Google et la Safe City

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Un « atelier numérique Google » va s’installer à Saint-Étienne, sans doute à l’angle de la place Jean Moulin et de l’avenue de la Libération (ex Royal). Au-delà du barnum organisé autour de cette arrivée par G. Perdriau et J.M. Mis, député LREM, que peut bien signifier cette installation, ainsi que l’annonce de Serenicity, dispositif d’écoute sonore de l’espace public ?

Tout d’abord, Google est actuellement l’objet de plusieurs mises en cause. D’abord fiscale : le groupe n’a versé que 67 millions d’euros d’impôts en France il y a deux ans. Un redressement de plus d’1,115 milliard d’euros pour les exercices 2009 et 2010 était envisagé cet été, finalement annulé par le tribunal administratif de Paris le 12 juillet.
Mais aussi en matière de collecte abusive de données personnelles : les GAFA ( Google, Amazon, Facebook, Apple ) collecteraient à elles seules 95% des données mondiales (hors Chine). Or Google en est un des tous premiers acteurs (avec Facebook), par son moteur de recherche, sa lecture systématique des mails, son exploitation des vidéos Youtube , son système d’exploitation Android pour les smartphones...
Il semble, pour prévenir notamment toute mesure de sanction fiscale, qu’il cherche à se rendre indispensable par des actions locales. Par ailleurs, la cible de ces ateliers Google (il y en a déjà un à Rennes, deux autres suivront à Montpellier et Nancy) semble être le domaine de la formation, et particulièrement les budgets consacrés à l’« illectronisme » pour lequel l’État va mobiliser entre 75 et 100 millions d’euros.
Au-delà, Google , qui a déjà développé une plateforme d’éducation Google Classroom, peut viser le marché local de l’éducation nationale, via des accords avec les mairies, départements, régions, plutôt que le marché national déjà pris par Microsoft.

Smart et safe city

Le concept de smart city, ou ville intelligente (dernier qualificatif à relativiser car c’est avant tout un discours communicant) est dès le départ un concept promu par les industriels. C’est une vision mécaniste de la ville analysée en terme de flux de circulation de ses habitant.e.s, et cherchant à promouvoir ses activités mercantiles. Il emploie massivement des technologies numériques pour « optimiser », promouvoir l’innovation et les démarches dites participatives...
C’est surtout un enjeu économique : la construction et les fonctions de maintenance représentent environ 35% du PIB de nos villes, à travers les habitations, les réseaux de transports individuels et collectifs, les réseaux techniques... Et l’ensemble des villes dans le monde devrait regrouper en 2050 trois milliards d’êtres humains, ce qui représente un fabuleux butin. Depuis quelques années, les grands groupes du numérique envisagent tous d’être des acteurs de ce nouveau marché. L’avantage pour eux est l’intégration de toutes leurs offres dans un seul espace, non concurrentiel, et financé à la fois par l’impôt (les « services » concédés par les mairies) et la publicité locale.
Certaines villes sont carrément passées sous la coupe d’industriels : Seattle au bénéfice d’Amazon, Quayside, vers Toronto, à celui de Google , Hangzhou en Chine sous la coupe d’Alibaba ... ou le quartier lyonnais de Confluence sous celle de Toshiba.

La version sécuritaire est, bien sûr, dénommée safe city ou ville sûre : sûreté très relative à l’ombre des caméras, micros, avec la collecte systématique de vos données GPS, l’utilisation d’algorithmes pour l’analyse des comportements... En France, beaucoup de villes se contentent de ce volet sécuritaire, d’autant que trois grosses entreprises françaises ont investi ce marché : Thales , Engie-Inéo et Atos, ainsi que de nombreuses start-ups.
À noter que Saint-Étienne est un pôle de recherche méconnu dans ce domaine : le laboratoire Hubert Curien , qui dépend de l’université Jean Monnet , y travaille sur le big data, les algorithmes. Il aurait aussi, par son équipe Science de l’image et vision par ordinateur, largement contribué à la mise au point de techniques de reconnaissance faciale.
Pour autant, l’échec de ces techniques pour aider à la lutte contre le terrorisme international est patente : William Binney, ex-directeur technique de la NSA, le confirme (comme le fiasco des outils de surveillance vidéo lors de l’attentat de Nice), mais le même souligne que les véritables cibles de ces dispositifs sont les citoyens ordinaires, bien sûr ceux qui mènent des actions de contestation, mais pas seulement.
Ainsi, on peut considérer que l’implantation à Saint-Étienne du dispositif d’écoute sonore Serenicity (en lien avec l’ANRU) vise plus au contrôle social des habitant.e.s concernés, celleux des quartiers Tarentaize-Beaubrun-Couriot. Lesquel.le.s ont en plus été retenus pour bénéficier du déploiement d’une police de sécurité du quotidien (PSQ) renforcée. Ce sont donc trois quartiers de la ville (Montreynaud, Tarentaize-Beaubrun-La Cotonne et Montchovet) -parmi seule
ment dix-sept en France- à être ainsi choyés par Castaner ! C’est aussi le produit de la surenchère sécuritaire engagée par les deux concurrents de droite (en attendant l’extrême droite), G. Perdriau (LR ) et J.M. Mis ( LREM), pour les prochaines municipales.

...

La suite à lire sur : http://lenumerozero.lautre.net/Google-et-la-Safe-City

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