Il paraît évident aujourd’hui, que chaque personne disciplinée, moralement ou religieusement socialisée, a le droit de profiter des privilèges, a le droit de consommer et de posséder « les richesses » que sélectionne et produit pour lui, à outrance, cette vieille civilisation marchande.
L’illusion de vivre, la falsification du bonheur est parfaitement organisée.
La vie est livrée clé en main par nos géniteurs fidèles apôtres inconscients d’une organisation sociale patriarcale aux seuls rapports socio-économiques soi-disante développée dont l’un des objectifs prioritaires est une fausse émancipation contrôlée des individus ; c’est-à-dire la conception de l’être réactionnaire : la famille patriarcale, l’école, la nation, le salariat, le pouvoir d’achat... puis la mort.
Le comportement généralisé réactionnaire, parce que névrosé, ne permet pas des modifications radicales de la situation sociale.
L’amoureux et l’amoureuse, religieusement, civilement ou disneylandigieusement aimants, trop agglomérés entre les meubles, s’écorchent une fois par semaine entre les périodiques saignements.
La fenêtre du loyer, bien qu’ouverte reste aveugle et muette. Les moteurs vrombissent et les télés se parlent entre elles.
Les générations d’obéissants se rangent familialement et, dans un dernier effort après l’activité forcée, agressent leurs enfants encore trop « sauvages » à se plier aux interdictions physiques et psychiques qu’exigent les considérations religieuses ou morales. Ainsi donc, au sein même de la structure familiale, elle-même calquée sur le rapport dominant-dominé, se transmet l’assujettissement par le consciencieux apprentissage forcé d’une autorité toute puissante sur l’individu.
Après tous ses prestigieux sacrifices et même pendant, viennent les divertissements consommables et autres abrutissements télévisuels contrôlés.
Nous sommes massivement rendus agressifs : par les lois de la concurrence et de la propriété — je me tue et je tue pour elles — par les frustrations, les refoulements, toutes sortes de limitations de vie. Autant dire qu’au stade actuel, nous sommes de vraies bombes à retardement ; non pas dans notre nature mais fabriquées par l’oppression, la répression de la situation autoritaire.
Le réactionnaire est partout et constitue aujourd’hui au minimum, plus de 90 % de la population en France et dans le monde.
Nous sommes massivement rendus collaborateurs à toutes formes d’autorité. Ce qui fait de nous des fidèles des partis politiques et syndicats. Sans le savoir, nous sommes nos propres ennemis.
La mise en vitrine des faux plaisirs fait de nous des êtres abrutis ; la falsification de la vie fait de nous des êtres fixés sur les obsessions de valorisations : professionnelle, financière et matérielle. Même la notion de vrai plaisir nous échappe et reste donc à découvrir ou à redécouvrir.
Notre irresponsabilité sociale est due : à notre mauvaise appréciation de notre nature biologique, à notre incapacité d’agir justement du fait du détournement de notre énergie vitale. Ainsi, nous sommes pratiquement réduits à une totale incapacité de créer ou de développer de nouveaux rapports sociaux pour inverser la situation actuelle ; nous contribuons donc pour l’instant au pourrissement de la vie.
N’est-il pas temps de remettre en question sa vie quotidienne dirigée par les peurs et les angoisses entretenues par les dominants conscients et inconscients ?
N’est-il pas temps aussi de soulever les dessous socio-économiques tels que : le patriarcat, l’institution du mariage, la répression sexuelle qui se cache sous la permissivité d’une jouissance toujours plus fausse dans sa visibilité accrue, la lutte personnelle contre sa propre sexualité, le sentiment d’honneur compensatoire etc.?
Cette remise en question de la vie quotidienne peut nous permettre d’envisager des modifications rapides. Développons, multiplions les rapports existant sur l’autonomie, l’anti-autorité, l’autogestion d’immeubles, de rues, de quartiers et plus encore ; une prise de conscience des besoins fondamentaux biologiques de l’être (au sens de W. Reich) peut permettre une réelle sociabilité. Approprions-nous une nouvelle forme d’éducation qui respecte les fonctions naturelles de l’individu ; orientons les sciences, les technologies, l’architecture (voir anarchitecture) vers l’autogestion au service de l’être conscient à l’auto-activité. Excitons une contre-culture, détournons les moyens économiques, favorisons par exemple l’échange de services, la récupération, le troc et d’autres encore à révéler ou à inventer.
Toutes les menaces — les fausses, rendues spectaculairement visibles ; les vraies, maintenues dans l’invisibilité — qui pèsent sur la vie aujourd’hui, paraissent inévitables du fait de notre perte quasi totale de notre instinct de survie ; ce qui ne peut signifier qu’une seule chose : nous sommes déjà à l’état de pourrissement.
Nous devons nous considérer comme étant malades parce que dans l’incapacité de défendre la vie.
Alexandre Quarz
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