Le 8 décembre dernier, sept personnes ont été arrêtées et mises en examen pour association de malfaiteur terroriste « en vue d’attaques contre les forces de l’ordre ».
Seulement, de l’aveu même des services de police et/ou du parquet qui ont fait fuiter des morceaux de l’affaire dans la presse, aucun projet concret d’« attentat » ne leur est pourtant attribué. Dans cette construction digne de Minority Report, la justice prédictive n’a besoin que du rapprochement de faits mineurs voire anodins [1], d’un prétendu groupe (alors que les sept inculpé·e·s ne se connaissent pas tous entre eux) et d’une idéologie, qualifiée « d’ultragauche ».
Derrière cette étiquette policière, c’est tout un panel d’idées et de pratiques qui est ciblé, notamment celles qui luttent contre les oppressions systémiques.
En tant que partie prenante du mouvement féministe, nous tenons à nous solidariser avec les personnes interpellées et à dénoncer les diverses formes de répression politique qui cherchent à museler nos luttes [2] .
Au nom de l’antiterrorisme, la justice française permet qu’on arrête, enferme et condamne des personnes pour de simples suspicions d’intentions.
Durant les 96 heures de leur garde à vue, la DGSI aura d’ailleurs posé plus de questions sur leurs opinions politiques (que pensent-elles·ils du véganisme, de la politique gouvernementale, de l’antifascisme, des violences policières ?) que sur des faits précis qui pourraient leur être reprochés.
Sur ces bases, la justice maintient cinq des sept inculpé·e·s depuis trois mois en détention provisoire, sous le dur régime des « détenus particulièrement signalés » : restriction des visites et du courrier, isolement sévère, réveil toutes les deux heures, limitation de l’accès aux maigres activités qu’offre la prison, humiliation de la fouille à nu à chaque parloir.
L’affaire du 8 décembre est une illustration de plus de la fonction très politique et des ressorts fondamentalement paradoxaux de l’antiterrorisme : il ne s’agit pas de combattre la peur, mais d’en faire un moyen de gouverner. En commençant par la répandre le plus possible, si besoin en inventant une menace de toute pièce, comme c’est le cas ici. En désignant ensuite la figure de qui nous devons avoir peur, ce qui permet à la fois de stigmatiser des parties de la population et d’invisibiliser le fond du problème.
Enfin, en exerçant une répression féroce, ce qui accrédite la menace et fait monter le niveau de tension.
En tant que féministes, nous identifions bien certains de ces ressorts. Nous avons l’habitude que le pouvoir joue avec nos peurs. Peurs d’être pris·e·s pour cible par des fanatiques, peur de nous faire violer dans une ruelle sombre.
Oui nous avons peur.
En tant que femmes, hommes trans ou personnes non-binaires, on nous a scrupuleusement appris à avoir peur, à voir nos corps comme vulnérables et soumis à n’importe quel désir de possession.
>Coline Fay, militante française emprisonnée au Sénégal, le gouvernement français garde le silence

Coline Fay, citoyenne française de 26 ans, militante pro-démocratie, écologiste et anti-colonialiste, a été arrêtée au Sénégal pour avoir participé à une manifestation pacifique le 17 novembre avec 6 autres personnes. Elle risque la prison à perpétuité. Les chefs d’accusation ? “Association avec...
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