Borne biométrique aux Subsistances, laboratoire (artistique) lyonnais !

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Depuis un an et demi, les Subsistances (lieu culturel lyonnais) se sont équipées d’une borne biométrique ouvrant sur l’hôtel des artistes en résidence sur le lieu. Une comédienne a refusé de se soumettre aux prélèvements des empreintes lui permettant d’accéder à sa chambre.

Contrairement aux autres artistes, elle a voulu faire savoir son désaccord en écrivant ce témoignage.

Apparemment, « ce lieu de confrontation et d’expérimentation du spectacle vivant » souhaite contrôler son image tant à l’extérieur, qu’à l’intérieur du site.

En effet, d’autres bornes seraient prévues pour les autres bâtiments, ainsi que des caméras de vidéo-surveillances.

(La mise à jour se trouve à la fin du texte)

Actuellement en résidence aux « SUBSISTANCES » à Lyon pour jouer dans une pièce de théâtre dans le cadre du festival « les Intranquilles ». Présente à la coordination des intermittents et précaires , je voulais faire partager l’expérience d’un premier contact avec la biométrie, le refus de participer à l’expérimentation et la nécessité de penser « le monde qui vient », ensemble, pour ne pas se trouver désarmé.

Depuis là, Lyon, serrée entre les bras de la Saône et ceux du Rhône.
Monacalement installée dans un lieu où de nombreuses nonnes firent des prières, puis, où des militaires entreposèrent leurs grains pour subsister dans les garnisons... Les Subsistances, donc.
Lieu, un temps en friche, habité par des flottants, intermittents, travailleurs pauvres des voix et corps, musiques et sauts périlleux sans filet, qui peut-être à leur façon invoquèrent aussi un dieu, dieu de la Bricole, dieu du faire-défaire, des actes sans sociale utilité, enfin pas directement.

Ici, s’inventèrent des formes d’être d’ensemble, fabriquer deux trois trucs qui importaient et possible partage. La joie à arpenter la colline en terrasses, sur laquelle s’appuie les édifices, y faire la sieste aux heures chaudes, et regarder au coucher les péniches glisser sur l’eau. Un lieu où habiter. Puis vint le temps de l’émergence, de l’Espace Culturel, vient le temps de l’école des beaux-arts, vient le temps où les grands espaces vides et urbains, laissés en friche, ne peuvent plus accueillir la plèbe
bohémienne, un temps où les normes d’accueil du public imposent des règles strictes, où le centre de la ville est nettoyé, où il est temps de passer aux choses sérieuses.

L’histoire ce serait ça. On dira que c’est ça.
J’ignore les détails, je sais juste : le couvent, l’armée, le squat et aujourd’hui : « Le laboratoire de création artistique : lieu d’expérimentation et de confrontation ». C’est écrit sur la plaquette. Je n’ai pas tout lu. Sur le site on peut faire une visite virtuelle à 360°. C’est comme d’y être.

Les bâtiments ont été ravalés en orange, façon Italie et perspective, la cour immense est pavée, quelques arbres, des grandes fenêtre, un café. C’est confortable. Une grille repeinte en gris clôt l’espace. Hérissée. Ouverte le jour, fermée la nuit. Quand on rentre tard la grille se déplace dans un bruit sourd et se referme derrière vous, pareillement. Séparés. Séparés, encore une fois, de la rue, de ces possibles débordements, ou bien.

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Biométrie, Tina Mérandon

En vrai, une route, des voitures : rien ne menace. L’eau est calme. On oublie toujours la violence des rives.
La colline est intacte juste maîtrisée : un papier A4 collée sur une vitre indique : pour des raisons de sécurité, la ville de Lyon interdit tout séjour sur la colline, on ira quand même.

Voilà le décor de la résidence dans une institution culturelle d’aujourd’hui. C’est confortable, on ne va pas se plaindre. Nous sommes une équipe, ici pour un mois. Nous dormons sur place. Des cellules petites ou grandes, un couloir à faire pâlir David Lynch.

