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Précisons d’emblée qu’il n’est pas question ici de chercher l’approbation de la présidence pour la lutte. Lorsque cette dernière n’est pas l’agent servile des politiques gouvernementales, elle agit de toute manière sous la pression, politique, économique, d’un jeu de représentations du milieu universitaire, de plus en plus visible avec la mise en concurrence des structures universitaires. Donc, rien à faire que la présidence tolère ou non le mouvement étudiant, la question n’est pas là.
Par contre ce matin du mercredi 3 novembre, elle a en mains les éléments rêvés pour lancer une répression sur un mouvement qui pourtant n’existe presque pas sur les campus. Les dossiers d’étudiants cramés, entre autres, serviront de prétexte à mettre fin, avec l’aide de la police, à toute prochaine tentative d’occupation. D’ailleurs quel intérêt de mettre le feu à des dossiers d’étudiants et des chercheurs ? Quel intérêt à démonter les appareils incendies ? De plus l’absence de communication de la part des occupants nous empêche d’avoir d’autres éléments que ceux, évidemment biaisés, proposés par la présidence.
Si ces évènements sont confirmés (ou dans le cas contraire, si aucune autre communication de vient contrecarrer celle de la présidence), on imagine facilement le mouvement de défiance vis-à-vis du mouvement dans une partie de la communauté universitaire. Les étudiants jusque-là peu mobilisés n’auront certes pas l’envie de rejoindre une occupation présentée uniquement comme destructive.
Idem pour les employés de l’université (administratifs, IATOSS, enseignants, accueil, etc) qui pourtant ne sont pas insensibles à la lutte en cours (et je ne parle pas ici des retraites, mais d’une lutte plus globale [1]).
Bien sûr, les formes de la mobilisation étudiante n’ont pas pour rôle unique d’étendre le mouvement au reste de la communauté universitaire, et je ne nie pas le droit à une minorité d’agir sans attendre le reste de la communauté ; je me pose juste la question de l’intérêt de ces actions, qui ne servent en rien la lutte, mais qui pousseront une partie des étudiants et travailleurs à se désolidariser du mouvement. En plus de quelle casse on parle là ? Ce n’est pas du sabotage, ce n’est pas un outil de travail qui est visé, ce n’est pas non plus une boutique de luxe, mais le lieu de savoir ou certains d’entre nous étudient, travaillent, enseignent...
blocage ou occupation ?
Je suis assez étonné de voir dans les forums de Rebellyon un nombre important de commentaires, dès l’annonce de l’occupation, dénonçant une occupation « sans intérêt » pour promouvoir un blocage plus « symbolique » et pertinent pour la lutte.
Pour avoir vécu un certain nombre de mouvements étudiants, entre autre sur les campus de Lyon II, je reste persuadé que l’occupation est plus pertinente que le blocage.
D’abord parce qu’une occupation, à l’instar d’un piquet de grève, est l’occasion de se rencontrer et de débattre au delà des strictes questions des AGs (projections, débats, etc), de mettre en place des alternatives en actes (bouffes organisées en autogestion, création d’un journal de lutte, etc).
L’argument principal du blocage est que, en stoppant les cours, il permet aux étudiants de participer aux manifestations. Pourtant nous sommes les premiers à affirmer que la lutte ne se gagne pas uniquement par les manifestations traditionnelles, mais par la construction d’autres rapports, d’espaces d’autonomies politiques, d’espaces de constructions d’alternatives. Alors blocage des cours, oui, mais pour mieux construire une alternative collective, autogestionnaire, dans les locaux occupés, pas pour déserter les campus.
Pendant certains mouvements étudiants l’université occupée était devenue un véritable lieu d’échanges et de constructions. Un lieu occupé mais avant tout ouvert à tous ceux qui désiraient venir débattre, expérimenter, et pas uniquement profiter de ce blocage pour participer aux manifestations...
Ce texte est évidemment une réaction à chaud, et une analyse des évènements est évidemment nécessaire par la suite, avec plus de recul. Un récit, ou une analyse, par les occupants eux-même est également souhaitable. Proposez vos articles à rebellyon.info !
Ce matin l’évènement s’affiche déjà, par le biais de la vision de la présidence, dans les médias traditionnels... Il nous faut donc de toute urgence la version des occupants.
Un acteur de l’université.
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