PRISONS POUR MINEURS

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Enfants déshérités du Capital,rejetons du chômage et de la galère, fils du béton et
filles de l’atomisation, l’individualisme, la solitude, gamins de la croissance et jeunes
de la télé, fils de rien ou filles de la misère... Ces enfants perdus que le capitalisme
démocratique n’a pas réussi à pacifier – à coup d’intégration, de « grands frères »,
ou à coup de tonfa –, il est désormais nécessaire de les isoler, de les cacher, de les
enfermer loin des honnêtes gens, des serviles travailleurs, et des bons citoyens...

EN 2005 LE GOUVERNEMENT avait annoncé
la construction de sept Établissements
Pénitentiaires pour Mineurs. En Mars 2008, six
sont déjà ouverts à Lavaur près de Toulouse, à
Orvault près de Nantes, à Quiévrechain près de
Valenciennes, à Marseille, à Porcheville dans
les Yvelines et à Meyzieu dans l’agglomération
lyonnaise.

Rappelons que l’âge pénal est maintenant de 10

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ans et l’incarcération possible à partir de 13 ans.
Les peines prononcées sont en général diminuées de moitié par rapport à celles d’un adulte
et durent en moyenne deux mois et demi. Le fait
de présenter les prisons pour mineurs comme
des projets pédagogiques et de réinsertion a
pour effet d’alourdir les peines prononcées par
les juges. Ces prisons pour mineurs complètent
la palette des mesures prises contre la « délinquance des mineurs » : liberté surveillée, place-
ment en foyer, en centre d’éducation renforcée
(CER), en centre d’éducation fermée (CEF), ou
incarcération dans les quartiers pour mineurs
des maisons d’arrêt pour adultes. L’objectif est
de créer 420 places de détention dans 7 établissements de 60 places chacun.

Le gouvernement « vend » ces EPMs comme des
lieux éducatifs. Des professeurs de l’éducation
nationale, des éducateurs et des matons y travaillent ensemble. Ce sont bien les trois leviers
de la normalisation que sont l’éducatif, le médical et le carcéral qui sont en action. Le ministère
de la Justice demande aux architectes de penser un dispositif qui permette « le regard constant
d’un adulte sur les mineurs et qui facilite les
vues les plus larges possibles ».

Briser les gens pour les « insérer », logique des
EPM, logique des prisons en général. Qu’il
s’agisse de mineur-es ou d’adultes, la prison ne
solutionne rien.

Et plus particulièrement
à Meyzieu

L’EPM de Meyzieu a été ouvert le 11 Juin 2007,
ce sont majoritairement les jeunes du quartier
pour mineurs de la prison St-Paul à Lyon qui
y ont été transférés. Quelques jours plus tard,
le 18 Juin, les ERIS devront intervenir pour
mettre un terme à une mutinerie. Quatre
mineurs après dîner ont refusé de regagner leur
cellule. Reconduits de force, ils ont tout saccagé.
D’après un communiqué de l’un des principaux
syndicats des services pénitentiaires : « Les
cloisons en placoplâtre n’ont pas résisté !
L’unité de vie a été mise hors d’usage. » Malgré
l’intervention des éducs, puis des surveillants,
l’établissement a donc fait appel aux ERIS
(équipe régionale d’intervention et de sécurité),
qui opèrent ponctuellement dans les prisons.
Elles interviennent le plus souvent en renfort
des agents sur place, dans le cadre de missions
de maintien de l’ordre (fouille générale par
exemple) ou de rétablissement de la sécurité
(en cas de mutineries). Suite à cette intervention,
tous les détenus ont été transférés dans d’autres
structures pour mineurs et les quatre jeunes sont
passés en comparution immédiate (traitement normalement réservé aux majeurs, c’était la
première fois !). Ils ont pris chacun sept mois
fermes supplémentaires.

En juin également, les éducateurs protestent
contre le manque de moyens et de personnels
dans ces nouveaux établissements. Depuis, ils
protestent contre le va-et-vient permanent du
personnel. Peu de monde arrive à rester dans
ces conditions.

Le 1 Février 2008, à Meyzieu, premier suicide
dans un EPM.

Julien, 16 ans, incarcéré depuis un mois et demi
est retrouvé mort pendu au système d’aération
de sa cellule dans l’EPM. La direction régionale
de l’administration pénitentiaire indique que
le garçon avait déjà essayé de se suicider, une
semaine après son arrivée. Il s’était alors démis
l’épaule en tombant dans sa tentative. Huit jours
auparavant, il avait mis le feu à sa cellule en
transformant son tee-shirt en torche pour le
jeter dans la cour. Il avait aussi tenté de brûler
son matelas. Suite à ces différentes tentatives, il
aurait changé quatre fois d’unité de vie. Apparemment, il aurait passé plusieurs heures en
« cellule d’attente », une cellule de un mètre sur
un mètre, en caleçon. Et c’est donc le samedi 2
février qu’il est retrouvé pendu dans sa cellule.
Son suicide arrive quelques jours après qu’il ait
appris qu’il ne devait plus être transféré dans un
autre établissement (CER). Le suicide a été caché
(du moins officiellement) tout le week-end aux
autres détenus, pour éviter une explosion. Car
à Meyzieu, les incidents se multiplient.

Le samedi 9 fevrier 2008 une manifestation en
soutien aux détenus et aux proches de Julien
a eu lieu.

Le 29 mars, nouvelle tentative de suicide d’un
détenu de dix-sept ans qui venait tout juste d’intégrer la prison. Il a cassé un néon et a essayé de
s’ouvrir les veines avec les éclats de verre.

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Photos volées au site LibéLyon

Après la manifestation le 9 février 2008, suite au
suicide de Julien à l’EPM de Meyzieu, un groupe
s’organise pour aller régulièrement aux parloirs
rencontrer les familles. Parce qu’il nous semble
important de connaître le fonctionnement de
cette structure et de le faire connaître publiquement. Parce que nous voulons que notre présence soit un poids pour l’administration pénitentiaire. Pour apporter aux familles autant que
nous pouvons de solidarité et de soutien. Parce
que maintenant que ces établissements sont
en fonctionnement, nous voulons continuer à
lutter contre et ne pas les laisser se fondre dans
la normalité.

Bien sûr, l’administration pénitentiaire n’a pas
tellement envie de nous voir parler avec les
familles. Il faut dire que ce que racontent les
familles ne correspond pas tellement à ce que
devrait être ce « site pilote pour les règles pénitentiaires européennes ». C’est donc régulièrement que nous nous sommes fait-es éjecter, par
les matons ou par les flics, avec menaces de
nous faire embarquer pour « rébellion » si nous
persistions à vouloir parler avec les familles, ce
que nous ferons.

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