En France, ce mouvement reste particulièrement minoritaire et souvent confus. Dans d’autres pays, des anarchistes ont participé à ces mouvements locaux. Il serait intéressant de compiler les différents textes de réflexion pour ne pas encourager un mouvement à l’inverse de nos idées (collaboration avec la police, croyance dans la représentation démocratique, apologie du pacifisme - qui n’a rien à voir avec la non-violence) sans passer à côté d’un mouvement potentiellement intéressant (par sa critique de la démocratie telle qu’elle s’exerce ou sa légère critique du capitalisme).
Beaucoup de gens, ici à Lyon ou ailleurs dans le monde, se posent pas mal de questions sur le soutien qu’il faut ou non apporter à ce mouvement ou au contraire formulent des critiques sévères à son encontre.
Cet article a pour but de rassembler les liens vers des textes pertinents, et éventuellement d’en encourager la traduction pour les plus intéressants, pour confronter les arguments et y voir un peu plus clair.
Mises à jour de cette compilation de textes
29 novembre : rajout des textes Temps Critiques mais aussi de SIC et de TPTG sur le mouvement grec, ainsi que l’analyse sur l’ensemble des mouvements d’Alain Accardo.
Textes en français :
Sur le mouvement aux Etats-Unis
Ken Knabb : « Il ne s’agit pas d’une série de protestations, mais d’un mouvement » (Article11, entretien avec Ken Knabb, traduit de l’anglais le 10 novembre).
Anecdotique ? Ou, au contraire, l’un des mouvements politiques les plus importants de l’après-guerre ? Depuis la France, il est difficile de prendre l’exacte mesure du mouvement Occupy Wall Street, qui touche désormais des centaines de villes étatsuniennes. Pour s’en faire une idée, voici une interview de Ken Knabb, figure de la gauche révolutionnaire investi dans le mouvement Occupy Oakland.
Le réveil en Amérique, (Bureau of Public Secrets, texte de Ken Knabb traduit de l’anglais le 15 octobre).
Le mouvement des “occupations” qui se répand à travers le pays depuis quatre semaines est d’ores et déjà l’explosion radicale la plus significative en Amérique depuis les années 60. Et il ne fait que commencer.
Cela a démarré le 17 septembre lorsque plus de 2000 personnes se sont rassemblées à New York pour “occuper Wall Street” afin de protester contre la domination toujours plus évidente d’une élite économique ultra-minoritaire sur les 99% de la population. Les participants occupèrent un parc près de Wall Street (rebaptisé Place de la Liberté en guise de salut envers l’occupation de la Place Tahrir en Egypte) et formèrent une assemblée générale qui fut reconduite chaque jour suivant. Bien qu’au départ totalement ignorée par les principaux médias, cette action inspira rapidement des mouvements d’occupation similaires dans des centaines de villes à travers le pays et d’autres dans le monde entier.
À court de chewing gum (Mouvements, entretien avec Mike Davis publié le 29 octobre). Mike Davis est sociologue de la ville, auteur notamment d’un livre sur Los Angeles et les logiques de contrôle urbain City of Quartz, Los Angeles capitale du futur.
Il est vrai que les vieux militants de gauche radicale dans mon genre sont prompts à reconnaitre dans chaque nouveau-né le messie ; mais cet enfant, « occupy wall-street », nait coiffé. Je pense que nous sommes témoins de la renaissance de ces qualités morales qui ont défini de manière si caractéristique les immigrants et les grévistes de la grande dépression, la génération de mes parents : je parle d’une solidarité et une compassion spontanées et larges fondées sur une éthique dangereusement égalitaire. Une éthique qui dicte de s’arrêter pour prendre en voiture une famille qui fait du stop. De ne jamais briser une grève même lorsque le loyer est en souffrance. De partager sa dernière cigarette avec un étranger. De voler du lait quand vos enfants en manquait et d’en donner la moitié aux petits d’à coté— ce que ma propre mère a fait de manière répétée en 1936. Une éthique qui dicte d’écouter attentivement les gens profondément silencieux qui ont tout perdu sauf leur dignité. De cultiver la générosité du « nous ».
