Témoignage de nouvelles attaques racistes et fascistes dans le centre-ville de Lyon. Laisserons-nous faire ça encore longtemps ?
Ce mardi 23 août, il est environ 19h, une journée de travail s’achève à la terrasse des Vieux Remparts, petit bar niché sur les quais de Saône aux alentours de Perrache.
Une pinte à la main, discussion en cours, ma collègue et moi sommes interpellées par des voix qui s’élèvent sur le trottoir d’en face. En tendant l’oreille ce sont des chants nazis et des saluts hitlériens qui brusquement viennent prendre en otage le calme qui régnait jusqu’alors. Abasourdies nos regards insistants et outrés se portent vers eux. Peu de chance d’échapper à la haine de ces individus lorsque l’on est une personne de couleur, le motif était suffisant pour que l’un d’entre eux entame une parade affligeante et largement dirigée, en scandant : « On n’aime pas les nègres, on n’aime pas les nègres, on n’aime pas les nègres... ».
Saisie aux tripes par l’horreur des propos dont j’étais la cible, je me lève, trace directement vers lui, et lui demande à multiples reprises de répéter ses insultes en me regardant dans les yeux.
S’en suit un violent affrontement que nous ne souhaitions pas et qui nous semblera durer une éternité. Coups de poing, gifles, coups de pied, griffures, mise à terre... « T’es pas sur ton territoire », « rentre chez toi », « On aime Hitler », « Sale singe, sale nègre », « ’T’es pas française »...
15 minutes, 15 longues minutes, où la foule amassée en terrasse est restée spectatrice malsaine, comme attirée par le parfum amer du scandale. Aucune réaction du gérant des lieux, si ce n’est cette brève parole : « ça suffit maintenant rentrez chez vous ».
Ce jour là nous étions deux filles sans histoire qui avons pris en pleine face une réalité bien française.
Nous nous sommes défendues tant bien que mal face à un groupe de dix personnes emplies d’idéaux farouchement arriérés, humiliées et agressées pour le simple fait d’exister.
Pleines de larmes, de sang et de bleus, nous partons la tête haute mais le coeur lourd.
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