Lyon 2 : du droit à l’éducation bafoué, à l’ostracisation d’une recherche jugée indésirable ?

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Sophie Perrin, en reprise d’études à Lyon 2, obtient le master 2 anthropologie mention très bien en juin 2010. Contre toute attente, elle est évincée de l’accès en thèse dans sa faculté. En cause ? Une ambiance de « lutte des places » exacerbée ? Une recherche trop novatrice ?
Rendez vous lundi 14 mai à 14h au tribunal

La situation faite à Sophie Perrin met en lumière de graves absences de droits pour les usagers de l’Université, et le contrôle restreint des choix de thèmes de recherche. Durement sélectionné.e.s à l’entrée en master 2 depuis la réforme LMD, les usager.e.s n’ont pour autant aucune garantie d’accès en thèse. Au nom de la « liberté » des enseignant.e.s, sont ainsi dévoyées les valeurs d’équité d’un service public, dont ces enseignant.e.s sont pourtant censé.e.s être les garants. Un.e étudiant.e « trop » revendicatif, un sujet de thèse qui n’intéresse pas les enseignant.e.s ? La thèse ne se fera pas, même si les manques sur le thème sont criants. Sophie Perrin travaillait sur les abus sexuels incestueux, dont sont victimes entre une et deux femmes sur cent en France métropolitaine (INED, enquête CSF, 2006).

Sophie est interdite d’accès aux campus de Lyon 2 depuis 18 mois maintenant, par arrêté de l’université – ce qui constitue un précédent. L’université a porté plainte contre elle pour « harcèlement moral », après avoir déclenché une véritable campagne de stigmatisation à son encontre. Sophie Perrin passera donc en procès le 14 mai prochain. Son tort ? Avoir tenté de faire valoir ses droits, d’abord seule, puis soutenue par de plus en plus nombreuses organisations ; avoir voulu continuer sa recherche sur ce thème encore tabou : l’inceste.

Nous refusons que celles et ceux qui osent essayer de faire respecter leurs droits et liberté de recherche à l’université puissent en être bannis par des arrêtés et traînés en justice. Une attaque contre l’un.e est une attaque contre tou.te.s. Nos organisations appellent donc à venir soutenir notre camarade Sophie lors de son procès.


Rendez vous lundi 14 mai à 14h au tribunal (67 rue Servient 69003 Lyon).

Ici le communiqué d’appel à présence de soutien le 14 mai, signé à ce jour par les organisations CE (Confédération Etudiante), FSE (Fédération Syndicale Etudiante), SUD travail UT 69, SUD éducation 69, CNT éducation 69, CGT éduc’action 69, JCML (Jeunesse Communiste Marxiste Léniniste), MJCF (Mouvement Jeunes Communistes de France), UEC (Union des Etudiants Communistes), NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), PG (Parti de Gauche), PCF (Parti Communiste Français), Collectif libertaire de la librairie la Gryffe, CGA (Coordination des Groupes Anarchistes), OCML VP (Organisation Communiste Marxiste Léniniste Voie Prolétarienne).

Voir aussi :

- l’histoire de dix mois d’interdiction d’accès aux campus de Lyon 2, ou chronique de la transformation de votre camarade en dangereuse folle furieuse.

- La pétition de soutien

- L’audience pénale du 24 octobre 2011 : appel de la FSE, et compte rendu d’audience.

- L’audience au Tribunal Administratif du 22 mars 2012 : appel de la FSE et compte rendu via le communiqué interorganisations.

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lundi 14 mai 2012

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  • Le 18 mai 2012 à 19:49, par Sophie

    Voici de premiers éléments (désolée j’étais un peu HS après ce grand moment de confrontation avec la prose de la fac, et c’est bien dans ces cas là, si d’autres personnes peuvent faire passer les infos).

    L’avocat de la fac est arrivé avec l’affiche d’appel à soutien pour le procès (pas celle de la FSE, la première, avec les caricatures d’autodérision de nous tous) : il a pointé la « grande violence » de cette énième affiche de Sophie Perrin, où il y a même « des battes de base ball !!! » (j’ai répondu que c’était une affiche collective, et mal interprétée par le monsieur en plus).
    La proc avait l’air de découvrir un autre monde en lisant cette même affiche ... bref. Les présentations sont difficiles.

    Donc tout ça, c’était pour empêcher le report d’audience demandé le matin même par mon avocat, ET obtenir une requalification des faits à la hausse concernant mes « intrusions » dans les campus (passer de simples « intrusions non autorisées » à « intrusions non autorisées en réunion et dans le but de troubler l’ordre public »).
    Report d’audience et requalification refusés par la présidente du tribunal.

    La fac a enfin, durant l’audience, affiché son objectif par la bouche de son avocat : « nous notre objectif, c’est que Sophie Perrin reste interdite d’accès aux campus, au-delà de la durée de validité des arrêtés actuels » (donc demande d’interdiction par voie pénale).
    Je reviens pas pour l’instant sur le déroulé complet de l’audience (j’étais trop dedans pour pouvoir en rendre compte sans les retours de nos camarades, que j’attends afin qu’on puisse vous rédiger quelque chose). Juste : une quarantaine de personnes présentes au début de l’après midi, un peu moins de vingt à l’heure de l’audience (tardive, pas du fait d’une mauvaise volonté du tribunal mais des possibilités horaires de mon avocat notamment).
    Le verdict est mis en délibéré, ce qui est rare pour une chambre à un juge unique, et sera rendu le 11 juin.
    Le proc a requis deux mois de prison avec sursis mise à l’épreuve, une injonction de soins et 300 euros d’amende (donc le proc veut surtout que je sois « soignée »...se battre pour ses droits, c’est pathologique, d’ailleurs, je vous détaille pas non plus le rapport de l’expert psychiatre faudrait que je le relise d’abord, hallucinant).
    Y’a eu un peu plus d’une heure d’audience sur ce dossier, sachant que la durée maxi habituelle dans cette chambre, c’est plutôt du 30 minutes ... tout ça, c’est probablement un peu grâce à vous.

    Merci.

    PS : le salut aux RG qui passeront par là en passant. 4 trains de retard vous avez, sur ce dossier. Va falloir les rattraper, mais c’est pas moi qui le ferai pour vous... bon travail messieurs, et comme dirait votre collègue flic rencontré en commissariat, « c’est de bonne guerre » ;-)

  • Le 15 mai 2012 à 14:14

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