Ce que je veux dire, je crois, est que je suis extrêmement impressionné par les gens qui se sont joints aux occupations pour les défendre malgré les importantes différences d’âge, de classe sociale et de race. Mais pareillement, je suis en adoration devant les gosses courageux qui sont prêts à faire face à l’hiver et à rester dans les rues glacées comme leurs frères et sœurs sans-abris. Retour à la stratégie cependant : quel est le prochain maillon de la chaine (au sens que donnait Lénine à cette expression) qu’il faut attraper ? Dans quelle mesure est-il impératif que les fleurs sauvages tiennent une réunion unitaire, adoptent des revendications programmatiques, et conséquemment se mettent sur le terrain des enchères politiques pour les élections de 2012 ? Obama et les Démocrates vont avoir désespérément besoin de leur énergie et de leur authenticité. Mais il est peu probable que les occupants offrent leur extraordinaire processus d’organisation autonome à la vente.
Personnellement, je penche du coté de la position d’ultra-gauche et de ses impératifs évidents.(...)
Prémonitions – sur les occupations aux États-Unis (Jura Libertaire, traduit le 29 octobre). Traduction d’un petit pamphlet écrit par un camarade américain sur les occupations.
« Les occupations qui viennent n’auront en vue aucune fin, et aucun moyens de les résoudre. Quand cela arrivera, nous serons enfin prêts à les abandonner. »
Occupy Wall Street est la première réponse américaine majeure à la crise économique de 2008. Mais la crise de 2008 est le premier résultat majeur de la réponse ratée à la crise des années 70. En réalité, la guerre de classe à retardement des trois dernières décennies, dans laquelle les Américains ont, avec leur bonne foi, laissé les affaires et le gouvernement régler le problème, est revenue se venger. Le temps d’attendre est révolu. L’âge de l’austérité a ses limites. Tout occuper sans revendications n’est que le premier pas que fait dans ses chaussures gigantesques le nouveau prolétariat américain.
Chers occupistes : une lettre de la part d’anarchistes, traduit de l’anglais le 8 octobre, première publication sur Crimethinc.org.
Appui et solidarité ! Nous sommes inspiré-e-s par les occupations sur Wall Street et ailleurs au pays. Enfin, le peuple prend à nouveau la rue ! Le momentum autour de ces actions peut potentiellement redonner de l’énergie à la protestation et à la résistance dans ce pays. Nous espérons que ces occupations vont augmenter en nombre et en substance, et nous ferons notre possible pour contribuer à ces objectifs.
Pourquoi devriez-vous nous écouter ? Brièvement, parce que nous en sommes rendu-e-s au même point depuis longtemps déjà. Nous avons passé plusieurs décennies à lutter contre le capitalisme, à organiser des occupations, et à prendre des décisions par consensus. Si ce nouveau mouvement n’apprend pas des erreurs passées, nous risquons de répéter ces mêmes erreurs. Nous résumerons ici nos leçons apprises à la dure.(…)
Construire le potentiel anarchiste et révolutionnaire du mouvement Occupy Wall Street, une déclaration conjointe de First of May Anarchist Alliance et The Utopian : A Journal of Anarchism and Libertarian Socialism, traduite en français sur anarkismo.net (23 octobre).
Nous devrions viser à convaincre le mouvement que le problème actuel aux États-Unis ne concerne pas seulement Wall Street, les entreprises ou le fait que le système économique est actuellement « manipulé » ou « truqué » par des individus égoïstes et rusés. Nous devons expliquer que la source de la crise c’est le système capitaliste lui-même, un système où la production n’a lieu que lorsqu’elle génère des profits qui sont ensuite en grande partie accaparés par la minuscule élite qui dirige le pays. Ainsi, nous devrions chercher à démontrer au mouvement que son objectif utlime devrait être la démocratisation radicale de toute notre société, ou, en d’autres mots, une révolution, par laquelle la vaste majorité de la population saisit des riches le contrôle de l’économie et du pays dans son ensemble pour ensuite disperser le plus largement possible le pouvoir et le contrôle direct sur tous les aspects de la vie sociale. Conséquemment, nous devrions proposer et appuyer les revendications radicales qui à la fois soutiennent cette perspective et unissent les secteurs de la population aussi largement que possible. (...)
