Interview des salarié-es de Penauille en lutte

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À Lyon, un syndicat CNT vient de se créer dans le nettoyage.
En voici un interview réalisée par Didier et Ben, cénétistes et animateurs de l’émission “La Bande à Spartacus“ (Syndicalisme et Lutte des Classes) sur Radio Canut (102.2) radio associative Lyonnaise, le dimanche à 18 h.

(Pour la lutte des Penauille, voir aussi Rebellyon ici et .)

La bande à Spartacus  : Nous sommes à Villefontaine, pour rencontrer des salarié-es de Penauille. On va vous laisser vous présenter.
Les salarié-es  : Fatima, agent de service : c’est une boite qui emploie des agents de nettoyage, qui fait aussi dans les déchets, dans l’aéroportuaire et dans la sécurité aussi. ; Myriam, agent de service et je fais le recyclage des déchets ; Marie agent de service ; Abdel ; Jean.

LBAS : Que s’est-il passé cette année ? Vous êtes en lutte. Pouvez vous nous faire un historique des faits ?
Marie : Cela à débuté le 23 mars sur le site de SANMINA, vu qu’il allait avoir plus de 600 salarié-es de SANMINA licencié-es, on a appelé notre direction pour avoir des explications. Ils nous ont dit de ne pas écouter les bruits de couloir. Puis, j’ai fait des recherches sur le web. J’ai contacté la CNT... J’ai expliqué notre problème car les syndicats de la boîte, FO et CGT nous on dit « ça va aller, ne vous inquiétez pas. »
Fatima : On n’était pas leur problème pour ces syndicats là, alors nous avons fait appel à la CNT. Tout de suite, ils nous ont rencontré, ils se sont portés à notre secours, la CNT s’est proposée de nous aider et c’est ce qu’elle a fait.

LBAS  : Donc, vous aviez bien conscience que malgré la trahison des autres syndicats, il fallait tout de même se syndiquer !
Fatima : Oui tout a fait ! Face à une société comme çà qui laisse son personnel dans le doute et pour qui nous sommes le dernier des soucis, il fallait à tout prix se syndiquer. Avoir des aides extérieures.
Myriam : Surtout que c’est un groupe mondial (320 000 salariéEs)

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LBAS  : Aujourd’hui, vous en êtes où dans votre lutte ? Quelle est la situation par rapport à vos patrons ?
Myriam : Au même point. Le patron propose un plan de sauvegarde bidon !

LBAS : Au début, il vous baladait et ne proposait rien, maintenant il propose un plan avec rien dedans. Vous demandez quoi en fait ?
Myriam : Nous avons plusieurs revendications, qui n’ont pas abouti, nos patrons n’en tiennent pas compte. Nous sommes censé-es accepter le strict minimum qu’ils veulent bien nous octroyer.

LBAS : Au niveau syndical, que se passe-t-il avec le syndicat FO ? Ils siègent au CE, que font ils pour vous défendre ?
Jean : Rien, Ils sont que 2 et aux ordres de la direction, il manque des personnes pour siéger au CE, c’est pourquoi nous demandons des élections partielles.
Marie : Penauille n’a pas joué l’annexe 7, Il ne reste plus que FO...

LBAS : Qui en plus ne sont pas de vrais syndicalistes...
Salarié-es : ...Quand j’ai eu FO au téléphone et que j’ai demandé de l’aide, ils m’ont répondu clairement devant témoin qu’on n’était pas leur problème. On a cherché ailleurs... La CNT, ils nous soutiennent, viennent à toutes nos réunions. Je leur tire mon chapeau, sans eux on ne sait pas où nous en serions.

LBAS : Au départ c’est le syndicat parisien du nettoyage qui a enclenché le combat...
Marie : Nous sommes monté-es sur Grenoble pour rencontrer Étienne Deschamps de la CNT en conférence dans cette ville...
On a notre vie privée aussi... les gamins... il fallait jongler. On a demandé aux salarié-es concerné-es s’ils voulaient adhérer, tous étaient ok et on a demandé à SANMINA si elle acceptait la CNT sur le site pour une réunion.

