Occupation de Bron, la gueule de bois

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Mouvement sur les retraites 4 compléments

Mercredi matin, je me suis levé avec une gueule de bois. Pas à cause d’une cuite, une gueule de bois de manifestant, ou plutôt d’occupant dans ce cas.

Pendant la nuit du 2 au 3, nous avons occupé le campus de Bron, comme il en avait été voté en AG. Une grosse bouffe, de la musique et c’était parti pour toute la nuit. On devait être une centaine, l’amphi D était en mode déco avec des affiches à l’humour plus ou moins efficace. Le directeur passe et croit bon de nous rappeler que ce que nous sommes dans l’illégalité. Rires.

L’espace était devenu pour la nuit une zone de liberté, où l’autre monde s’expérimente avec plus ou moins de succès. Alors, quand quelques un-e-s ont commencé à vider les salles de leurs tables, et à tenter un blocage de la zone, les autres ont observé (moi avec) avec le sourire aux lèvres. Une ambiance s’installait. Le hall est trop moche ? Pas de problèmes, ramenons des bacs à fleur, on aura des marches fleuries. Pour dormir ? Utilisons les tapis de sport. La bouffe est organisée sur une double rangée de tables de cours, le tout à prix libre, saucisson, deux énormes salades de pâtes et de riz avec des légumes, camembert... Un atelier "affiches" s’organise dans l’amphi et on part en scotcher un peu de partout, un couloir était devenu un amoncellement de chaises et de tables, les portes étaient bloquées par tout ce qui était transportable. Ma première occupation, et je le souhaite pas ma dernière, je découvre.

Mais à quatre heures du matin, on n’était plus que dix. Pourquoi personne n’est resté ? La peur de la réaction de la présidence ? Rien à foutre de tout ? « Pourquoi tu prends en photo ce qu’il y a écrit sur les tables ? » m’a t-on demandé. L’envie d’aller plus loin, de comprendre. Mais il me l’a dit : c’est rien ce qu’il y a là. Ça vaut rien. Alors pourquoi le faire ? Je recherche toujours une motivation à tout, et surtout, je vois les mouvements joyeux, or les inscriptions ne le sont pas pour la plupart. « Et même si tu as un pote en prison, tu voudrais un mouvement joyeux ? » Je reste muet. Après réflexion, oui, sans doute. Je préfère voir mes ami-e-s se battre avec les armes de l’humour agressif ou de l’humour tout court. L’efficacité d’un mouvement dépend de son nombre, et de ses références, de ses idées et aussi de la connaissance du fonctionnement de notre ennemi, donc des stratégies à adopter.

L’analyse doit être permanente. Je n’ai rien fait, parce que certains actes n’avaient pas de sens à mes yeux. Et je cherche encore. Brûler des trucs en mode piquet de grève ? Oui mais de jour avec des palettes, pas des dossiers. Le feu n’a d’ailleurs pas duré longtemps, éteint à coups d’instincteur. Péter des vitres ? J’ai pas vu, mais faire des ouvertures en plus n’aide pas au blocage quand on veux en faire un. Bloquer des portes ? Oui, mais on n’était plus que dix à la fin. Comment tenir un blocage à dix ? En tout cas, personne ne m’a forcé. Mais je suis resté passif, au lieu de débattre sur certaines actions. Et ça me fait chier. Si la conviction n’y était pas, c’est peut être pour ça qu’il y avait plus personne à quatre heure du matin. On a fait n’importe quoi ? Pour beaucoup de choses, non. Pour d’autres, j’en sais rien.

Putain de gueule de bois...

Dim

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  • Le 4 novembre 2010 à 21:51, par Thomas

    L‘anarchie est l’absence de pouvoir. Quiconque s’entête à voir derrière ce terme l’absence de barrières, prouve qu’il ne voit pas plus loin qu’un bœuf. Erich Mühsam.

  • Le 4 novembre 2010 à 09:34, par okupaction

    Il semble que l’idéal revolutinnaire de certains s’effrite avec le temps qui passe.
    Tout bloquer pour se barrer, pitoyable.

  • Le 4 novembre 2010 à 04:22, par Un nom original

    Entièrement d’accord. Après tout cette bonne soirée, de rencontre, de partage, terminer à 10, c’est le genre de truc qui me révolte encore plus ! C’est bien beau d’être pour une occupation mais s’il n’y a plus personne à 3h du matin je ne vois pas trop l’intérêt ... Enfin, je sais pas, si ce qui a été fait a été particulièrement utile ou pas mais de partir dans la nuit l’était encore moins à mon gout.

    Sinon, j’aime bien la comparaison de b avec la crémaillère !

  • Le 4 novembre 2010 à 03:13, par b

    pour rappelle :
    environ 10 tables casser
    environ 10 chaises casser
    3 extincteurs vidés (dont un pour éteindre un feu)
    1 machine à soda cassé (au frais de l’entreprise qui se fait plein de rond sur le dot des étudiants en faisait payé le cl de boisson 3 fois son prix)
    1 vitre de porte casser
    un tas de dossier périmé bruler (oui par ce que bon ces même archives on les retrouvent tout les ans par dizaines de kilo dans des grands sacs plastique noire destiné à la poubelle et qui traine dans le couloir d’une composante qui se débarrasse de son stock, allez demandé au secrétariat de psycho )

    alors oui c’était débile de casser dans cette situation précise où la présidence n’attendais que ça.
    Mais bon finalement ça ne c’est pas plus mal fini que beaucoup de crémaillère organiser dans les colocs étudiante de la ville. (même si là encore (plus) casser les affaires des gens qui vous invite a faire la fête c’est pas gentil, pas bien du tout, méchant ! méchant ! .... )

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