Alors ça commence, ça commence comme ça

Pour aller chercher la clé de sa chambre et déposer ses bagages, il faut passer par le poste de sécurité qui se trouve à l’entrée. Une société privée assure 24h sur 24 la sécurité. Le site est vaste. Il faut s’enregistrer, c’est-à-dire donner ses empreintes digitales de l’index droit et de l’index gauche, empreintes numérisées. Pour avoir la clé de sa chambre il faut le faire. C’est ce qu’on nous explique. Le bâtiment des résidents est équipé d’une borne biométrique.

Je dis non, je ne veux pas le faire. Je suis contre ce principe, je ne comprends pas un tel dispositif dans ce lieu.

Le premier gardien appelle son chef et lui raconte la situation, il travaille là depuis une semaine. Le chef en rangers me dit qu’il faut le faire, qu’il n’y a pas d’autres systèmes prévus. Ça dure. Il est très aimable. Il décide d’appeler le chef du bâtiment. L’homme arrive pour me rassurer : ces données son systématiquement effacées dès que les résidents ont fini leur travail, que cela n’a rien à voir avec la police. Je n’en doutais pas. Je lui fais remarquer cependant que les deux autres fois où j’ai dû donner mes empreintes digitales c’étaient dans des commissariats. Et que le geste qu’on me demande de faire ici est le même. Devant moi flotte l’Opéra Garnier et la villa Medici. L’occupation des lieux. Un parfum rance de culture ennoblie, une odeur de France qui pue. De quoi nous soupçonne-t’on pour appliquer de telles mesures ?

Il dit : Nous avons essayé ce système à cause des vols, pour votre protection c’est celui qui convient le mieux, pas de clé, pas de
badge, pas de code, c’est pour vous protéger, c’est très efficace et simple, vous verrez vous vous habituerez rapidement. Beaucoup d’artistes trouvent ça plutôt fun. Le sens de l’humour décidemment m’échappe.

Comment faites-vous avec ceux qui refusent ?
Personne n’a encore dérogé à la règle, dit-il.
Il va chercher la chef de la culture qui s’occupe des résidents, elle arrive, jolie sans caricature, un instant je suis rassurée. En fait elle me dit à peine bonjour, cerne vite le problème ; je lui demande quelle solution alternative est proposée aux récalcitrants, elle me dit direct : vous allez prendre une chambre d’hôtel à l’extérieur à vos frais. Le lendemain, elle dira, c’était une boutade bien sûr. Elle ne veut pas entrer dans le débat sur la biométrie, répète qu’ici le système est inoffensif : la question est réglée. Elle me dit, vous avez la possibilité d’utiliser le doigt d’un de vos collègues, vous êtes libre. Je lui dis que non, qu’un système m’est imposé, que je réfute. Non, vous êtes libre. Je reste calme. Dégoûtée. Je vois le bordel se profiler, j’ai juste envie de reprendre le train, vite, vite. Je suis venue travailler au cour de l’entreprise high-tech, l’avant-garde, la culture.

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Biométrie, Manopello

Certains de l’équipe sont déjà enregistrés. On ne s’est pas vus, pas le temps de se concerter, chacun arrive à une heure différente. Je flanche. Je finis par foutre mes doigts dans l’enregistreur, l’homme appuie sur la touche « enrôler » pour valider la numérisation. Je n’utiliserai pas la borne. D’ailleurs ce soir-là ça ne fonctionne pas, car un camion dans la cour empêche la diffusion des informations. Au matin, je vais vite me « désenrôlée », ça va mieux.

Mais je ne peux pas entrer dans le bâtiment sans quelqu’un.
Discussion collective avec l’équipe. Pas d’accord. Pas de commune position. Des écarts de perception. Avec certains nous partageons la question et tenterons d’en faire part, mais pratiquement, chacun se débrouille. On parle de faire un texte.

A chaque fois qu’un doigt se prête au jeu, l’écran affiche "Bienvenue" et le
nom-prénom de la personne, c’est chouette la vie.

