Appel à la solidarité ! Et à l’expérimentation...

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Analyses sur le mouvement social actuel par des membres de IAKAA (Initiative Anti-Kapitaliste et Anti-Autoritaire), collectif de Lyon II.

Le CPE est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Rien ne sert de vider ce vase. Donnons-nous plutôt les moyens de le renverser !

Qu’est ce qu’un casseur ?
Tantôt les racailles de cités, tantôt les gauchistes, tantôt les anars... On entend qu’ils sont minoritaires, qu’ils sont en marge de la manifestation, que ce ne sont pas de « vrais manifestants » (Selon Nicolas Sarkozy). Mais qu’entend-on vraiment dans ce terme ?
Un casseur ne fait-il que casser ?

Depuis près d’une semaine on nous martèle l’esprit avec le terme de « casseur » qui est employé à tort et à travers par les medias. Il s’agit pourtant de l’examiner avec prudence et de ne pas tomber dans le piège manichéen : « vrais » manifestants / jeunes avides de violence.

Au-delà du simple fait que c’est une instrumentalisation pure et dure qui sert l’Etat et ses intérêts, qui brise le mouvement social , c’est avant tout un piège à éviter. Il faut bannir cette terminologie.

Employer ce terme c’est se laisser corrompre par le confort que procure le concept. Il est tellement plus simple de figer les phénomènes dans des notions qui classent le réel que l’on en vient à considérer comme justes de pures inventions. Il ne faut pas substituer la parole des médias à la réflexion !

Cette manière dont on nous impose ce terme de « casseur » depuis une semaine révèle bien les convergences de stratégies et d’intérêts qui lient les médias aux politiques : décrédibiliser les manifestations, casser le soutien de l’opinion publique au mouvement.

Il serait gravement réducteur de nous enfermer dans cette vision, il faut à tout prix éviter de tomber dans cette logique (comme on a déjà pû l’observer chez differents étudiants mobilisés qui dénoncent des « casseurs » sans vraiment savoir de qui ils parlent.) Car bien au contraire, il s’agit aujourd’hui de contrer cette logique en renforçant les liens de solidarité qui nous unissent, en étant plus ouvert sur nos differents modes d’actions, et en n’oubliant jamais que c’est ce système d’entraide qui fera que nous vaincrons.

Les manifestations sont des évênements lors desquelles s’exacerbent les contestations. Ces contestations s’expriment de différentes manières, dans différents groupes sociaux. Si certains sont pacifiques et d’autres radicaux, si certains sont pour le retrait unique du CPE et d’autres pour la remise en cause totale des systèmes d’organisations... il ne tient qu’à nous d’en faire un atout et non pas une faille. La diversité n’est pas une tare ! Et ce stéréotype du « casseur » nous est à tous nuisible.

Le « casseur » n’existe pas plus que le « bon manifestant ». N’ importe quel homme qui goûte aux méthodes coercitives des forces de l’ordre pour réduire notre champ de liberté, et l’accomplissement de nos actions est susceptible de jeter un pavé sur les CRS.

Qui retrouve-t-on encore en manifestation ?

Le promeneur, qui ne fait que se promener ?
Le porteur de drapeau, qui ne fait que porter un drapeau ?
Le bon père de famille, qui n’est que bon père de famille ?

Et le flic... qui nous surveille et qui tabasse les manifestants..., celui qui laisse passer les bandes d’extrême-droite armées se ruer sur les étudiants...
Et le bureaucrate qui aide les flics en bridant notre révolte par divers moyens (intimidations, service d’ordre...). Voilà où on arrive quand on stigmatise des groupes...

Nous sommes tous des manifestants, même si nous n’avons parfois pas les mêmes stratégies, et pas les mêmes objectifs. Mais nous devons nous solidariser car en face, ils sont nombreux et soudés. Ils veulent nous diviser en prétendant qu’il y a les casseurs et les autres, les bons manifestants et les mauvais ?

