Pour nous, anarchistes, l’écologie n’est pas seulement la défense des petits oiseaux, la sacralisation de la nature, nouvelle déesse. Depuis déjà un siècle, notamment avec Elysée Reclus, nous nous posons la question de l’intégration harmonieuse de l’homme dans son milieu, de la gestion pérenne des ressources, de l’élaboration d’une société où la qualité de
la vie sociale soit plus importante que la quantité de production.
En héritier du christianisme, le libéralisme place l’homme en opposition avec la nature qu’il doit soumettre et maîtriser. Où d’autres cultures prônaient l’harmonie et le respect de celle-ci. Au XVIIIe siècle, sous l’impulsion de Mandeville et Adam Smith, l’économique s’émancipe par rapport à la morale et au politique, et se constitue en champ autonome de la vie sociale. « Au lieu que l’économie soit encastrée dans les relations sociales, ce sont les relations sociales qui sont encastrées dans le système économique »(Polanyi). Aujourd’hui l’homme est le serviteur du Léviathan économique. Les familles sont dispersées, les solidarités dissoutes, les rythmes biologiques bousculés, toute notre vie sociale est calquée sur les desiderata d’une augmentation de la productivité qui, selon le catéchisme libéral et l’idéologie du développement mercantile, « le doux commerce », est la seule voie d’accroissement de la richesse et donc du bien être. Ce dogme est-il encore défendable aujourd’hui quand les salariés stressés se suicident par dizaines, quand la pauvreté n’a pas reculé dans le monde, que la malnutrition fait des ravages, que des milliers de personnes ne
peuvent se loger, que la recherche du profit individuel et la volonté d’accumulation illimitée du capitalisme ont pollué l’air, les terres, les mers, mettant en danger la santé, en péril la survie de l’humanité. Quand le commerce, le « business », au lieu d’amener la paix est un fauteur de guerres.
Il convient de ne pas se laisser prendre au piège de la communication verte des entreprises et des technocrates d’Etat, et de bien comprendre que le libéralisme économique et l’idéologie de la croissance sont les responsables de la dégradation de l’environnement, du réchauffement climatique, de notre délabrement psycho somatique. Il est urgent d’inventer un autre modèle de société où le bien être ne soit pas lié à l’accumulation de marchandise mais au développement des liens sociaux, de la convivialité, de la solidarité et de l’entraide. Un modèle d’écologie sociale basé sur l’intégration et l’harmonie de l’homme dans la société et dans la nature. C’est le projet anarchiste, fondé sur l’égalité économique et sociale, la participation de tous à la définition des besoins raisonnables, des ressources affectées, des modes de production. Parce que la prise en compte des désirs de chacun est la seule manière de contrer l’égoïsme individuel, parce que le communisme libertaire est la seule façon de lutter contre les privilèges et les inégalités, nous militons pour une écologie sociale, égalitaire et libertaire.
Texte extrait du journal de la CGA69 L’Égalité Économique et Sociale de novembre 2009
Coordination des Groupes Anarchistes
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