Le refus oblige à tenir une tension réelle, à trouver une solution et à
penser le dispositif. Je suis invitée après tout. On me dit aujourd’hui que
cette décision fait "événement" et que la direction doit se concerter,
qu’ils ne voient pas de solution, et tienne à leur système, mis en place et
mûrement réfléchi. En un an et demi d’expérimentation de la borne
biométrique, pas une seule personne n’aurait refusé de l’utiliser. Ou bien
sans le dire. Aucune confrontation, donc. Alors qu’il suffit d’être dix un
peu avertis dans ce type de lieu pour remettre en question l’inacceptable.

A l’heure qu’il est, je ne sais pas ce qui fait le plus violence : l’absence de nécessité d’agir ensemble ou la biométrie.

Dimanche 2 juin. Après deux semaines : refus net de la direction de discuter et de trouver
une solution alternative. Néanmoins la CNIL (Commission Nationale
Informatiques et Libertés) donne raison à ma requête et propose de la
saisir, ce que j’ai fait. L’autorisation de la CNIL est obligatoire pour
l’installation de tous dispositifs biométriques et n’en délivre pas pour ce
type de dispositif pour un lieu d’hébergement. Illégal, donc. La culture dit : nous l’avons et me renvoie à La ville de Lyon. Toujours rien vu à ce jour [1].
La frontalité n’empêche les chemins parallèles, en grimpant par la colline,
il y a aussi quelques coquelicots rebelles. A suivre.

Mise à jour

Il faut tenir. Saisir la CNIL reste un moyen, non une fin.

Une lettre me confirme le 8 juin qu’aucune déclaration des Subsistances ou de la ville de Lyon n’a été effectuée.

Entre temps la borne est modifiée en douce : la société « Easydentic, parce que vous êtes unique » a installé un autre modèle pour tenter de se conformer. Le chef du bâtiment me présente une « Autorisation Unique simplifiée pour l’accès à un lieu de travail » datant du 10 juin – or il s’agit d’un accès à un lieu d’hébergement.

La CNIL suit l’affaire et exige une nouvelle mise en conformité. L’institution culturelle devra t’elle renoncer à la biométrie ?

Mardi 12 juin

Le directeur, qui ne m’adressera pas une seule fois la parole, prend connaissance du présent témoignage et de sa publication dans « Cassandre ». Le jour de la première, il vitupère le chef de troupe : c’est un irresponsable, il doit me faire taire, je suis folle, je dois quitter les lieux . Le directeur menace d’annuler les représentations.

Le même jour, les abords de la borne sont nettoyés : une étagère soigneusement fabriquée par une résidente avec des faux doigts en guise de clés et des textes du philosophe Giorgio Agamben disparaissent.

Le lendemain, le directeur menace la revue de procès en diffamation. Or, monsieur Walter, il reste quelques fragments de droits dans ce pays et il apparaît que le refus de se soumettre était juste. Les faits sont là. Le spectacle a eu lieu.

Lundi 18 juin

Hors des murs.

P.-S.

Le système de contrôle biométrique s’installe de partout : dans les collèges, lycées, dans les entreprises, lieux dits artistiques etc.

Soyons vigilants face à cette technologie sournoise et insidieuse.

Entre la résistance individuelle et collective, il n’y a qu’un pas.
Dans deux lycées de Digne, les administrations ont déjà renoncé à mettre en place cette technologie, face à une forte mobilisation (soirée de projection, article de presse).

Si nous créons des rapports de force, nous pourrons toujours maintenir des espaces de confrontations réelles, de rencontres, de libertés.

Si vous avez des infos, des textes... écrivez à : biometrielyon(Arobase)no-log.org

Plus d’informations :

- Le blog du Collectif George Orwell Contre la Biométrie

- Le site du collectif Refus ADN

Notes

[1La comédienne a eu, depuis, accès à cette autorisation.

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  • Le 11 mars 2008 à 12:51

    J’avais rédigé ce tract qui a peu circulé, en reprenant des arguments qui n’apparaissent pas dans ce premier texte, qui décrivait davantage la situation. Cela te donnera peut-être à réfléchir puisque tu utilises les mêmes arguments que la direction des subs. et de tous ceux qui acceptent sans broncher ce type de dispositif.