À propos du respect des règles du jeu : le singulier succès d’#OccupyWallStreet, un texte de David Graeber, anthropologue et anarchiste américain (Mouvements, traduit le 30 octobre). Un récit et une analyse des débuts du mouvement Occupy Wall Street auquel il a participé.
Vous pouvez dire ce que vous voulez des Américains, et il y aurait beaucoup à dire, mais c’est un pays où est très fortement ancré un sens démocratique. L’idée que nous sommes, ou que nous sommes censés être une société démocratique, nous rend fiers d’être Américains. Si Occupy Wall Street s’est étendu à chaque ville d’Amérique, c’est parce que nos seigneurs de la finance nous ont conduit à une impasse telle que les anarchistes, les prêtresses païennes et les gardeurs d’arbres sont les derniers Américains à penser qu’une société démocratique est peut-être encore possible.
Sur le mouvement en Espagne
Les anarchistes et le mouvement du 15 mai : réflexions et propositions], (CCI, traduction depuis l’anglais d’un texte espagnol, publié le 15 juin, une autre traduction par le collectif de traduction de Caen est dispo sur le Jura Libertaire.).
Le texte que nous publions ci-dessous a été rédigé par un groupe d’anarchistes madrilènes autour du 27 mai. Il nous a été envoyé sur notre site en espagnol1 par un de nos lecteurs. Nous l’avons publié et nous le traduisons ici parce qu’au-delà des divergences que nous pouvons avoir parfois, il donne une description vivante et juste de ce qui s’est passé dernièrement sur la Puerta del Sol de Madrid. Par ailleurs, il pose le problème de l’intervention des révolutionnaires dans ce genre de mouvement. (...)
Ce texte prétend être une réflexion et une proposition pour sortir de l’impasse dans lequel nous nous trouvons depuis longtemps, pour nous défaire des lourdeurs que beaucoup d’entre nous traînons et qui nous immobilisent. C’est, au fond, une réflexion pour essayer de nous clarifier, pour savoir qu’est-ce que nous pouvons apporter et comment nous pouvons participer dans tout ce qui arrive autour de nous.
(…)
Barcelone : un tract écrit et diffusé parmi les indignés de la place de Catalunya
Posted on 10 juin 2011 by juralib, (Jura Libertaire, traduit le 10 juin).
Avant, il y avait cette logique : s’organiser ou s’indigner. Désormais : s’organiser pour s’indigner. Nous disons : qui s’indigne attend encore de ce monde, pourtant déjà un souvenir ruiné. Qui fait attention à son image est déjà dans la force-de-travail. Esclave. Détruire le vieux monde en nous est le geste le moins spontané qui puisse être. Les intensités sont des vérités. Le monde n’est guère favorable aux vérités nouvelles. L’être isolé est le centre de ce monde en même temps que ses bordures, facilement déchirables. une foule d’êtres isolés également.
Espagne : Por una anarquia total ya ! / Pour une anarchie totale maintenant ! (Jura Libertaire, traduit le 3 juin).
Ce texte provient de notre indignation de voir le mouvement « Démocratie Réelle Maintenant » se présenter lui-même comme une vraie révolution, alors que ce qu’il représente réellement ce qu’il défend est la continuation du système capitaliste raccommodé avec quelques réformes sans autres effets que de lui donner une légitimité. Les idées que reflètent le manifeste de ce mouvement sont des appels de politiciens, exigeants un système qui tourne à la perfection, pour une démocratie qui permet un désaccord canalisé et contrôlable, tant qu’il ne menace pas sa survie.
Témoignages de camarades sur les occupations de Barcelonne et de Grenade (Le Réveil, 22 mai). Récit de camarades libertaires plutôt favorables aux formes du mouvement espagnol (à ses débuts en tout cas).
