« Nous sommes des antifascistes et pas des barbares venus à Turin pour ravager et piller. Nous sommes portés par l’idéal et les valeurs qui trouvent leurs racines dans la première résistance aux escadrons opposés aux organisations ouvrières et dans la résistance partisane qui libéra l’Italie du nazisme.
La manifestation antifasciste du 18 juin 2005 avait été organisée uniquement pour protester publiquement et informer les Turinois sur la lâche agression au "Barocchio" [1] On ne cherchait ni heurts avec la police ni à détruire, et encore moins à piller. L’agression au "Barocchio", dans laquelle deux personnes ont été poignardées pendant la nuit, était d’une énorme gravité et nécessitait une réponse publique de la part de l’antifascisme turinois. L’agression n’était pas un épisode isolé mais s’inscrivait dans un plan bien précis mis en acte par la droite radicale italienne pour l’élimination physique des habitués des centres sociaux (épisodes semblables à Milan, Bergame, Rome, Vérone)
Face à ce danger, il fallait donner un signal fort à la vermine nazie et lui montrer l’unité et la force de l’antifascisme Turinois. On ne pouvait pas se limiter à distribuer des tracts. Pour ceci, uniquement pour ceci, nous sommes descendus manifester avec des bâtons : pour montrer aux fascistes que l’on est décidé, déterminé à nous défendre. C’est seulement pour ne pas être reconnus par les naziskins qui auraient pu se trouver sur le parcours de la manifestation que quelques personnes s’étaient masqué le visage (il y a quelque temps, à une manifestation étudiante, un jeune qui distribuait des tracts sous les porches de la rue Cernaia avait été poignardé) Leur seul but était d’éviter d’être identifiés, suivis et attaqués après la manifestation, comme cela s’était passé pour cette femme à qui des skins ont gravé une svastika au couteau sur la main. On ne voulait absolument pas de heurts avec la police, mais on voulait manifester car nous avions été gravement menacés dans le centre et il était de notre droit de manifester librement.
Dès que le cortège a bougé de la place Cristina, il a été bloqué par la police cours Marconi. Les fonctionnaires prétendaient qu’il fallait tourner cours Carioli. C’est seulement après une exténuante négociation qu’il nous fut concédé de poursuivre vers la rue Nizza. De tels épisodes (âpres négociations entre la première ligne du cortège et le cordon de policiers) se répétèrent plusieurs fois : rue Nizza, rue Berthollet et à l’angle de la rue Cristina et de la rue Vittorio Emanuele. Au cours de cette dernière négociation, il fut concédé de rejoindre les "jardins réels" où le cortège se serait dispersé. Le cortège était déterminé mais absolument pacifique et jusqu’à la rue de Po il ne se passa rien : aucune dégradation ni actes de violence. Nous arrivions rue de Po comme convenu pour rejoindre les "jardins réels" mais en passant place Castello, la police prétendit qu’il fallait passer rue Rossini. Pour opposer notre refus à la questure, les manifestants ont continué à avancer en pressant sur le cordon de police dans l’espoir qu’il recevrait l’ordre de se déplacer et de nous laisserait passer (comme cela s’était passé les fois précédentes). À ce moment, la police chargea et lança des lacrymogènes, ce qui causa la dislocation du cortège.
Certains manifestants se sont ensuite retrouvés à l’angle de la rue de Po et de la rue Sant’Ottavio, où quelques uns, utilisant du mobilier urbain, érigèrent une petite barricade qu’ils enflammèrent. Les manifestants avaient la crainte d’une charge de la police, la barricade avait seulement un but défensif et ne correspondait pas à un acte de dégradation gratuit. Un peu plus tard, passée la rue de Po, les manifestants se sont dirigés vers le Phénix ("jardins réels") le lieu où nous aurions dû nous disperser. Le Phénix était seulement un point géographique et non un lieu de repli, puisque les manifestants n’y entrèrent pas (chose du reste impossible vu les dimensions), et s’installèrent dans les jardins d’en face.
Si après la charge policière rue de Po, on a pu voir quelques épisodes d’endommagement et de vols, la responsabilité n’en appartient pas à ceux qui cherchaient à manifester librement et pacifiquement (même si un barrage de police fût forcé) mais il faut accuser l’irresponsable qui à donné l’ordre de charger et de gazer le cortège de samedi après midi rue de Po.
Nous n’avons aucun doute que si le cortège avait traversé la place Castello, il se serait dispersé aux "jardins réels" sans incidents ».
Tobia Imperato - Mauro Lussi - Andrea Grosso - Emanuele Trimboli - Darco Sangermano
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