Procès de Karl : tous contre un

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Karl n’a pas passé un sale quart d’heure au tribunal mais deux sales heures, victime de l’union police / justice, et du refus total de remise en question de cette sacro-sainte union ! Tout dépend du verdict, le 5 juillet. Les médias ont pris au passage, y compris Rebellyon !

Mercredi 21 juin, c’était le procès de Karl, à la 8e chambre (pour un historique des faits, voir Pas loin de policiers, il est dangereux de passer un coup de fil).
- Le magistrat n’admet pas qu’on puisse contester la méthode des policiers.
- L’avocat du policier demande 500 € de dédommagement à Karl pour son client qui se dit avoir été outragé et se serait rebellé, et 400 € de frais de justice.
- Le procureur a requis 3 mois avec sursis, 200 € d’amende et 2 ans d’interdiction de droits civiques.
- Pourtant Karl, de bout en bout, a nié l’ensemble des faits reprochés, aussi bien l’outrage que la rébellion, ayant été obligé de signer la déposition pour sortir de garde à vue, et sans pouvoir la lire ses lunettes ayant été cassées.
- Son avocat, Bertrand Sayn, a démontré l’incohérence de ce que décrit le policier accusateur, la plupart de ses termes n’étant pas repris par d’autres policiers. Il a demandé la relaxe totale, les témoignages recueillis par la commission rogatoire corroborant les faits indiqués par Karl, qui, de plus, n’aurait pas dû être blessé de la sorte.
- Cette affaire est mise en délibéré au mercredi 5 juillet à 14h précises, à la 8e chambre, au nouveau palais de justice, rue Servient.

Lyon, 21 juin, 16h30, 8e chambre...
La salle n’est pas comble, l’ambiance n’est pas plus électrique que d’habitude dans un tribunal...
Karl est enfin appelé.

Le président donne les prétendus faits d’outrage et rébellion de Karl face aux forces de l’ordre, s’appuyant sur un PV signé par ce jeune homme alors qu’il était en garde à vue...

Karl conteste fermement mais courtoisement cet exposé : il a été victime de brutalités policières, il n’était pas ivre ce matin là, on lui a bien fait savoir à l’hôtel de police qu’il ne sortirait pas s’il ne signait pas un papier, ses lunettes avaient été cassées dans l’affrontement et il n’y voyait quasiment plus rien !

Le juge se crispe instantanément, et commence pour Karl un interrogatoire brutal et totalement infantilisant.
S’il a le malheur de vouloir s’exprimer, il a droit à de très secs « répondez à ma question » !
Pourquoi est-il arrivé en entendant des cris ?
Pourquoi a-il osé rester là voyant une arrestation musclée ?
Pourquoi n’a-il pas quitté les lieux immédiatement même s’il était sur son chemin de retour ? Sait-il bien ce qu’il dit et fait ?
Sait-il ce que c’est que la police ?
Sait-il bien que la police a tous les droits, y compris de supprimer la liberté de circulation ?
Sait-il qu’un PV de police fait foi quasi absolue ?
Connaît-il les méfaits de l’alcool, en particulier sait-il qu’à 2 verres de whisky on ne peut même pas circuler en vélo ?

En plus d’être un contestataire borné, il se permet de mâcher un chewing-gum devant le tribunal, c’est tout dire...

Curieux traitement... Karl est présumé innocent, il est inconnu du monde judiciaire, n’a pas non plus d’antécédent psychiatriques type mythomanie, n’est pas bien vieux mais n’est plus un enfant, mais il est traité aussi bien qu’un chien prétendant manger à table avec les humains...
On dirait que ce juge n’a jamais vu de victime d’injustice protester, curieux...

On peut essayer de comprendre que la Justice fonctionnant essentiellement sur le travail de la police se sente remise en cause par une contestation de méthodes policières et de valeur de procès-verbaux, mais Karl est resté courtois de bout en bout malgré la pression, et surtout il a précisé on ne peut plus nettement qu’il y avait eu problème avec un seul policier, pas du tout avec les autres... Il n’a absolument pas attaqué l’institution juridico-policière...

On appelle la "vraie victime" : le policier qui a pété l’arcade sourcilière de Karl et accessoirement ses lunettes mais qui lui se porte comme le Pont Neuf...
Lui est fort bien traité, on le laisse s’exprimer en toute liberté, il pourra débiter son discours appris par coeur sans interruption, discours émaillé de « on m’a appris à travailler comme ça », « je travaille comme ça depuis 7 ans, » etc...
C’est un pro qui ne fait que son travail... Il n’a rien à se reprocher, et en plus il n’y comprend rien : il a eu une conversation presque amicale avec Karl lors de la garde à vue et voilà que l’ingrat publie un article sur internet !

