Denis, un gamin d’à peine 18 ans, apprenti, qui avait jeté une petite bouteille sans toucher personne a eu le procès le plus rapide : 4 minutes. Le procureur avait requis 3 mois ferme.
Le tribunal est revenu a une proportion moins dramatique pour lui : 1 mois avec sursis.
Mohamed, un agent de maîtrise de 31 ans, qui a participé au sit-in pacifique au centre de la place des Terreaux le soir du 7 mai, a reçu sur lui une balle de flashball dès qu’il s’est levé, des gaz lacrymogènes ayant envahi la place. Aussitôt, il a été plaqué au sol par des policiers qui n’y ont pas été de main morte, malgré la blessure du flashball. Sans qu’aucun policier n’ait été blessé, il était accusé d’avoir lancé des pierres, puis d’avoir eu la volonté de balancer un pavé. Ce qu’il nie tranquillement. Le procureur a demandé cependant une peine de six mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Un policier ne s’est pas gêné de demander un dédommagement de 800 euros « pour les conséquences qu’aurait pu entraîner ce geste ». L’avocat a précisé que des dédommagements ne peuvent s’effectuer que pour des faits réels.
Il a quand-même été condamné à 2 mois avec sursis et 250 euros de frais de justice. Le préjudice invoqué par le policier a été rejeté.
(Compte-rendu plus détaillé de l’audience)
Etienne, étudiant, a reçu une balle de flashball en plein dans les testicules. Il s’affesse à terre. Puis il est aussitôt interpellé, mais on doit l’hospitaliser avant de le mettre en garde à vue. Du coup, il a perdu un testicule et a encore de très vives douleurs. Il est accusé d’avoir lancé une pierre sur le pied d’un policier qui lui a fait une entaille de 10 cm. Il reconnaît seulement avoir ramassé des petits morceaux de plastique provenant des grenades lacrymogènes. Le procureur demande 3 mois de prison.
Après le délibéré, Etienne est condamné en plus de ces violents problèmes de santé, à deux mois avec sursis et à dédommager le policier, qui a peut-être pris un coup sur le pied, à hauteur de 850 euros.
(Le récit détaillé de l’audience)
Benjamin, 22 ans, agent immobilier, a reconnu avoir mis le feu à une poubelle rue de la Ré le soir du 7 mai. Le procureur demande deux mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Il a été interpellé de façon musclée avec l’aide d’un chien, des manifestants s’opposant à son arrestation.
Il est condamné à payer 1000 euros (100 jours-amende à 10 €), 54 € pour une poubelle, et 500 € à chacun des deux policiers, pour la rébellion.
Pour Florian et Thomas, 23 ans, qui étaient ensemble à la manif du 7 mai, l’avocat d’office demande la nullité car rien dans les PV d’interpellation ne permet d’identifier clairement ces deux jeunes qui se sont fait arrêter à l’angle de la place des Terreaux parmi un groupe de sept personnes. La nullité a été rejetée. Florian est formel, à aucun moment il n’a lancé de bouteille, il est pacifique et Thomas le spécifie d’ailleurs dans sa déposition. Thomas reconnaît avoir jeté une petite bouteille de bière une fois qu’elle était finie, mais elle n’a touché personne. Il n’y a pas de blessé, pas de partie civile. Le procureur requiert 2 mois ferme « puisqu’ils étaient ensemble »
Florian est relaxé. Thomas prend deux mois avec sursis.
Olivier, le 7 mai place des Terreaux, était un peu à l’écart du groupe, c’est comme ça qu’il s’est fait arrêté. Il a reconnu avoir jeté une cannette vide en aluminium. Cela aurait blessé à la main un policier. Olivier a été brutalisé pour son arrestation, alors qu’ayant mal au genou, il aurait eu du mal à s’enfuir. Le procureur demande 3 mois ferme et 3 avec sursis.
Il est condamné à trois mois de sursis, avec mise à l’épeuve pendant 18 mois, ainsi qu’à indemniser le policier à hauteur de 1050 euros.
(Compte rendu détaillé de l’audience)
En ce qui concerne l’arrestation de Mehdi, le juge ne comprend pas comment est rédigé le PV d’interpellation, où rien n’est précisé. On ne sait pas ce que font les deux policiers, où ils se trouvent, ce que devient le scooter ? En effet, c’est parce que Mehdi se trouve sur un scooter en sens interdit dans la rue Puits-Gaillot, qu’il est frappé durement par les policiers, traîné par terre et insulté. Il présente des plaies au coude et aux genoux et des échymoses un peu partout. Dans ces conditions d’interpellation, il reconnaît avoir répondu aux policiers en les outrageant. C’est tout ce qu’il reconnaît, car on l’accuse aussi d’avoir lancé des pierres sur les policiers et de s’être rebellé. Mehdi était aux Terreaux parce qu’il a l’habitude d’y venir, mais il n’était pas du tout là pour manifester ce jour-là. Le procureur demande neuf mois ferme avec mandat de dépôt compte tenu des antécédants. L’avocate insiste sur l’incohérence au sein de la rédaction des PV : « Un policier explique qu’il lui aurait donné des coups de pied aux jambes et que cela l’a blessé à la main. » On lui donne un autre nom sur le PV de garde à vue, et rien n’est dit sur le lieu ni la matière des projectiles.
Il est condamné cependant à trois mois de prison ferme, sans mandat de dépôt et à indemniser le policier de 850 euros.
Deux frères, Hassan et Farid, 21 et 22 ans et une autre personne, Yacine, 20 ans, sont jugées ensemble, mais ils ne se connaissent pas. Lors d’une charge policière le soir du 7 mai dans la rue Terme, tout le monde se met à courir et les trois personnes les plus proches des CRS sont interpellées. Hassan reconnaît avoir jeté une bouteille, Farid dit avoir entendu du verre cassé mais au contraire aurait tenté de calmer son frère et n’a rien lancé du tout. Yacine, lui, est venu du Beaujolais aux Terreaux pour manger un kébab et non pour manifester. Il s’est mis à courir pour reprendre son véhicule, il avait peur qu’il soit abîmé et réfute absolument avoir lancé des projectiles. Le procureur requiert 8 mois de prison avec mandat de dépôt pour Hassan, bien qu’il ait un casier vierge, 3 mois de prison avec mandat de dépôt pour Farid et 2 mois ferme pour Yacine.
Après le délibéré, Yacine est relaxé au bénéfice du doute. Farid écope de 2 mois de prison ferme sans mandat de dépôt, et Hassan de 4 mois ferme sans mandat de dépôt. Même si ces deux jeunes sortent libres ce jour, la condamnation est sévère.
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