La non-violence déclarée dès le départ s’est traduite en une résistance radicale passive et dans l’occupation obstinée de tous les lieux centraux et symboliques de la ville, en termes de circulation, commerce et tourisme. Un mécanisme qui s’est déclaré s’être inspiré de la Révolution Égyptienne, qui communique en permanence sur le web et qui attire le consensus de larges segments de la population. À l’heure actuelle, l’utilisation de la force par les institutions locales pourrait obtenir un résultat contraire à celui recherché.
En réalité, ce qui peut arriver dépend avant tout de la capacité de ce mouvement à traduire l’indignation en revendications concrètes, plutôt qu’en prétentions justicialistes de moralisation ou perfectionnement de la classe politique.
Non à n’importe quel État, démocratique ou pas !, texte d’Agustin Garcia Calvo, auteur anarchiste, lu à la Puerta del Sol à Madrid (Rebellyon, le 19 mai).
La première [suggestion] est de ne jamais compter en quoi que ce soit sur l’État, quel qu’il soit : sur aucune forme d’organisation étatique. [Applaudissements.] Je vois que c’est une erreur que beaucoup d’entre vous perçoivent sans qu’il y ait besoin de le dire. Il en découle que l’on ne peut en aucun cas se servir de la Démocratie, ni du nom ’démocratie’. Désolé, je vois bien que cela n’éveille pas d’applaudissements immédiats, mais il faut insister là-dessus. Je comprends que choisir des devises comme « Démocratie réelle tout de suite » peut être, pour celui qui l’inventa, une tactique, une tactique pour ne pas trop se dévoiler, car il semblerait que dire frontalement et immédiatement « Non à n’importe quel État, démocratique ou pas ! », pourrait sonner mal. Cette timidité ou cette modestie peut l’expliquer, mais je crois qu’il est temps se défaire de cette tromperie.(...)
Manifeste du collectif espagnol Democracia Real Ya (Rebellyon, traduit le 19 mai).
Sur le mouvement en Grèce
Notes préliminaires pour un -compte-rendu du « Mouvement des assemblées populaires » en Grèce, article du collectif grec TPTG publié en français sur Libcom.org et dont on peut trouver d’autres textes traduits sur leur site.
Il s’agit d’un article assez complet sur le déroulement du mouvement place Syntagma en mai-juin à Athènes, les différentes problématiques soulevées et le problème violence-non-violence. Il conclue sur 3 éléments sur ce mouvement : son nationalisme, les problèmes de manipulation de l’assemblée, l’attitude des anarchistes (anti-autoritaires) et du reste de l’extrême-gauche dans ce mouvement.
Une chose est certaine : ce mouvement volatile et contradictoire attire l’attention de tous les côtés du spectre politique et constitue une expression de la crise des rapports de classe et de la politique en général. Aucune autre lutte ne s’est exprimée de manière plus ambivalente et plus explosive dans les dernières décennies. Ce que le spectre politique dans sa totalité trouve inquiétant dans ce mouvement d’assemblées est que la colère et l’indignation prolétaires (et petites-bourgeoises) ne s’expriment plus par les canaux de médiation des partis politiques et des syndicats. Il n’est donc pas tellement contrôlable et il est potentiellement dangereux pour le système de représentation général, politique et syndicaliste.
Le mouvement des « Indignados » en Grèce, un article publié dans la nouvelle revue « Sic », écrit en juillet (avant l’essouflement final du mouvement place Syntagma à Athènes).
Le mouvement des « indignados » fut une lutte de prolétaires et de couches de la classe moyenne et de la bourgoisie rapidement prolétarisées dont la reproduction est bloquée, qui deviennent de plus en plus pauvres ; une lutte menée au niveau de la politique, c’est-à-dire en dehors de la production. Confrontés à la généralisation de l’absence d’avenir dans les développements de la crise actuelle, et à l’intensification des dynamiques de la restructuration, les manifestants ne peuvent pratiquement envisager aucune porte de sortie, aucune façon concrète de rendre leur vie différente, et c’est pour cela qu’ils mettent en avant une simple forme, la démocratie réelle, qui, quel que soit le degré auquel elle représente toutes leurs aspirations à une vie meilleure, demeure une forme vide. Vu de cette façon, ce mouvement peut apparaître comme l’envers de la médaille des émeutes de décembre 2008.
