Pourquoi ? Parce qu’il s’appelle Abdelhakim, qu’il s’énerve à la banque parce qu’on ne lui verse pas son chômage, parce que le banquier appelle ses copains de la BAC, parce que ces chiens ne supportent pas qu’un damné se rebelle, ne se laisse pas interpeller comme un mouton docile (comme souvent, on invoquera des « troubles psychologiques »...).
Ils l’ont défoncé. Il avait 22 ans.
Il est temps de faire autre chose que de protester. Nous n’avons rien à attendre de la police et de sa justice, ni qu’elles fassent la lumière sur des crimes tout à fait logiques, ni qu’elles nous épargnent dès lors que nous résistons, réellement.
S’indigner, c’est encore reconnaître le pouvoir.
Il temps de s’organiser !
C’est ce qu’on essaie de faire à Lyon, avec la Caisse de solidarité :
06-43-08-50-32
caissedesolidarite(arobaz)gmail.com
Récit des faits :
Vendredi après-midi, les policiers ont été alertés par le directeur du Crédit agricole de Grasse : Hakim voulait y faire un retrait, mais quand la banque a refusé, il a explosé. « En colère de n’avoir pu percevoir des indemnités de chômage depuis deux mois, il a eu un comportement agressif envers le directeur », explique son comité de soutien. Les policiers le retrouvent rapidement boulevard Victor-Hugo et tentent de l’interpeller, mais, à nouveau, Hakim entre dans une rage folle. Une vitrine est brisée, un policier blessé : selon le préfet, le fonctionnaire a été opéré pour une fracture de la clavicule. Aucun scrupule à évoquer ces malheureuses vitrines et clavicules cassées, quand en face, il y a un mort.
Hakim est finalement "maîtrisé" et menotté. Un témoin, Ludovic Gérard, 30 ans, maître-chien habitant à Pégomas, raconte : « Il était à terre. Ils étaient trois sur lui. Un policier lui faisait une pression sur la colonne vertébrale avec son genou. Un autre l’étouffait avec son bras. Il avait les mains menottées sous le torse. Il était violet, il demandait à respirer. Il a pris deux coups de poing, deux bonnes pastèques. J’ai dit aux policiers : "Vous l’avez maîtrisé, il n’y a pas besoin de plus." » Ludovic Gérard finira au poste, menotté, pour avoir tenté s’interposer, pour ne pas avoir tracé sa route, comme si de rien. « Là, assure-t-il, au bout d’une demi-heure, une policière affolée demande de l’aide : il venait de faire un arrêt cardiaque. » A 16 h 30, Hakim est déclaré mort.
Selon le préfet, « le mis en cause a été transporté, dans un véhicule de police secours, jusqu’au commissariat de Grasse. L’intéressé étant victime d’un malaise, les services de secours ont été aussitôt avisés. En dépit de la tentative de réanimation des sapeurs-pompiers et du Samu, pendant plusieurs dizaines de minutes, malheureusement sans succès, le décès a été constaté ». Une autopsie aura lieu demain.
Leyla Picout, 17 ans, en BEP vente, qui connaissait la victime, raconte : « Ce qu’ils ont fait ce n’est pas bien, de rester sur lui. Il demandait à respirer. Il était tout bleu, ses yeux sortaient des orbites, ils n’auraient pas dû continuer. Quand les pompiers sont venus, ils auraient dû le laisser aller à l’hôpital. Mais aux pompiers, les policiers ont dit : "Partez, laissez-nous faire." » Plusieurs témoins ont été choqués quand les pompiers sont repartis avec le policier blessé, mais pas avec Hakim, transféré au commissariat. « Quand ils l’ont mis dans la voiture, raconte Leyla, il était
tout mou, on aurait dit une guimauve. Ils l’ont traité comme une merde. Il a eu une mort horrible. » Pour Me Sylvain Pont, un des avocats de la famille, « la police avait la possibilité d’éviter le drame. Elle a fait preuve d’un acharnement anormal, comme une sorte de mise à mort ». Encore un avocat qui paraît pas bien nerveux. "Anormal" ! C’est pourtant pas compliqué : l’intervention de la police a provoqué la mort d’une personne.
D’après Nice-Matin, il avait été hospitalisé en psychiatrie du 18 au 29 avril. Interpellé en mars pour conduite sous l’emprise de stupéfiants, il devait comparaître en juin. Il avait aussi été poursuivi pour rébellion, mais la procédure avait été classée sans suite, après un internement d’office.
Hier, environ un millier de personnes ont participé à la marche, où des banderoles proclamaient : « Hakim, on t’aime », « Ceux qui gardent la paix tuent nos enfants », « Police délinquante, où est la justice ? ».
Le Mrap et la Ligue des droits de l’homme ont fait part de leur soutien.
(Super, grâce à ces orgas, j’me sentirais bien plus tranquille si j’me fais arrêter ce soir par la BAC.)
Rassurons-nous, "une enquête est en cours", assurée par l’IGPN (Inspection générale de la police nationale). Mais le pouvoir annonce la couleur du résultat : « Aucun élément ne permet actuellement de mettre en cause l’action des fonctionnaires » (Dominique Vian, préfet des Alpes-Maritimes).
Evidemment.
En cas de problèmes avec la police, et pour se battre ensemble :
caissedesolidarite(arobaz)gmail.com
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