Nouveau choc : Karl est sommé de s’expliquer, c’est quoi cette histoire d’internet, que voulait-il faire, du bruit, du bazar, du chantage ?
Karl réussit à répondre malgré la violence de l’interrogatoire qu’il voulait communication et soutien, il a en effet contacté l’association "Témoins", il était d’accord pour une diffusion, et un article est passé en outre dans les Potins d’Angèle...

Le juge furieux fulmine contre internet et les internautes, signale que si un journal s’appelle "potins", ça veut tout dire, mais surtout attaque dans une nouvelle direction : Karl ne serait finalement qu’un misérable manipulé... Et ses amis pareils... La voilà, l’explication !
Se rend-il seulement compte que le tribunal vient de lui consacrer 1h15 de débat ?

L’avocat du policier prend la parole ; son client travaille depuis 7 ans, il n’y a rien eu à redire contre lui depuis, donc c’est la 8e merveille du monde, son préjudice ni expliqué ni justifié mérite 500 €... de dédommagement pour le policier, outre bien sûr des frais de procédure...

Il commence par conseiller à Karl et à ses amis d’aller aux États-Unis, là-bas ils verront la police interpeller et arrêter des personnes qui traversent la rue hors des passages cloutés, et ça leur apprendra la chance qu’ils ont de vivre en démocratie, dans le pays des droits de l’homme ! Outre le hors-sujet, on espère pour cet avocat qu’il n’y avait pas de représentants des États-Unis dans la salle ! Il attaque enfin directement le site Rebellyon, que Karl n’a pourtant pas cité, qui se serait permis de "villipender" un honorable magistrat de la cour d’appel ! Le président le reprend car ça aussi c’est complètement hors sujet.

La plaidoirie du procureur est beaucoup plus originale !
Le procureur attaque les internautes, les sites d’informations, et les associations faisant un curieux commentaire sur ceux qui dénoncent maintenant tout et n’importe quoi, mais ne dénonçaient pas les dictatures il y a 20 ou 30 ans... (Quelle caricature diffamatoire !)
Le procureur félicite ensuite le policier pour son intervention de sécurisation des lieux, surtout un dimanche matin à 6 heures 15, comme si les policiers choisissaient librement leurs heures de travail, signale qu’il aurait eu à lui faire des reproches dans le cas contraire, alors que le policer lui-même reconnaît que le petit groupe de Karl et ses amis se tenait à plusieurs mètres de la scène et ne semait donc en aucun cas la pagaille dans une arrestation difficile !
Le procureur finit par se rappeler qu’il doit requérir une peine contre Karl : donc il réclame 3 mois de prison avec sursis, 200 € d’amende et 2 ans d’interdiction des droits civiques et familiaux (car, dit-il, il n’a pas envie qu’il puisse voter en même temps que lui !).

C’est au tour de maître SAYN, avocat de Karl.
Il ne loupera pas l’allusion aux dictatures niées : les internautes contestataires sont-ils réellement des fachos ou des communistes ? Il devra aussi défendre cette nouvelle presse alternative en signalant qu’un contre-pouvoir est nécessaire et sain dans une démocratie...
Il tentera aussi de se féliciter qu’un jugement puisse se dérouler sur une certaine durée, mais sera aussitôt contré par le juge, très vexé, qui le priera de ne pas insister sur cette question.
Il va demander si 4 personnes saines d’esprit peuvent avoir été manipulées à la vitesse grand V au point d’avoir tenté de porter plainte très rapidement au commissariat, dont elles seront d’ailleurs refoulées avec une simple main-courante...
Mais surtout cet avocat va citer de nombreuse dépositions laissées de côté par le tribunal, celles de policiers, en particulier...
Ils étaient au moins 7 ce matin là, ils n’ont rien vu, la faute aux pompiers qui avaient garé leur camion exactement où il ne fallait pas, ils n’ont surtout rien entendu alors que Karl aurait hurlé des insultes contre les policiers en général...

Maître SAYN insiste sur un point dont tout le monde semble se moquer éperdument : c’est Karl qui a été dénudé, fouillé , mis en garde à vue, et surtout c’est lui qui a été blessé et qu’il en a toujours des séquelles !
Il demande la relaxe totale.

Le juge accepte de recevoir des attestations médicales sur la vue de Karl et met le jugement en délibéré : réponse le 5 juillet à 14 h...

Question occultée : Karl voulait téléphoner, le policier qui l’a blessé admet qu’il est venu voyant un téléphone brandi par il ne sait qui, qui était peut-être une caméra, et alors ? Qu’avait-il à craindre d’une caméra s’il faisait son boulot ?

  • Le 29 juin 2006 à 13:21

    Affligeant ; et le policier se trouvera conforté ; de son propre aveu il pratique ce genre d’ abus depuis 7 ans au titre de son métier, il pourra continuer de plus belle !..

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