Sur le mouvement en France
Les « Indignés », l’apolitisme et le conspirationnisme (Conspis hors de nos vies, le 17 septembre).
Une analyse à propos des « Indignés » et de leur manque de perspectives politiques, qui est sous tendue par la quasi-absence dans leur réflexion théorique de toute critique sociale digne de ce nom. Ce texte établit un lien avec cet « apolitisme »revendiqué et leur perméabilité aux thèses conspirationnistes : la nature ayant horreur du vide et l’ennemi capitaliste n’étant pas clairement nommé, il est normal que la lutte contre le « nouvel ordre mondial » en vienne à remplacer la lutte contre le capital, l’Etat et leurs valets. (…)
Indigné-e-s lyonnais-es, mais surtout candides parfois (Rebellyon, le 22 juin)
Sur le fond, ce qui m’inquiète le plus c’est que l’indignation de certain-e-s semble venir de petits problèmes personnels plus que de la société, du système. C’est le cas dans ce texte. Car quand on vit en France, comment ne pas se sentir en Etat fort et dur, raciste ouvertement, injuste, militariste, flicailleux ? Comment ignorer les expulsions, les matraquages en règle, les bavures policières toujours couvertes ? Comment peut-on sincèrement continuer à croire que le système policier est au service du citoyen en France ? Comment oublier les lois d’exeptions qui permettent le pire (LOPPSI2 et autres) ? C’est de la candeur, mais cette candeur est un peu dangereuse quelque part. Certes, on peut aussi y lire du second degré, mais je n’y crois pas.(…)
Indignés ! l’un dit niais... vous ?, (texte de Claude Guillon, paru le 13 juin).
Décidément, à l’époque des médias de masse, la mode peut vous dégoûter de n’importe quoi : une couleur, un plat, un mot. Jusqu’à une date récente, je n’éprouvais aucune aversion à l’égard de l’adjectif indigné. Voilà qu’il me donne la nausée ; je ne peux plus le voir en peinture ; je me demande comment il a pu se former dans ma bouche.
Sur le mouvement « occupationniste » ou « assembléiste » en général
Indignation moyenne, un texte d’Alain Accardo paru dans Le Sarkophage de novembre.
Au contraire, dans le mouvement des « Indignés », non seulement les éléments prolétariens ne sont qu’une composante parmi beaucoup d’autres, mais ils ne sont pas organisés et moins encore hégémoniques, de sorte que le climat idéologique dominant semble bien être une fois de plus marqué par le mélange équivoque d’idées et de sentiments qui font de la petite bourgeoisie à la fois la concurrente la plus agressive et la partenaire la plus servile de la grande. Pour le moment rien n’indique que la plupart des mécontents qui clament leur indignation aient un autre idéal social que l’individualisme hédoniste de la société libérale-libertaire, ni qu’ils aient une autre ambition que celle de s’asseoir ou se rasseoir à la table du banquet auquel les dégâts de la crise et la perte de pouvoir d’achat les empêchent d’accéder.
La politique évitée - Réflexions sur le mouvement « Occupons X, Y, Z » (Indymedia Paris, traduit de l’anglais le 12 octobre), une analyse du mouvement des campements de protestation actuels, à Dublin et en général, par le Workers Solidarity Movement d’Irlande :
Comment réagir face au mouvement « Occupons X, Y, Z » qui a explosé dans les rues de nombreuses villes à travers le monde, transformant des espaces publics en campements d’opposition ? Certaines choses sont évidentes : premièrement, le fait que des milliers de personnes à travers le monde aient envahi des lieux publics pour exprimer leur colère contre le système financier est indéniablement une bonne chose.
« L’indignation qui vient » (Le Cri du Dodo, 20 septembre).
