Entré un temps dans la clandestinité, le "robin des banques" est réapparu publiquement et a été incarcéré deux mois au printemps 2009, puis libéré sous caution en attendant d’être jugé. Vient de sortir "Queremos" (="Nous voulons"), troisième volet de ce travail collectif qui détaille des pistes pratiques pour « entamer la transition vers la décroissance et vivre sans capitalisme » dès aujourd’hui.
Enric Duran est accueilli à Lyon par la revue Silence
le Dimanche 17 Janvier 2010 à 20h
à L’Atelier
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LETTRE PUBLIQUE D’ENRIC DURAN QUAND IL ÉTAIT À LA PRISON DE BARCELONEDéfendre ma liberté c’est défendre le débat libre et sérieux sur le modèle de société nous voulons. Le procureur, représentant 19 des 39 banques et entités financières que j’ai exproprié, m’a placé en prison préventive arguant que "les faits sont graves" et que "il y a risque de fuite". Les banques osent qualifier mon action de grave alors que c’est leur création d’argent sans base réelle et leur spéculation financière folle qui l’a provoqué :
Qu’ils aient eu besoin de prêts d’argent public d’un montant 100.000 fois supérieurs à la somme qu’on me réclame.
Que, comme résultat de ce système financier, ces dernières années aient été celles de la plus grande destruction d’écosystèmes et du plus important épuisement de ressources fossiles et minérales. Une destruction croissante à laquelle nous sommes condamnés par un système qui a besoin de croître pour fonctionner, de piller toujours plus la nature pour pouvoir se maintenir.
Que le chômage ait atteint 17% de la population espagnole et continuera d’augmenter.
Que des millions de personnes soient en train de perdre leur propriété et obligées de fermer leur commerce pour ne pas pouvoir rembourser leurs dettes, et sont donc condamnées à l’endettement à vie.Ce que j’ai fait avec les milliers de personnes et groupes qui avons collaboré à la publication de CRISI du 17 septembre 2008, et de PODEM (NOUS POUVONS VIVRE SANS CAPITALISME) du 17 mars 2009 a été de générer un débat social nécessaire sur le modèle de société que voulons. Le moment de crise structurelle actuel est aussi la meilleure opportunité que nous avons de changer le cours des choses avant qu’il ne soit trop tard.
Oui, la situation est grave, la situation où nous a amené la banque, comme fer de lance d’un système périmé qui fonce vers l’abîme. Mon action a été simplement une manière de mettre ces questions en évidence, d’ailleurs, les mêmes banques, qui aujourd’hui m’accusent, déclaraient cette action sans importance ou ils la démentaient, mais c’était en septembre quand nous l’avons rendue publique et qu’ils croyaient qu’ils pouvaient nous faire taire.
D’autre part, concernant le risque que je prenne la fuite, soyons cohérents :
Comment ont-ils pris connaissance de mon action ? Parce que c’est moi qui l’ai publiée.
Comment ont-ils pu m’arrêter ? Parce que je me suis présenté au public en conférence de presse à l’Université de Barcelone, là où ils m’ont arrêté le lendemain, des heures après avoir obtenu l’ordre de détention. Je n’ai donc pas fui les services de Justice, puisque qu’entre l’ordre et la détention effective s’étaient écoulées quelques heures.« Risque de fuite » ? Ce sont les banques qui fuient l’examen de leurs comptes, pour éviter que nous les montrions du doigt en disant que ce sont elles le problème.
La véritable raison de mon emprisonnement préventif est simplement le danger que représente pour le pouvoir financier ma présence sur la place publique avec un discours plus fort, plus clair et plus direct que ce qu’ils peuvent assumer. C’est le même discours que celui de la publication PODEM (NOUS POUVONS VIVRE SANS CAPITALISME) qui est en train de générer ces jours-ci un grand débat social.
Ma voix n’est qu’une parmi tant d’autres, mais c’est une voix qui symbolise aujourd’hui l’insoumission aux banques, à la croissance et à l’ensemble de l’actuel système en crise. Une insoumission qui met en évidence la soumission de la classe politique. C’est pour cela que j’ai été emprisonné, c’est pour cela que défendre ma mise en liberté immédiate c’est défendre la liberté d’expression et le libre débat concernant le modèle de société que nous souhaitons, afin de résoudre la crise systémique actuelle. Parce que nous sommes de plus en plus nombreux et des personnes de plus en plus diverses à penser que nous pouvons vivre mieux sans capitalisme, et que nous pouvons être ici et maintenant le changement que nous souhaitons !
ENRIC DURAN, le 20 mars 2009
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