« Nettoyage » du quartier Perrache par le nouveau préfet du Rhône : Cabiria réagit aux côtés des personnes prostituées

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L’association lyonnaise Cabiria, qui mène une action de santé communautaire auprès des personnes prostituées depuis 1993, réagit aux interventions brutales et discriminatoires du nouveau préfet Gérault qui veut régler leur sort sans tenir compte ni des accords passés, ni des structures locales existantes, ce qui mène à rien, à zéro, mais au contraire ne peut qu’encourager le proxénétisme.

Depuis son arrivée à Lyon, le nouveau Préfet du Rhône, Jacques Gérault, a fait preuve de sa volonté de régler le « problème » des camionnettes à Perrache de la manière forte. L’opération coup de poing du jeudi 12 juillet, à laquelle l’ensemble des médias avait été convié, n’était qu’un début. D’autres opérations similaires se succèdent depuis, à raison de deux ou trois par semaine. À aucun moment le Préfet n’a daigné informer les associations travaillant avec les personnes prostituées de la mise en place de ce genre d’opérations. Ceci est révélateur de son désir de prendre en main la situation sans l’avis des principales intéressées, qui ont pourtant clamé à plusieurs reprises leur colère d’être ainsi « parquées » dans un site trop petit, d’être ainsi repoussées loin des lieux de passage, au mépris de leur sécurité et de leur droit à exercer librement leur activité.

Sous couvert de mener des opérations contre le stationnement abusif destinées à garantir la sécurité de tou-tes, c’est bien l’éloignement des personnes prostituées qui est programmé par le Préfet. Les personnes font systématiquement l’objet de pressions policières visant à leur faire quitter les lieux. S’ajoutent à ce harcèlement constant les contrôles d’identité envers les migrantes et les gardes à vue, qui se sont intensifiés depuis les élections présidentielles.

Depuis des années, nous sollicitons les pouvoirs publics pour qu’une solution viable soit proposée aux personnes prostituées du quartier Perrache. Depuis des années, nous les interpellons sans relâche sur les dangers d’une politique répressive : ce n’est pas en traitant les personnes prostituées comme des délinquantes qu’on améliorera leur sort. Repousser continuellement les travailleuses du sexe jusqu’à des lieux éloignés de tout passage ne conduit qu’à renforcer l’insécurité de leurs conditions de vie et de travail. Depuis la Loi de Sécurité Intérieure de mars 2003 pénalisant le racolage passif et la succession des arrêtés anti-prostitution, les violences, qu’elles soient physiques ou symboliques, qu’elles soient le fait de passants, de clients, des services de polices ou des institutions, sont en recrudescence.

Les mesures visant à éloigner les personnes prostituées du centre-ville ne font qu’accroître la vulnérabilité des personnes prostituées. Et cette vulnérabilité accrue est un facteur de risque aggravant pour les femmes vis-à-vis du VIH, des hépatites et des autres Infections Sexuellement Transmissibles.

Sous couvert de lutter contre la traite des êtres humains, les mesures pénalisant les personnes prostituées s’avèrent totalement contre-productives : plus les personnes prostituées travaillent dans la clandestinité et l’insécurité, plus elles risquent d’être amenées à solliciter les services d’un quelconque protecteur.

Il est temps désormais de mettre fin aux discriminations dont sont victimes les personnes prostituées.
Il est temps de les considérer comme des citoyennes à part entière.
Il est temps, enfin, d’appeler au débat citoyen sur la place des personnes prostituées en France.

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Des prostituées manifestant devant l’entrée de l’Hôtel de ville de Lyon en 2005

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