    EASYDENTIC, PARCE VOUS ETES UNIQUE

    Lorsqu’on est accueilli en résidence aux Subsistances, lieu culturel à Lyon, pour obtenir la clé de sa chambre il faut passer sans avertissement et sans précaution envers les usagers par un dispositif biométrique, mis en place, ici, pour de banales raisons de praticité et d’efficacité. Il s’agit de donner ses empreintes de l’index droit et gauche, numérisées dans une base de données centrales au poste de sécurité. Dispositif géré par une société privée, sous traitante de la ville de LYON employée pour la sécurité Incendie et contrôler les entrées et sorties du site. Le seul bâtiment équipé de la borne est celui où sont invités les artistes en résidence. Étrangers à la vie continue du lieu, ils sont intermittents, de passage donc. Une caméra complète le dispositif. Un magnifique couloir, 17 chambres, une cuisine commune, un salon, une buanderie. Ainsi, un dispositif biométrique de sécurité, dont l’usage s’est renforcé aux Etats-Unis sous différentes formes après les attentats du 11 Septembre, et qui gagne l’Europe, la France, les lieux culturels, est mis en expérimentation sur un territoire ne présentant pas des caractéristiques nécessitant une telle protection. Mais beaucoup d’usagers réels et potentiels ignorent tout de cette nouvelle forme de contrôle et se trouvent démunis face à son usage.

    QUEST-CE QUE LA BIOMÉTRIE ?

    La biométrie est une technologie utilisant un grand nombre de données biologiques individuelles afin de les numériser et de les enregistrer dans une base de données. Il s’agit de numériser des informations telles que les empreintes digitales, l’iris, les caractéristiques vocales, etc. Toutes ces informations sont ensuite stockées sous forme de puces électroniques. Le principe est de fournir des documents infalsifiables et permettant une identification extrêmement rapide des individus. Des informations non-biologiques (casier judiciaire, nationalité, etc.), pourront être ajoutées aux informations biologiques et permettront aux autorités d’être informées de l’intrusion d’individus potentiellement dangereux.

    POURQUOI IL FAUT LA REFUSER, ICI ET AILLEURS

    « Il ne s’agit pas seulement d’une réaction épidermique face à une procédure qui a longtemps été imposée à des criminels et à des accusés politiques. S’il ne s’agissait que de cela, nous pourrions bien sûr accepter moralement de partager, par solidarité, les conditions humiliantes auxquelles sont soumis aujourd’hui tant d’êtres humains. L’essentiel n’est pas là. Le problème excède les limites de la sensibilité personnelle et concerne tout simplement le statut juridico-politique (il serait peut-être plus simple de dire biopolitique) des citoyens dans les Etats prétendus démocratiques où nous vivons. On essaie, depuis quelques années, de nous convaincre d’accepter comme les dimensions humaines et normales de notre existence des pratiques de contrôle qui avaient toujours été considérées comme exceptionnelles et proprement inhumaines. Nul n’ignore ainsi que le contrôle exercé par l’Etat sur les individus à travers l’usage des dispositifs électroniques, comme les cartes de crédit ou les téléphones portables, a atteint des limites naguère insoupçonnables. On ne saurait pourtant dépasser certains seuils dans le contrôle et dans la manipulation des corps sans pénétrer dans une nouvelle ère biopolitique, sans franchir un pas de plus dans ce que Michel Foucault appelait une animalisation progressive de l’homme mise en œuvre à travers les techniques les plus sophistiquées. Le fichage électronique des empreintes digitales et de la rétine, le tatouage sous-cutané ainsi que d’autres pratiques du même genre sont des éléments qui contribuent à définir ce seuil. Les raisons de sécurité qui sont invoquées pour les justifier ne doivent pas nous impressionner : elles ne font rien à l’affaire. L’histoire nous apprend combien les pratiques qui ont d’abord été réservées aux étrangers se trouvent ensuite appliquées à l’ensemble des citoyens. Ce qui est en jeu ici n’est rien de moins que la nouvelle relation biopolitique « normale » entre les citoyens et l’Etat. » (1) Aujourd’hui, les autorités et les industriels préparent le terrain pour une diffusion massive de cette technologie : « La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population les technologies utilisées et parmi celles-ci la biométrie, la vidéosurveillance et les contrôles. » Ces préconisations du GIXEL, le lobby des industriels du secteur de l’électronique et du numérique, sont suivies à la lettre : lancement en France du projet INES (carte d’Identité Nationale Sécurisée), contrôles biométriques à l’aéroport de Roissy, diminution des pouvoirs de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avec la loi du 15 juillet 2004, exposition de propagande grand public à la Villette... Et pour familiariser toute la population, on commence par les gamins, comme le conseille le GIXEL : « les méthodes pour faire accepter la biométrie devront être accompagnées d’un effort de convivialité [...] : dès l’école maternelle, les enfants utilisent cette technologie pour rentrer dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine. » (2) Le meilleur des mondes. Ici, les artistes en résidence. Avec l’approbation de la direction des Subsistances qui ne propose solution alternative pour accéder au bâtiment à celui qui refuse d’utiliser le dispositif.