LBAS : Tu parlais des enfants... comment vous gérez ça la vie de famille, la lutte, les réunions tardives ? En plus c’est votre 1re lutte...
Marie : Moi j’ai une petite de 10 ans et c’est pas facile. Là ce soir, mon mari est venu me chercher au boulot. Je suis venue avec Fatima. Ma fille a entraînement sur Lyon ; on essaie de jongler, de mettre la petite à la cantine quand nous avons des réunions, des rassemblements, ce n’est pas facile.

LBAS : c’est votre première lutte. Quelle impression cela vous laisse-t-il ?
Jean : Il faut continuer, ne pas lâcher le morceau face à une direction qui s’en fout carrément, nous on veut le maximum et pour tout le monde ou rien.
Marie : Nous on est jeune, on a 40 ans, mais le plus triste c’est pour ceux qui ont 50 ans et plus, proches de la retraite, ils vont se retrouver sans rien, ça fait mal ! plus de 17 ans de boite et se faire jeter sans rien comme ça... 2 camarades, ils leur manquent 6 trimestres pour la retraite... et Magotte ne prend pas en considération ces gens, c’est vraiment de l’esclavage moderne.

LBAS : Magotte c’est le directeur d’agence ?
Fatima : M. Magotte et la direction de Paris, car pour eux ne comptent que leurs intérêts financiers. La société Penauille avant tout....
Marie : Aujourd’hui ils nous proposent du travail. Vous savez quoi ? J’vais vous dire moi ! 3 heures à Dijon, 3h30 à Villette d’Anton et une formation de laveur de vitre.
Fatima : Ce sont de fausses offres d’emplois, c’est une image qu’il veulent se donner auprès de l’inspection du travail, « regardez on leur trouve du travail ». Ce n’est pas du travail, c’est des canulars. L’inspection du travail a émis un constat de carence sur le plan de sauvegarde pour l’emploi. Pour eux aussi ce plan est vide. Ce sont des miettes que l’on jette à un chien.
Myriam : surtout que l’on ne doit pas sortir du cadre du nettoyage, avec ces 600 euros.Ca veut tout dire, serpillière tu es, serpillière tu resteras ! Le plus ignoble c’est les gens qui ne savent ni lire ni s’exprimer et ne connaissent pas leurs droits, ils se font rabaisser plus bas que terre par des patrons !
Fatima :... Et à tous les niveaux, ce n’est pas parce que l’on passe la serpillière que l’on ne doit pas être considéré. On demande des dommages et intérêts. Il y avait un plan de sauvegarde pour l’emploi qui a été proposé à Magotte par la direction de SANMINA et qui nous incluait dans la cellule de reclassement comme les autres sous-traitants. Il a refusé, il ne nous a pas mis au courant et pour tout ça, toutes ces choses dont on aurait pu bénéficier nous voulons des dommages et intérêts...

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LBAS : Un dernier mot ?
Abdel : On est tous ensemble, nous sommes solidaires.
Fatima : On est tous sur le même bateau, on se bat pour la même cause : défendre nos droits, nous avons été bafoués et nous demandons réparation !
Myriam : J’espère que notre lutte servira d’exemple à beaucoup d’autres.
(Jean) En espérant que d’autres employé-es de Penauille vont nous rejoindre, de Lyon ou d’ailleurs, pour avoir plus de force et montrer à la direction notre mécontentement.

LBAS : Merci pour cet entretien, bonne chance pour une victoire à l’issue de ce conflit.

P.-S.

Confédération Nationale du Travail
Syndicat du nettoyage Rhône-Alpes  :
44, rue Burdeau 69001 Lyon
Tél : 04 78 27 05 80
nettoyage-rhone-alpes(arobase)cnt-f.org

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