Le président :
La proc : dame [osəlƐ]
La prévenue : R
Les deux assesseurs : un juge de proximité sans robe avec une grosse médaille pendue à un ruban bleu et une juge, qui n’ont posé aucune question dans aucun procès cet après-midi, trop parfait le président, trop parfaite la proc
Elle est devenue difficile à supporter cette salle G depuis que le nouveau proc a pris ses fonctions : il ne cesse les provocations en direction du public, des jeunes, espèce de grand échassier chafouin il cherche à provoquer l’outrage et pratique l’outrage en permanence …Du coup, l’atmosphère dans la salle d’audience est tendue même entre les procès.
Après 48 h de GAV, R. entre dans le box, petite copine de 19 ans elle a tout reconnu et décidé de tout assumer. Elle est accusée de dégradations en réunion (co-auteurs non identifiés) de jet de pierres sur les vitres de bâtiments publiques (co-auteurs non identifiés) puisqu’on juge les dégradations extérieures des deux comicos du premier arrondissement… Elle accepte la comparution immédiate… elle est courageuse et sacrément déterminée.
Dernier personnage de cette sinistre comédie : monsieur [ylƐ] partie civile représentant la police municipale (la nationale n’a pas porté plainte), à l’interruption de séance il va protester auprès d’une de ses collègue (flique municipale) au motif qu’après qu il a demandé 13553.88 euros de dommages pour la ville et que l’avocat a réfuté sa demande arguant, qu’il y a sûrement une assurance qui va payer les dégâts et que normalement la partie civile aurait juste dû produire la facture du montant de la franchise mais que comme il n’avait pas fourni les documents on ne lui a pas redonné la parole : il s’estime lésé et fourbira ses armes pour les procès de mardi 17..…alors gaffe à ceux, celles qui vont passer mardi, ils elles paieront, c’était l’entracte il ne savait pas.
À ces chefs d’accusation vont s’ajouter bien d’autres que le super président va suggérer :
1) R. est la première manifestante jugée pour dégradation, le président souligne l’incongruité de voir « une femme » ici pour ces faits… : pionnière donc.
2) Elle n’a plus de boulot depuis quelques mois : on sait que cette cour n’aime pas que les chômeuses pensent, réagissent, se révoltent… chômeuse impertinente donc.
3) Elle n’a pas la personnalité de ceux qu’on voit ici habituellement dans ce rôle : c’est donc une casseuse qui ne correspond pas aux critères habituels…suspecte donc.
4) Il n’y a pas d’antécédents familiaux, puisque personne dans sa fratrie n’a eu affaire à la justice d’ailleurs le président ne va pas le lui demander mais juste lui poser la question « vos parents n’ont jamais été condamnés » oui, il a osé poser cette question...
5) Elle porte sur son visage la marque indélébile de « son immaturité » : un sourire, petit sourire sympa dont tu te demandes s’il est le signe d’une profonde détresse, d’une nervosité passagère, d’une profonde confiance en ses révoltes, la preuve toute simple d’une nana bien dans sa peau, une mimique perso !! Et bien cela déplaît au président elle ferait bien d’effacer , de cacher cette marque « d’immaturité »…une femme ce n’est pas responsable c’est immature…
6) Elle était au premier plan sur les vidéos de la ville, sur celles des caméras de surveillance du commissariat et celle des balances du voisinage qui après avoir filmé derrière leurs fenêtres ont porté leur film ou photos aux flics qui eux ont tout reconstitué depuis la collecte des pierres : les jets , les bris …en une soirée ils ont bien repéré R et le lendemain (11 mai), puisqu’elle ne s’était pas changée, ils l’ont reconnue quand elle est revenue manifester : elle portait le même manteau que la veille…ils l’ont arrêtée.
Une autre jeune fille qui était au premier plan avec R , elle n’a pas encore été arrêtée..
.R, cassait donc insolemment « elle faisait partie des plus motivées »
Elle a dit qu’elle assumait et elle assume : elle va répéter que
« L’effet de foule [lui] a donné envie de faire cela ».Cette phrase va déclencher une salve de questions
« - Avez-vous des problèmes avec l’autorité ? NON
Quand vous voyez un uniforme ça suscite quelque chose en vous ? NON
Un bâtiment public ça vous fait quoi ? RIEN
Je me suis portée volontaire pour montrer ma colère ; en garde à vue j’ai pris conscience que c’était grave, je ne le referai plus.
Vous êtes venue sans objet ? OUI
Donc les cailloux que vous avez jetés vous les avez trouvés sur place ? OUI »
Le pire est à venir et c’est la proc qui va prononcer un réquisitoire vengeur et insultant :
Pour elle c’est un nouveau dossier en marge des manifs contre la loi…elle va retracer la chronologie des faits…rappeler qu il s’agit d’une manif spontanée donc non autorisée donc illégale.
Refrain sur la souffrance policière :
228 policiers ont été mobilisés ce soir-là pour cette manif, d’autres sont restés coincés à l’intérieur des commissariats pendant les dégradations, d’autres victimes de projectiles etc.
Les vidéos sont claires nettes et montrent que R semble « acharnée dans sa mission »…là ça devient mystique !!
S’attaquer aux locaux de la police c’est s’attaquer aux valeurs de l’état, c’est nous porter un vrai coup à nous qui nous levons le matin et allons travailler et payons nos impôts car ce sont les impôts qui paient les réparations….
Je la cite encore
« Au-delà du débat d’idée (des idées ?) il y a une attente majeure il faut donner une réponse forte et rapide, il faut montrer l’exemple pour l’Euro dans un mois, il faut montrer qu’à lyon on ne casse pas sans risque »
Cette phrase est une insulte à toutes nos mobilisations actuelles.
Elle demande 8 mois d’emprisonnement plus mandat de dépôt. (Le risque encouru est de 7 ans fermes)
L’avocat de permanence rappelle la légitimité du combat de R ; reprend l’argument de la foule porteuse, Monsieur Barlet rappelle la discussion juridique autour de l’assurance du bâtiment et soutient la thèse de l’illégitimité de la demande de paiement des frais de réparation. Ce n’est pas ce point de vue qui va être pris en compte
Verdict : R est jugée coupable des chefs d’accusation
Elle écope de 6 mois avec sursis, 5 ans d’interdiction de manifester, 13555.83 euros de réparations le prix de la paix sociale pour l’euro de foot et le délit majeur de R ne pas appartenir
à la même moitié de l’humanité que le juge
* pour info (la grille tarifaire des salaires des présidents de tribunaux de grande instance indique un salaire mensuel de 5700 euros par mois pour 2013 …)
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