Samir cumule tout ce qui dans cette société peut être reproché. Il est Arabe, il ne travaillait pas au moment de son arrestation et résidait à Vaulx-en-Velin. Le profil type pour passer par la case prison au moindre écart de conduite. Il a aujourd’hui 26 ans et déjà plus de 3 années de sa vie passées derrière les barreaux.
Sa situation est finalement assez tristement banale – être condamné à plusieurs mois d’emprisonnement pour un geste dans une manifestation. Mais ce qui est frappant, c’est que plus le temps passe, plus la situation devient aberrante. Moins on voit comment Samir pourrait un jour sortir de prison.
C’est absurde et en même temps, dans la particularité de son cas, c’est la logique générale poussée à l’extrême de tout un monde qui s’y déploie. Un monde où le fait de retourner une bagnole en manif devient « destruction [sic] de bien d’autrui commise en bande organisée », où une bousculade avec des surveillants de prison agressifs et en supériorité numérique se transforme en « violences volontaires n’ayant pas excédé une interruption temporaire de travail de plus de 8 jours ». Ce qui arrive à Samir n’est pas la marge, l’exception de ce qui se passe en prison, c’est son sinistre fonctionnement quotidien : des surveillants qui ont toute liberté pour harceler les détenus qui ont le malheur de ne pas leur plaire ou de ne pas être assez dociles, des syndicats de surveillants qui les soutiennent et qui à chaque altercation se plaignent en exigeant plus de moyens avec une justice qui cautionne tout cela [1]. Et Samir au milieu de tout ça, qui enchaîne peine sur peine. La machine pénitentiaire fonctionne de sorte à ce que quand vous êtes dans son collimateur, tout est fait pour vous écraser. Il y a par exemple ce vieux sursis de plusieurs années de Samir qui tombe après une embrouille avec un maton, juste avant sa sortie en 2009. Il a les provocations répétées de certains matons. Il y a les amendes et surtout les dommages et intérêts exorbitants à verser aux matons « victimes » à chaque nouveau jugement au tribunal. Il y a l’impossibilité désormais de sortir vu son passé en prison [2]. Il y a ces deux matons qui l’accompagnent quotidiennement dans tous ses déplacements puisque l’AP le considère comme un détenu « violent » à l’encontre des surveillants. De quoi devenir vite dingue.
Dernières infos : le cycle semble ne jamais prendre fin. Après son transfert à Bourg-en-Bresse, quand sa mère vient le voir au parloir, il a le bras dans une attelle ; on ne sait pas quand ni comment ça s’est produit. Sur le moment, les surveillants refusent de lui transmettre son linge sale sans explications. La mère s’énerve, demande des explications et est aussitôt interdite de parloir.
Le 23 avril, éclate une altercation entre Samir et un maton, il est immédiatement placé au mitard. Il entame alors une grève de la faim.
Le 30 avril, une personnelle du SPIP (le Service pénitentiaire d’insertion et de probation) annonce à sa famille qu’il est sorti du mitard, apparemment sur ordre d’un médecin, et qu’il a arrêté sa grève de la faim.
Pour sa libération, le
rétablissement des parloirs avec sa mère ainsi que la fin des vexations,
brimades et autres provocations à son encontre, rassemblement le 6 juin à 14h devant le Tribunal de
Grande Instance de Lyon.
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info