« Bonsoir monsieur ! S’il vous plaît, par ici.... »
Soupirs... comme pour dire : vous n’avez vraiment rien d’autre à faire ?
Mais je ne dis rien... Je m’exécute, évidemment ! Après tout, je ne peux fuir un quelconque contrôle ou refuser d’obtempérer... J’obéis donc, tête baissée...
« PAPIER BITTE ! SHNELL ! (bon, là c’est ce que j’ai entendu mais je crois qu’ils me parlaient en français en fait....)… et votre billet de train aussi s’il vous plait !
Mon billet de train ?!! Pour quoi faire ?!!! Et puis je l’ai jeté en sortant de toute façon.... »
Là, se rendant bien compte que de toute façon ils n’avaient pas le « pouvoir » de contrôler ma bonne citoyenneté ferroviaire (à noter qu’à ce moment je ne suis plus dans le train mais simplement dans la gare...), ils laissent tomber l’histoire du billet et se contentent de vérifier mon identité...
« Vous consommez des produits stupéfiants ?
Non
Des cigarettes ?
Oui
Vous en avez sur vous ?
Non
Et bien c’est ce qu’on va vérifier....
Là commence une fouille un peu poussée par rapport à l’objectif ; je m’étonne :
C’est des cigarettes que vous cherchez là ?!!
On va regarder dans votre sac monsieur, écartez-vous s’il vous plaît... »
Déjà, on m’appelle monsieur et on me vouvoie... j’ai de la chance ! En attendant je jubile car je sais très bien qu’ils ne trouveront rien... Et puis j’espère que la personne qu’ils recherchent, elle, profite de mon contrôle inutile pour passer discrètement (sans capuche sur la tête)... En tout cas, moi de mon côté, ça me ferait presque du bien de les voir comme ça, perdre leur temps. Car moi, après tout, j’ai tout le mien ! Disons que je l’ai au moins bien récupéré sur le billet que j’ai fraudé et qui m’a économisé un trajet deux fois plus long en bus !
« Vous venez d’où monsieur là ? Et vous faites quoi dans la vie :vous êtes étudiant ? Vous travaillez ?
Et bien... je viens de Lyon..... et oui je travaille ! »
Là je peux bien dire n’importe quoi : de toute façon, ça a plutôt l’air d’être un questionnaire de politesse pour que je les laisse tranquillement mettre le nez dans mes affaires sans broncher... Je poursuis :
« Je suis chercheur… en chimie… la drogue, tout ça... »
Petit sourire en réponse qui me fait presque regretter l’air sympathique qu’ils garderont en mémoire de moi !
Qu’importe... je peux repartir ! Je ne saurais finalement pas ce qu’ils cherchaient durant ce contrôle. J’espère simplement qu’ils n’en auront trouvé que du temps perdu ! Et moi, en continuant ma route, à pied, je me dis que c’est bien triste de rentrer seul ce soir en passant devant ces 2 voitures et cette camionnette bleu-blanc-rouge, vides, comme abandonnées à un destin qui croise le mien…
Mais la chaleur des flammes, ce sera chez moi, en rédigeant au coin du feu ce témoignage d’un homme fatigué par les contrôles et les milices d’un État qui lui est insupportable ! Et encore, moi j’ai de la chance, ça aurait pu être pire : j’aurais pu naître « Auvergnat »...
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