Le centre de ce qui se dit, de ce qui se discute en assemblées (géantes) c’est la place de l’être humain dans la société. C’est un mouvement civique et humaniste, c’est réel. Les gens ont lu Stephen Hessel (Indignez vous !) et reprennent ses phrases. Ils ont regardé l’Islande poursuivre ses banquiers en justice et renverser son gouvernement, et donc ils prennent conscience de leur importance dans une société qui les dévalorise.
Depuis 76, les espagnol-e-s ont vécu une transition démocratique avec le roi. Mais ça n’a plus de sens aujourd’hui (même si l’appel de son départ n’est pas encore franc), car cette démocratie est un échec ou les un-e-s se gavent au détriment des autres (comme toutes nos "démocraties"). Les scandales politiques et financiers ont révélés les véritables failles d’un pouvoir bi-partidiste qui ne respecte personne hormis les intérêts des lobbies qui les financent et de médias qui les encensent (les même lobbies financiers dont le discours a perdu toute sa crédibilité).
Les gens ne sont pas « anti système », ils veulent que le système fonctionne. Pour cela, on ne peut plus permettre qu’un maire gagne 120 000 euros par mois (Barcelone) quand on touche 426 euros de chômage (exemple symbolique parmi tant d’autres). Ça ne tient plus la route.
Ce mouvement est beaucoup plus profond qu’un clivage gauche-droite. Il revendique une démocratie réelle ! C’est à dire une démocratie directe. Personne n’est dupe, la gauche et la droite défendent les marches financiers depuis des années, pas la population ; d’où l’abstention généralisée des deux partis principaux. C’est un mouvement du XXI ème siècle qui a créé ses propres médias de communication en partenariat avec les réseaux alternatifs de 33 pays (grâce à vous !). 150 traducteur/trice/s volontaires offrent leurs service depuis la plaza Catalunya de Barcelone.
On est vraiment en train de créer quelque chose de nouveau et tout le monde en est conscient-e. Depuis la révolution Tunisienne, le peuple a conscience de lui-même. Ce système de pseudo démocratie est mort parce que plus personne n ’y croit. Et quand plus personne ne croit a un système, il se transforme. Car c’est le peuple qui fait le monde, c’est toi, c’est moi...c’est nous. Avec nos différence, nos idées qui ne convergent pas toujours. Et sur les places d’Espagne, il y a des « gens de droite », des « gens de gauche » tou-te-s réunies parce que la « gauche » et la « droite » n’existe plus, c’est FINI.
Le PP a gagné les élections parce que l’abstention est une idée de gauche : seule la gauche s’abstient de voter, la droite et les fascistes vont voter. Siempre. Dans certains bureaux de vote, il n’y avait aucun parti de gauche… Parce qu’elle n’existe plus. Parce que nous devons créer de nouvelles stratégies électorales. Parce que ce système de vote est fait pour qu’une minorité dirige la majorité. Et nous ne pouvons plus permettre que les droites européennes qui représentent environ 30% de la population gagnent notre continent à cause de l’abstention…ou parce que l’abstention est ignorée.
Ce qui se passe sur les places espagnoles, c’est une école de la révolution. Nous sommes en train d’apprendre, de nous former. Nous n’avons jamais vécu ça. Nous ne nous étions jamais organisé-e-s de la sorte en Europe. Nous n’avons aucune idée de ce qui passera demain ce que tout le monde sait, c’est que la façon de nous lier entre nous a changé. Et il n’y a pas de marche arrière.
Sur la plaza Catalunya, j’ai vu des clochard-e-s manger gratuitement à côté de banquiers (je n’ai pas vu de banquières…), d’ancien-ne-s, de trans, de féministes, d’enfants... Ce qui signifie que désormais tout le monde a conscience de la réalité de l’autre. C’est pourquoi ce mouvement est non violent. Parce qu’il est ouvert à tou-te-s, tolérant avec chaque espace depuis lequel les voix s’expriment. Car c’est ce qui importe désormais, ne plus nous haïr et nous ignorer entre nous puisque c’est ce que le système nous demande.
La cuisine est l’incarnation de notre autogestion. Nous avons tou-te-s donné 1 euros pour le repas du 19/05. Depuis, tout le monde mange gratuitement plusieurs fois par jour parce que les richesses sont redistribuées et la solidarité est énorme (dons). L’Europe est riche. Et tout le monde s’en rend compte. Il reste 7000 euros dont personne ne sait quoi faire… Nous avons trop de nourriture et trop d’argent sur notre campement dans un pays où les frigo sont vides le 15 du mois…Ça appelle à réflexion.
Évidemment le changement va s’opérer sur du long terme. La stratégie est bien différente de celle que nous utilisons en France. Les manifestations dans les rues sont rares. Les gens continuent de travailler même si l’idée d’une grève générale gagne du terrain. Les commissions veulent d’abord sensibiliser hors de la place et dans les entreprises. Il s’agit de reprendre l’espace public, d’y vivre, de ne pas nous épuiser, de retarder la confrontation policière. La consommation d’alcool est casi inexistante et on danse, on rit, on réfléchi. La répression est absente à Barcelone ce qui nous laisse créer et résister. La police refuse de nous chasser (pour le moment), c’est-à-dire qu’il semblerait qu’eux aussi aient pris conscience…
La commission internationale a besoin de savoir ce qui se passe en France et à Lyon. Nous n’avons pas d’informations. Qui s’est réuni sur les places ? Des français-e-s ? Des espagnol-e-s ? Des franco-espagnol-e-s ? QUI ÊTES VOUS ???
Ci joint le mail du coordinateur de la commission internationale section FRANCE : blakkat34@hotmail.com
La LISTE des collectifs impliqués dans le mouvement : http://lists.takethesquare.net/mailman/listinfo/cominterm
Je sais que le thème du pacifisme est difficile en France vu l’extrême violence de la police et la haine générée entre les diverses classes sociales, ethniques, de genres, et politiques depuis des années. Mais nous devons y arriver. Nous devons nous efforcer ensemble de propager ces idées de justice et de liberté, répandre l’action non violente, non raciste, non sexiste dans nos corps, dans nos cœurs, dans nos maisons, dans nos rues, dans nos pays, dans le monde…
La révolution commence par soi même -comme disais je ne sais plus qui- le monde change grâce à nous.
"Es la hora que seamos tod@s poetas alegres
¡¡¡y gritarlo !!!« »Il est temps que nous soyons tou-te-s des poètes heureux-es et que nous le criions !!!"
EmiSaire
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