Certain-es vont encore dire qu’il y a des « esprits chagrins » [1]. Il est en effet de bon ton de ne pas tarir d’éloges sur le système lyonnais des vélo’v. Et la mairie de Lyon comme le Grand Lyon ne manquent pas bien sur de communiquer sur le sujet. Mais c’est oublier que ce ne sont pas nos édiles qui sont à l’origine du projet. C’est la société JC-Decaux qui l’a proposé pour garder le marché du mobilier urbain. Et elle nous le fait payer très cher, entre autres avec l’apparition des 70 « sucettes » publicitaires qui envahissent petit à petit nos trottoirs, certaines gênantes pour la visibilité aux carrefours voire obstruant carrément le passage....
Jointe à d’autres facteurs (timide augmentation de la conscience écologique, prix de l’essence, appauvrissement d’une bonne partie de la population, etc.) le système de location des vélos a nettement contribué à la plus gande visibilité des cyclistes plus nombreux/ses (le taux de déplacement en vélo aurait doublé en un an pour atteindre 2 %). Mais j’ai l’impression que si auparavant je n’apparaissais que comme une incongruité potentiellement source d’accident non prévisible, aujourd’hui quand je suis en selle, à défaut de ne pas être encore un élément incontournable du trafic, je suis devenu un élément agaçant pour les automobilistes dont je ralentis la vitesse ou que j’empêche de continuer tranquillement à se comporter comme un-e malotru en s’arrêtant ou en se garant n’importe où et n’importe comment, les bandes cyclables étant devenues aussi des lieux d’arrêt finalement bien pratiques. Sans oublier scooters et motos qui profitent de ces bandes pour se faufiler dans le trafic...
Rue de la madeleine, dans le 7ème arrondissement, même les pompiers utilisent la bande cyclable pour y stationner régulièrement hors mission ou urgence comme je peux le constater fréquemment. Mais il est vrai que du côté de la flicaille, c’est du pareil au même, toutes catégories confondues. Souvent en mission mais pas non plus en urgence, comme les CRS au bas du cours Gambetta ou sur la piste de la rue de la Part-Dieu pour faire respecter le code de la route aux automobilistes (!) Et les argousins nationaux et municipaux ne sont pas en reste : tout aussi souvent hors mission, comme je le constate chaque semaine place St-Louis, toujours dans le 7ème, quand les condé-es s’arrêtent sur la bande cyclable pour aller chercher leur paquet de clops ou leur pâtisserie. C’est tellement pratique...
Les mêmes perdreaux, qui ne semblent donc finalement que des automobilistes en uniforme, sont le plus souvent hargneux (on sait par ailleurs qu’ils se croient tout permis depuis que Sarkosy leur a lâché la bride...) avec les cyclistes qu’ils arrêtent pour des infractions au code de la route. Infractions dont il faut bien dire que la majorité d’entre elles sont dues au fait que faire du vélo à Lyon reste dangereux et que les cyclistes doivent d’abord penser à se protéger ou au fait que les axes de circulation ne sont pensés que pour les motorisé-es (anticipation du passage des feux ou changement de rue aux carrefours [2], utilisation des voies du tramway sur l’avenue Berthelot [3], cours de la Liberté ou pour aller à La Doua, utilisation de sens interdits pour ne pas faire un détour important [4] alors par exemple qu’elle est autorisée sans problème à Bordeaux..).
Non, décidément, on n’est pas prêt de faire du vélo sans danger à Lyon. Non seulement les aménagements cyclables restent mal pensés mais les pandores en rajoutent : en plus de l’attention à porter au trafic, il faut en plus penser au danger de la police prête à verbaliser la moindre peccadille.
Quand de surcroît, une des premières campagnes de communication du Grand Lyon à propos du vélo sur d’immenses panneaux et ces sucettes Decaux envahissantes est de mettre l’accent sur la pseudo incivilité particulière des cyclistes, on se dit vraiment que la connerie mercantiliste n’a pas de limite ! Merci les « soss- déms »...
Ferker
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