    QUEST-CE QUUN DISPOSITIF ?

    « J’appelle dispositif tout ce qui a d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. Foucault a ainsi montré comment dans une société disciplinaire, les dispositifs visent, à travers une série de pratiques et de discours, de savoirs et d’exercices, à la création de corps dociles mais libres qui assument leur identité et leur liberté de sujet dans le processus même de leur assujettissement. Le dispositif est donc, avant tout, une machine qui produit des subjectivations et c’est par quoi il est aussi une machine de gouvernement. » (1) EASYDENTIC, PARCE VOUS ETES UNIQUE c’est le slogan de la société inscrit sur la borne inoffensive à l’entrée du bâtiment.

    DISPOSIF ILLEGAL AUX SUBSISTANCES

    « Tous les traitements comportant des données biométriques doivent faire l’objet d’une autorisation préalable de la CNIL. Aucun dispositif biométrique n’a fait l’objet d’un « label CNIL » ou d’un agrément a priori. » « Comme elle l’a déjà rappelé à l’occasion des quatre refus d’autorisation délivrés le 12 janvier 2006, la CNIL considère que le traitement, sous une forme automatisée et centralisée, des empreintes digitales ne peut être admis que dans la mesure où des exigences impérieuses en matière de sécurité ou d’ordre public le justifient. » (cnil) C’est le système utilisé actuellement aux Subsistances. A ce jour aucune autorisation de la CNIL n’a été présentée à ceux qui refusent de l’utiliser. Et personne n’a respecté notre droit d’opposition.

    LE LABORATOIRE DE CRÉATION ARTISTIQUE : LIEU D’EXPÉRIMENTATION ET DE CONFRONTATION

    C’est écrit sur la plaquette de communication des Subsistances. Ici, s’expérimentent des formes nouvelles de l’art, un futur. Des champs de constructions et représentations sensibles. Comment rester indifférent à l’élaboration froide d’un monde dans lequel le corps de chacun deviendra le Pass pour pénétrer les espaces autorisés ? Espaces desquels les intrus, les étrangers, les enfants qui n’ont pas leurs tickets de cantine seront rejetés sans arrangement possible. Comment ne pas penser que dans les gestes les plus banals du quotidien se fabrique le monde auquel par manque d’attention, par peur de la confrontation, nous collaborons ? Comment se pense aujourd’hui notre lien entre le réel et sa représentation ? « L’erreur fondamentale de la « science moderne » - celle qui a engendré tous les désastres que nous subissons aujourd’hui – est de prétendre qu’elle peut étudier et manipuler les êtres vivants, les hommes et leur monde tout comme étudier et manipuler les choses dans ses laboratoires. Or les êtres vivants et les hommes ne peuvent êtres réduits à l’état de choses sans être très gravement mutilés ; sans que leur soient ôtés les capacités qui fondent leur spécificité d’êtres vivants, sensibles et pensant. Ce qui distingue les êtres des choses, c’est cette capacité d’avoir une grande diversité de rapports entre eux et avec le monde qui les entoure, et par là pas seulement subir et s’adapter aux circonstances, mais aussi d’utiliser et de transformer ces circonstances pour vivre à leur manière. En les traitant comme des choses, non seulement on nie l’existence de leur liberté et de leur autonomie, mais surtout on en vient naturellement à vouloir la supprimer, puisqu’elle devient un obstacle à leur manipulation en tant que choses. » (3)