Pour eux ce n’est pas Mai 68. Chacun y va de son analyse, ce n’est pas 68 car... tout le monde y met ce qu’il veut. C’est bien beau d’idéaliser les barricades de cette époque mais quand on les voit en bas de chez soi, ce n’est plus la même chose. Ce qui se passe fait peur à ce gouvernement. Il voulait passer en force, il voit notre révolte. On ne s’arrêtera pas ici.

C’est normal et logique que l’Etat essaie de minorer cette révolte mais nous ne devons pas tomber dans ce piège.

Ils ont la force légitime avec eux (forces de l’ordre, Justice...)
Ils ont les médias avec eux, qui relaient la propagande anti-grève.
Ils ont la gauche avec eux qui est justement passée de l’autre côté de la barricade depuis belle lurette !

Mais nous ne sommes pas avec eux, nous n’avons rien à négocier. C’est une lutte. Notre révolte ne rentre pas dans le jeu démocratique politicien, car ce jeu est biaisé. On l’a maintenant compris, nos ancêtres se sont fait avoir plus d’une fois. Nous n’acceptons pas vos règles du jeu...

La question de la violence n’est pas à poser en ces termes. Il n’y a pas de non-violence pas plus qu’il n’y a de violence. Si on peut parfois y avoir recours, ce n’est pas par gaieté. La violence est située. La lutte est un rapport de force (et aussi un terrain d’expérimentation pratique). On entend dire qu’elle est le fait d’une minorité ! (Et que donc elle est anti-démocratique !) Parce qu’il faudra attendre d’être 31 millions dans la rue pour que l’Etat retire sa loi ?

A Lyon, le Jeudi 23 Mars au matin fut un bel exemple de solidarité :

Devant le refus de la SCNF de nous affréter des trains, nous décidons collectivement de partir en manifestation. La première cible fut le pont de Fourvière où nous sommes arrivé à bloquer l’autoroute plus d’une demi-heure avant l’arrivée des CRS et leur lot de gaz lacrymogène.
Ensuite nous nous avant déambulé dans les rues de Lyon où quelques barricades furent érigées. La solidarité fut très présente entre les manifestants, chacun participant à sa manière sans qu’il n’y ait de conflit interne. Il est intéressant de noter que les manifestations retrouvent toute leur splendeur en l’absence de service d’ordre et de bureaucrates directifs !

On entend par ici que contrairement à 1968, il n’y a pas de motivations politiques générales, et que la lutte se concentre sur le CPE, parfois vu comme un cristallisateur de l’angoisse de la jeunesse. Nicolas Sarkozy préconise d’expérimenter le CPE pour 6 mois. C’est autre chose que nous voulons expérimenter...

Oui, la jeunesse d’aujourd’hui n’a plus de projet de société, plus d’idéal. L’idéologie s’est tuée d’elle même - bien aidée il est vrai par des partis et individus avides de pouvoir. Nous ne voulons pas de ce système injuste qui nous fait crever à petit feu. Emplois précaires, chômage, répressions, peur, vie chère... Nous cherchons à expérimenter d’autres choses, à revenir à des rapports humains, et non de profit, à renverser les rapports de dominations, à autogérer la production, à internationaliser les échanges. C’est dans notre lutte que nous devons commencer, en évitant tout d’abord les gestions bureaucrates et les rapports de pouvoir.
Des espaces et des lieux s’ouvrent à nous comme expérimentation du possible. A nous d’en tirer partie...

Nous pouvons être solidaire en respectant les stratégies de lutte de chacun et en apportant notre soutien aux inculpés (nous essaierons de relayer sur ce site, les moyens de soutenir ceux qui sont touchés le plus directement par la violence d’Etat).
Quant à l’expérimentation, elle se fait sur nos terrains de lutte et de vie comme à l’occupation ou dans les manifestations.

Rendez-vous cette semaine à l’occupation de Bron Lyon 2.
Et à la manifestation mardi 28 mars à 11 h à la station de métro Sans-Soucis.

Des membres de IAKAA (Initiative Anti-Kapitaliste et Anti-Autoritaire)

Contact : iakaa (arobase) no-log.org

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