Ici comme ailleurs, celui-ci a donné lieu à plusieurs réflexes conditionnés, pièges et écueils qui touchent en général les « mouvements sociaux » : le fétichisme des pratiques d’abord (comme l’occupation de places, le sitting, les happening ou la manifestation plan-plan et maintenant la marche...) et la limitation stricte du mouvement à ces pratiques, le démocratisme ensuite (le respect religieux et le privilège donné aux décisions collectives prises en assemblées « représentatives du mouvement »), le « nihilisme citoyen » (respect borné de la loi, du vote, des « droits » donnés et des devoirs exigés par l’Etat) et la « non-violence » dogmatique (qui va jusqu’à prôner la violence policière contre ceux ou celles qui refusent ce dogme) et donc l’hégémonisme (la prise de contrôle du mouvement par une de ses franges), et surtout : l’absence de perspective révolutionnaire et l’enfermement dans des revendications abstraites et réformistes. Loin de représenter un sursaut révolutionnaire, ou une authentique révolte spontanée, ce mouvement des indignés s’inscrit bien plutôt dans la pacification de toute contestation réelle (de par le rejet de l’action directe), la militarisation de l’Etat (les guerres menées à l’étranger et le renforcement de la répression intérieure sur lesquels le silence des « indignés » est plus que suspect) et la montée du fascisme dans la société, au travers de ce mouvement notamment.(…)
Pacifisme à la Facebook sur les places européennes (Jura Libertaire, le 2 juin, traduit de l’anglais).
Combien d’amis le pacifisme compulsif a sur Facebook ?
Le 25 mai depuis l’après-midi près de 40’000 genre de néo-Grecs ont rempli la place Syntagma validant ainsi de la pire des manières le mémorandum de la Troïka, les mesures d’austérité et le privilège de l’exclusivité quand à l’usage de la violence de la part de l’État.
Considérations sur les « indignés » (La Guerre dans l’âme, le 31 mai).
. On aurait pu, en 2011, se contenter d’une insurrection façon « comité invisible », et ce malgré le gouffre tactique d’un ouvrage comme L’insurrection qui vient, mais c’est mésestimer la capacité d’une partie de la jeunesse à s’enticher de hochets citoyennistes en guise de théorie révolutionnaire. Indignez-vous n’est pas autre chose (1). Le problème étant néanmoins que le lecteur de Stéphane Hessel, ce révolutionnaire du living-room, s’est mis en tête de sortir de chez lui, et de montrer qu’il savait « s’indigner ». Il a donc attrapé sa tente Quechua, son Iphone, et s’en est allé camper au milieu des places, pour réclamer la « démocratie réelle », celle des citoyens apolitiques, pacifiques (2). Et quant les flics, à Barcelone, à Paris, sont venus pour clore la fête, histoire qu’on puisse circuler ou boire à une finale de foot remportée par l’équipe locale, il s’est assis par terre, a crié « non à la violence ! » : plus d’une centaine de blessés à Barcelone, dont un encore dans un état grave à l’heure qu’il est. Le pacifisme a une limite : ça s’appelle le masochisme. (...)
Les indignés : écart ou sur-place ? Désobéissance, résistance et insubordination par Temps Critiques.
Ce texte n’est pas le produit de l’actualité immédiate puisqu’il a été initié, il y a plusieurs mois déjà, dans la perspective de replacer de façon plus théorique différentes expériences de lutte dites de « résistance » ou de « désobéissance » auxquelles certains d’entre nous ont participé de manière pratique mais aussi critique.
Aux prises. Les indigné.es. L’émission de Radio Canut de « Chroniques et de revue des sciences sociales » présente un texte de Joseph Confavreux, Après l’Indignation, paru dans la revue Vacarme 55.
« Indignez-vous ! » Le petit livre de Stephane Hessel fait fureur, jusqu’à inspirer le nom d’un mouvement social occupant les places en Espagne. Qu’est-ce qui se cache derrière cette injonction ? Peut-on bâtir une critique politique sur l’indignation ?
Quelques textes en anglais.
(Il pourrait être intéressant d’en traduire un certain nombre...)
The next step for OWS : Occupy Buildings, Occupy Workplaces (Insurgent Notes, 17 novembre).
