Nous sommes des travailleur.se.s sociaux, employé.e.s par les associations lyonnaises luttant contre la précarité et l’exclusion sociale. Toute l’année, nous allons à la rencontre, nous écoutons, nous accueillons, nous hébergeons (...), des personnes en situation de vulnérabilité sociale. Nous tentons de remplir aux mieux les missions qui nous sont confiées par l’État, mais notre travail est mis à mal par le manque de solutions concrètes. Cependant, aujourd’hui, c’est à la mauvaise volonté des politiques que nous sommes confronté.e.s.
Vendredi dernier, nous alertions sur la non ouverture d’un 2e gymnase, nous ne saurons jamais qui du préfet ou du maire a annulé cette ouverture et nous refusons de maintenir le débat à ce niveau-là. Le fait est que des personnes ont dormi dans la rue à -10° alors qu’elles avaient sollicité le 115 ou le Samu social pour une place d’hébergement. Aujourd’hui, au-delà des bisbilles entre la préfecture et la mairie, nous continuons à dénoncer le manque de places d’hébergement.
Nous sommes obligé.e.s de constater en ce 12 janvier, alors que les températures sont passées en dessous de zéro, que toutes les places d’hébergement prévues et financées pour l’hiver (donc officiellement depuis le 2 novembre, début du plan froid) n’existent toujours pas. Ces derniers jours, seulement 140 personnes ont été mises à l’abri dans un gymnase (de 18H à 10H, retournant la journée dans le froid). C’est bien dérisoire, au regard des chiffres transmis par le 115 (entre 250 et 350 personnes par jour en moyenne et 1500 sur 15 jours) et le Samu social et surtout, inadmissible comme proposition, à l’heure où toutes les autres solutions d’hébergement plus décentes n’ont toujours pas été mises en œuvre.
De notre place de professionnel.le.s, nous demandons l’ouverture immédiate des places restantes prévues pour la période hivernale et nous demandons aussi la prise en compte de la situation réelle des personnes sans-abri en région lyonnaise sans regard de leur situation administrative et donc l’ouverture de places pérennes inconditionnelles en dehors du plan froid.
Les besoins sont connus par les équipes, faut-il encore des morts pour que l’État applique ses lois ? Comment est-il possible d’annoncer que personne n’est dehors quand le 115 et le Samu social laissent des personnes sans solution quotidiennement ? Il faut sortir de l’idée reçue que les personnes SDF refusent d’être mises à l’abri quand 1500 personnes différentes font appel au 115. Comment peut-on parler du désir de se mettre à l’abri quand les solutions proposées sont indignes ? A quand l’ouverture de places adaptées ?
Nous attendons des solutions concrètes et immédiates, ainsi que la mise en place d’une politique sociale ambitieuse et proche du terrain pour que plus personne ne soit contraint de dormir dehors demain.
Si tel n’est pas le cas, parce qu’il en va de notre éthique professionnelle, nous nous verrons contraint.e.s d’engager un mouvement de mobilisation. Nous comptons sur la responsabilité des décideurs pour prendre la mesure de l’urgence.
Le Collectif des Professionnels de l’Urgence Sociale
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