    (1)Giorgio Agamben non au tatouage biométrique et qu’est-ce qu’un dispositif ? (2)cqfd : biométrie à la cantoche (3)Bertrand Louard DESSIDENTS INTRANQUILLES

    EASYDENTIC, PARCE VOUS ETES UNIQUE

  • Le 9 septembre 2007 à 15:24, par ferker

    Ca commence comme ça, avec des « soucis légitimes » qui en fait ne sont que des prétextes. Il n’y a qu’à voir avec le fichier génétique qui ne devait être réservé qu’aux délinquants sexuels, et on se retrouve avec des centaines de milliers de personnes fichées, y compris des tentatives de ficher génétiquement des enfants de 10 ans pour un vol de jouet dans un hypermarché (voir l’article de la LDH -> http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2028].

    On connaissait déjà les tentatives de propagande ludique dès l’enfance à l’école (voir par exemple cet article de TiCEblog.) Alors bien sûr, pourquoi pas une banalisation par le biais des artistes ? Tous les moyens sont bons - n’est-il pas ? - pour banaliser le fichage systématique...

    Quand en plus, comme c’est dit dans l’article, ce fichage n’est même pas conforme à la Loi et que même la pauvre Cnil débordée s’en inquiète...

    Pour finir, faire un amalgame rapide entre le fichage biométrique et les traçages informatiques, c’est un peu court comme argument, non ?

  • Le 9 septembre 2007 à 14:25, par Réfléchissons un peu...

    Ayant été en résidence aux subs durant 2 semaines, je comprends le choix de leur système (nombreux vols auparavant, plus de 600 personnes sur le site avec l’arrivée de l’école des beaux arts...) et j’ai bien compris qu’il n’y avait aucune utilisation hors subs et que les empreintes étaient complètement effacées dès mon départ. Je crois qu’il y a des cas où il n’y a pas d’exagération et ce n’est pas la peine de monter ça en épingle. Dans ce cas, il ne faut pas avoir de téléphone portable, ni de carte bleue car on te piste de partout.

  • Le 23 juillet 2007 à 12:20

    Bravo pour cet acte de résistance et le courage d’être allée jusqu’au bout. J’ai entendu récemment le directeur de la CNIL s’insurger contre le manque de moyen de cette institution qui depuis 2004 n’a plus grand pouvoir ...

    PS : ma contribution (toute modeste) : le morceau « stigmates » sur dogmazic.net

  • Le 11 juillet 2007 à 13:21, par Nathalie

    Merci d’avoir publié le témoignage biométrique, juste quelques précisions qui suivent concernant la suite de l’affaire, jusqu’à mon départ de Lyon. Cette suite est publié dans l’interluttant, le journal de la coord. Je peux vous envoyer la lettre le la CNIL qui me confirme qu’aucune autorisation n’avait été demandée. Et que la nouvelle borne n’est toujours pas conforme, une procédure est en cours de leur côté. Le seul système qu’il pourrait être validé serait l’identification par la paume de la main... On touche là toutes les limites de la CNIL de toute façon. Néanmoins cela obligerait les SUBS à modifier la borne totalement et les diverses publications et pressions pourraient les faire renoncer à leur système. Un article devait paraître dans Lyon Capitale qui a été visiblement empêché de publication, la directrice ayant été journaliste là-bas, ce que j’ignorais.

    Nathalie

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