Permis de construire : Sous les parpaings, c’étaient les fafs, pas la plage ...

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Le 26 octobre prochain, cinq antifascistes lyonnais-e-s seront jugé-e-s pour une affaire qui pourrait preter à rire si elle n’avait pas été une préoccupation aussi sérieuse de la police et des juges locaux : le murage du Bastion Social.

Les faits remontent au 10 avril 2018 : une joyeuse petite bande d’une dizaine de militant-e-s autoproclamé-e-s macon-ne-s pour l’occasion, intente une action symbolique contre le local de feu le Bastion Social, organisation dissoute par le gouvernement en 2019, connue pour être un nid de nationalistes révolutionnaires notables, ceux-là s’illustrant par leurs habituels collages, tractages et passages à tabacs racistes, homophobes, transphobes, islamophobes et antisémites. (Mais qui s’en étonne ?)

Ainsi, cette action aurait pu rester une anecdote symbolique dans la lutte antifasciste lyonnaise, mettant en lumière un lieu d’organisation des nazillons du coin, et pour cause : elle aura consisté en un murage des entrées du local, agrémenté par quelques graffitis du plus bel effet ... Mais c’est sans compter le déchainement répressif qui a suivi sept mois plus tard.

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Le 13 novembre 2018 auront lieu les perquisitions simultanées de six domiciles de nos supposé-e-s batisseur-euse-s de l’extrême (gauche).
Cassages de portes en règle, braquages des militant-e-s à six heures du matin par le PSIG ou bacqueux cagoulés, saisie des ordinateurs, téléphones et disques durs, vol d’une centaine de livres en tout, de beaucoup de matériel militant (une centaine d’affiches, un millier de stickers, environ 600 badges, quatre drapeaux) et des vêtements à connotations politiques dénichés au fond des placards ... Livres, t-shirts et matériel seront ordonnés à la destruction.

S’ensuivra une garde à vue de 48 heures, avec à la clef une présentation au juge d’instruction.

Les six personnes seront finalement mises en examen et pendant les deux ans de la durée de l’instruction, elles seront placées sous contrôle judiciaire, avec interdiction de se voir et limitations de leurs déplacements. Leurs charges retenues sont le classique « outrage à personne dépositaire de l’autorité publique » (pour un tag « ACAB » aperçu aux alentours de la scène du crime), association de malfaiteurs, dégradations aggravées en réunion et refus de divulguer les codes de décryptage ... À la fin de l’instruction, une personne sera finalement retirée du dossier par manque de preuves et la charge pour association de malfaiteurs sera abandonnée.

S’iels avaient su qu’à peine quelques parpaings et un peu de ciment feraient tout ce bordel, nos maçon-ne-s radicalisé-e-s y seraient sans doute allé-e-s au pied de biche ...

Des années après ce terrible forfait, nous trouvons tout de même curieux, d’autant plus dans une ville comme Lyon, connue pour être la pouponnière de bien des groupes d’extreme droite, adeptes des ratonnades racistes et de la chasse aux gauchistes, que ce soit à des antifascistes que la justice vienne encore chercher des poux ...

On ne compte plus le nombre d’agressions à caractère homophobes, transphobes et racistes qu’a connu le pays durant les cinq années qui nous séparent des faits.

Un énième procès contre des militant-e-s d’extrême-gauche prend aujourd’hui le goût amer et très inquiétant de la banalité, à une heure où les lois racistes et islamophobes se succèdent, ou les crimes policiers se multiplient et que leur permis de tuer se retrouve institué, où les frontières n’ont jamais été aussi meurtrières, où les conséquences désastreuses des politiques occidentales néocoloniales des dernières décennies sèment partout dans le monde la guerre et les massacres, obligeant des milliers et des milliers de personnes à l’exil.

Cerise sur le gâteau, un des cinq inculpé-e-s se retrouve à passer en procès ce même jour, et à la même heure, et dans la même salle (!!) pour une affaire d’outrage et rébellion liée au port d’un tee-shirt « NIKE la police » dans ce même tribunal lyonnais. Crime de lèse-majesté s’il en est, qui a fait couiner jusque dans les rangs de l’Assemblée nationale ...

Nous ne nous y trompons pas, nos camarades se retrouvent inculpé-e-s dans cette affaire non pas pour trois parpaings et deux tags, mais bien pour s’être montré-e-s combatif-ve-s et déterminé-e-s face aux milices fascistes, et pour s’opposer à la politique sanguinaire de leurs homologues légalisés que sont nos gouvernements et leurs chiens de garde.

Face aux fachos de tous bords, face à leur barbarie, la solidarité est le ciment de nos luttes !
Nous appelons à venir massivement soutenir nos ami-e-s macon-ne-s devant le TGI de LYON le 26 octobre prochain !

Force aux batisseur-euse-s antifascistes !

RDV devant le TGI de LYON le 26 octobre à partir de 13h30

Appel à soutien pour les antifascistes lyonnais⋅es

Vu l’ampleur des dégâts et du préjudice financier suite à l’action de la police et de la justice, le Groupe Antifasciste Lyon et Environs fait appel à votre solidarité en passant par un pot commun.

18 novembre 2018

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