Today, after two months of occupations and the attacks on the occupations in Portland, Oakland and now Manhattan, OWS might be crossing a new threshold—a massive convergence of students in Union Square and a working-class convergence in Foley Square attempting to give reality to the growing calls for a general strike. That new threshold should include the extension of the occupations to buildings for the coming winter and, beyond that, to workplaces, where the working class can make the system stop, as a further step toward taking over the administration of society on an entirely new basis. Whatever happens today (November 17th) and in the coming week of action, it is time to assess the strengths and limits of the occupation movement both in New York and around the U.S.
It is not our desire to participate in violence, but it is even less our desire to lose. (Letter of Solidarity From Cairo) (une lettre d’Egypte qui a été reproduite sur de nombreux sites radicaux, publiée sur Socialism and/or Barbarism le 27 octobre).
Those who said that the Egyptian revolution was peaceful did not see the horrors that police visited upon us, nor did they see the resistance and even force that revolutionaries used against the police to defend their tentative occupations and spaces : by the government’s own admission ; 99 police stations were put to the torch, thousands of police cars were destroyed, and all of the ruling party’s offices around Egypt were burned down. Barricades were erected, officers were beaten back and pelted with rocks even as they fired tear gas and live ammunition on us. But at the end of the day on the 28th of January they retreated, and we had won our cities.
It is not our desire to participate in violence, but it is even less our desire to lose.
This Is What Revolution Looks Like (Truthdig, 15 novembre).
Despotic regimes in the end collapse internally. Once the foot soldiers who are ordered to carry out acts of repression, such as the clearing of parks or arresting or even shooting demonstrators, no longer obey orders, the old regime swiftly crumbles. When the aging East German dictator Erich Honecker was unable to get paratroopers to fire on protesting crowds in Leipzig, the regime was finished. The same refusal to employ violence doomed the communist governments in Prague and Bucharest. I watched in December 1989 as the army general that the dictator Nicolae Ceausescu had depended on to crush protests condemned him to death on Christmas Day. Tunisia’s Ben Ali and Egypt’s Hosni Mubarak lost power once they could no longer count on the security forces to fire into crowds.
The process of defection among the ruling class and security forces is slow and often imperceptible. These defections are advanced through a rigid adherence to nonviolence, a refusal to respond to police provocation and a verbal respect for the blue-uniformed police, no matter how awful they can be while wading into a crowd and using batons as battering rams against human bodies. The resignations of Oakland Mayor Jean Quan’s deputy, Sharon Cornu, and the mayor’s legal adviser and longtime friend, Dan Siegel, in protest over the clearing of the Oakland encampment are some of the first cracks in the edifice. “Support Occupy Oakland, not the 1% and its government facilitators,” Siegel tweeted after his resignation.
Deux textes critiques du mouvement Occupy en Afrique du Sud à partir d’une perspective libertaire ;
Reflections for the US occupy movement
Three thoughts on #Occupy. At a time when a banner reading Katalipsi ! (Occupied !) flies from the Greek Finance ministry, here are three thoughts on the proliferating calls to #Occupy ! From Pierce Penniless. Publié le 14 octobre.
Unite the struggles - Anarchist Federation Leaflet from the London Anarchist Federation on the wave of occupations and upsurge in class struggle as austerity bites, arguing the working class to unite separate struggles. Publié le 20 octobre.
Divers
Quelques vidéos de réflexion :
Leçon d’insurrection - Franco Berardi Bifo.
C’est que le temps de s’indigner est passé, ceux qui s’indignent commencent déjà à nous ennuyer. De plus ils nous paraissent comme les derniers gardiens d’un système pourri, un système , sans dignité, durabilité ou crédibilité.
Nous n’avons plus à nous indigner, nous avons à nous révolter.
Debtocracy à propos de la crise de la dette en Grèce.
Quelques affiches du mouvement américain : Occuprint. A noter un étonnant « tout le pouvoir aux communes ».
Sites intéressants en anglais :
Occupy Oakland.
Occupy California
Occupy Wall Street
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