Je rentrais d’un repas avec des amiEs dimanche vers 17h et je décide de passer par la rue Moncey pour rentrer chez moi.
Arrivée au milieu de la rue, je vois une foule de personne courant pour partir de la place Bahadourian, paniquée et les yeux rouges. En face de moi, un épais nuage blanc de lacrymogène flotte au-dessus de la place.
Je m’approche d’un groupe de personne au coin d’une rue et demande ce qui se passe. On me répond « on ne sait pas, la police a lancé des lacrymogène et tape des gens sur la place. ».
Personne ne peut me donner d’explications.
Je contourne la rue Moncey, des voitures essayent de quitter précipitamment les rues proches de la place. Je me rapproche de celle-ci, l’air est irrespirable je croise des enfants qui pleurent et se frottent les yeux. Le long du commissariat du 3e des barrières, tout le long des policiers et la Bac armés et faisant face aux passantEs flash-ball à la main : les rue Jean-Jacques et Pierre Corneille sont bloquées par les policiers en mode « combat », impossible de passer.
Arrivée sur le cours Saxe Gambetta, je suis stupéfaite par le dispositif de police, la rue est bloquée par des rubans rouge et blanc, pas moins de 15 camions de CRS, police et bac tous sortis de leur véhicules par groupe de cinq qui envahissent nos rues et posent un climat de terreur.
L’orage éclate, par groupes, tous et toutes choquéEs, nous nous mettons à l’abri sous des hauts vents ; les habitantEs sur un côté du trottoir, de l’autre la police.
Soudain une femme énervée dont les vêtements sont tâchés de lacrymo, interpelle les policiers pour savoir pourquoi elle a été gazée, le ton monte.
Une dame âgée et deux enfants l’incitent à remonter dans sa voiture, la voiture redémarre, un des enfants à l’arrière de la voiture semble faire un geste en direction des flics. Un policier énervé poursuit la voiture, ouvre la portière et essaye de tirer l’adolescente hors de la voiture, la mère panique accélère, pour finalement s’arrêter plus loin. La mère sort de la voiture énervée, les CRS arrivent en nombre nous menaçant de leur flash-ball et nous ordonne de nous plaquer contre le mur. Un homme proteste et indique qu’il a son fils dans les bras.
Des personnes filment la scène, des personnes interviennent pour calmer la femme et éviter son interpellation.
Des « police raciste », « vous aimez pas les arabes » fusent. La voiture redémarre…
L’orage se calme, le quartier est toujours bloqué, il est maintenant 18h…
Je me redirige vers la place pour chercher des témoignages…je retrouve d’autres habitantEs du quartier.
Nous retrouvons 8 douilles de lacrymogène et 4 de flash ball éparpillés sur toute la place et au milieu même des stands. Nous les mettons alignéEs pour faire des photos, les passantEs viennent nous voir, prennent des photos et commencent à nous raconter ce qui s’est passé.
Une voiture était mal garée, des policiers auraient ouvert violemment la voiture et secouée la femme du côté passager. Le mari, côté conducteur, serait sorti énervé de la voiture. La tension est montée, les passantEs s’en sont mêléEs. [1]
Il semblerait aussi que la police soit intervenue pour démonter un stand qui se trouvait sur le trottoir et bousculé une personne âgée.
Dans quel ordre les fait se sont passés ? Il faudra attendre encore des témoignages et voir les nombreuses vidéos faites. La police a demandé aux personnes de reculer, elles ont refusées et expliquer qu’elles n’avaient rien fait. Les 5 policiers ont commencé à lancer des lacrymo. La colère a entrainé des jets de projectiles entre des personnes se trouvant sur le marché et la police.
Premier bilan selon les premiers témoignages :
une fillette emmenée par les pompiers suite aux jets de lacrymogène ;
une femme ayant reçu une balle de flash ball dans la cuisse.
Comment la police a pu gazer toute une place, remplie de famille, d’enfants et de personnes âgées venues juste faire leur course ? Peut-on accepter que notre quartier soit encerclé par un dispositif aussi important ? Sommes nous des terroristes ?
Ces actions font le jeu de l’extrême droite et les articles de la presse locales sont intolérables [2]. Je n’ai vu aucun journaliste hier. Les journalistes lyonnais vont-ils se décider à faire leur boulot en allant sur place ? Ou juste continuer à appeler la police et la préfecture pour avoir des informations ?
Plus que jamais nous devons être solidaires et dénoncer les abus policiers !
Une habitante du quartier
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