, ni césar, ni tribun,
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge,
Pour tirer l’esprit du cachot
Soufflons nous-mêmes notre forge,
Battons le fer tant qu’il est chaud !

Refrain

- Couplet 3 :
L’État comprime et la loi triche ;
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche ;
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois ;
« Pas de droits sans devoirs, dit-elle,
Égaux, pas de devoirs sans droits ! »

Refrain

- Couplet 4 :
Hideux dans leur apothéose,
Les rois de la mine et du rail
Ont-ils jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail ?
Dans les coffres-forts de la bande
Ce qu’il a créé s’est fondu.
En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû.

Refrain

- Couplet 5 :
Les Rois nous saoulaient de fumées.
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales,
A faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.

Refrain

- Couplet 6 :
Ouvriers, Paysans, nous sommes
Le grand parti des travailleurs ;
La terre n’appartient qu’aux hommes,
Le riche ira loger ailleurs.
Combien de nos chairs se repaissent !
Mais si les requins, les vautours,
Un de ces matins disparaissent,
Le soleil brillera toujours !

...et Refrain : (2 fois sur deux airs différents)
C’est la lutte finale
Groupons-nous et demain
L’Internationale
Sera le genre humain.


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Ce poème d’Eugène Pottier, écrit en 1871 et publié en 1887, était dédié à Gustave Lefrançais, membre de la Commune. Illégal durant des années dans de nombreux pays d’Europe, hymne national de l’URSS jusqu’en 1944 (dans une version expurgée de son très antimilitariste cinquième couplet), ce chant de révolte fut également porté par une musique....
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En 1888, L’Internationale est remarquée par Gustave Delory, secrétaire de la Fédération du Nord du Parti Ouvrier Français (POF) et créateur de la « Lyre des Travailleurs », une chorale lilloise. Le texte est alors confié à l’ouvrier Pierre Degeyter, Premier prix de l’Académie de Musique de Lille et militant socialistes.
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La Lyre fait imprimer L’Internationale. Seul le nom de Degeyter est mis afin que Pierre ne perde pas son travail. Le militant vend L’Internationale au profit du POF. Mais, quand il quitte le Parti, Gustave Delory, devenu maire de Lille, manœuvre pour que la paternité de la musique soit attribuée à Alphonse (employé par la municipalité lilloise) et non à Pierre. L’imprimerie de la section lilloise du POF conserve ainsi le lucratif monopole de L’Internationale.
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Malgré la précaution prise, Pierre Degeyter est sur les listes noires du patronat lillois. En 1901 il est contraint de déménager avec sa famille pour Saint-Denis, un faubourg de Paris. En 1904, Pierre tente de récupérer ses droits de compositeur. Il perd son procès en 1914.
Cependant, début 1916, avant de se suicider, Adolphe Degeyter avoue qu’il n’est pas l’auteur du chant et que c’est à la suite de fortes pressions qu’il a affirmé le contraire. En 1922, un tribunal parisien reconnaît la paternité de L’Internationale à Pierre Degeyter. Quatre ans plus tard, sa composition est inscrite au Bureau des auteurs, il a alors 76 ans.
À l’ambassade d’Union soviétique, quelqu’un découvre que le compositeur de L’Internationale est encore en vie. En 1927, Degeyter est invité à Moscou aux cérémonies du dixième anniversaire de la révolution d’Octobre. L’Union soviétique lui attribue une pension et la ville de Saint-Denis un logement. Il meurt le 26 septembre 1932.

Aujourd’hui, à Lille, il a un géant à son effigie et une place. A la suite de la cession des droits par l’héritière de Degeyter, le propriétaire de L’Internationale est jusqu’en 2017 la société Chant du monde.
L’Internationale n’est dans le domaine public que depuis le 30 septembre 2017.
Texte & Dessin : OLT

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