L’année capitale de la Culture a été le « cheval de Troie » inattaquable et l’accélérateur d’un processus de transformation urbaine qui ne profitera pas à tout le monde. Comme partout, cette « rénovation » dessine une Ville Nouvelle avec un centre-ville d’où seront chassés les plus pauvres, et où l’on fera tout pour attirer les « investisseurs » et les « classes moyennes créatives » qui font les villes modernes. Comme partout grossiront en périphérie des quartiers de plus en plus isolés et abandonnés, peuplés d’inutiles à la « Métropole ». La Ville Nouvelle se fait à coups de bulldozers et d’expulsions, mais avance mieux lorsqu’elle est précédée d’une avant-garde colorée et pacifique.
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"Nous installons en notre sainte citadelle ce monstre de malheur. À ce moment aussi, Cassandre ouvre la bouche, dévoilant l’avenir,elle que,
par l’ordre d’un dieu, les Troyens n’ont jamais crue. Et nous, malheureux, qui vivions notre dernier jour dans la ville,
nous ornons les temples des dieux de feuillages de fête."
Virgile, ÉNÉÏDE, Livre II
Marseille est en passe de devenir une ville comme les autres. Sous les assauts répétés des politiques d’aménagement, elle se lisse, s’embourgeoise, s’uniformise. Cette transformation se fait au prix d’une exclusion des classes populaires, repoussées toujours plus au Nord. Son élection en 2013 au titre de « Capitale européenne de la culture » a permis une accélération spectaculaire de cette mutation. Là où brutalité et pelleteuses avaient pu cristalliser inquiétude, résistances et analyses, les festivités nous ont plongés dans un état de stupeur. Elles n’ont laissé d’autre choix que de participer ou de se taire.
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