« Dépasser la crise », c’est donc la proposition que nous fait Jean-Luc Mayaud, président de l’université, dans un mail envoyé dimanche 17 novembre au soir à tous les étudiants et personnels de l’université.
Tentatives maladroites de se justifier, références à la crise du capitalisme et envolées qui se veulent rassembleuses, cette tribune prétend pompeusement dépasser une crise qui dépasse pourtant largement la seule personne du président Mayaud, comme la seule université Lyon II.
Mayaud n’est pas le seul : tous les responsables doivent partir !
Selon lui "Notre université traverse une crise interne d’autant plus vive qu’elle se produit en écho d’une crise générale du pays." Il se refuse à être " le chef sacrificiel" et à assumer seul la responsabilité de la crise à Lyon 2.
Le président a peur. Peur d’être seul dans la chute.
S’il est vrai qu’il ne saurait être tenu pour seul responsable de tous les problèmes rencontrés au sein de cette université. Jean-Luc Mayaud est cependant coupable de s’être fait l’instrument volontaire d’une politique - de l’UMP comme du PS - qui a mené à la situation qui est aujourd’hui celle de Lyon 2, et de beaucoup de secteurs de la société.
La "défiance" qui est la notre n’a pas pour seul objet un individu, un "chef sacrificiel". Nous savons que ce ne sont pas seulement les chefs qui doivent être sacrifiés, mais toute leur politique, menée au profit des chefs pour un monde de chefs.
Mais pour ne pas endosser seul la responsabilité de la crise à Lyon 2, Mayaud en appelle aujourd’hui à l’unité autour de son projet.
Appel est donc lancé au regroupement de tous les vautours carriéristes de Lyon 2, avides de pouvoir, en vue de défendre un soi-disant "intérêt général".
Mais le pseudo intérêt général c’est en fait l’application d’une politique de rigueur budgétaire. C’est se faire le relais de l’intérêt des dominants, en faisant payer à la grande majorité de la population pour permettre à une minorité de continuer d’accumuler les richesses.
Pour éviter la rigueur à Lyon 2...appliquons la rigueur à Lyon 2... !
Dans son mail mayaud défend politiquement l’application d’une « logique comptable » afin dit-il "d’éviter une mise sous tutelle de son budget "
Cette politique absurde peut se traduire en ces termes : puisqu’on menace de nous couper un bras, commençons par nous couper la main. Mayaud ne peut remettre en cause une politique d’économies qui constitue le socle de sa présidence : il n’a pour lui que la satisfaction d’avoir retrouvé un budget "à l’équilibre", et d’avoir pour cela déséquilibré peu à peu nos conditions d’études et les conditions de travail des personnels. Suppressions de TD, postes non pourvus, campus laissé à sa vétusté, budgets découpés à la hache...Il y a de quoi faire un blocage, en effet.
Classes en lutte ?
Selon Mayaud "Les personnels de l’Université Lyon 2 ne sont pas un prolétariat, et l’équipe présidentielle n’est pas un patronat. Nos intérêts et nos responsabilités sont les mêmes, ou alors l’Université n’existe plus."
Face à une situation de crise, le Président nous propose en fait une solution bien connue : celle de l’union sacrée, en prétendant nier les divergences d’intérêts qui existent au sein de l’Université et dans la société.
La "communauté universitaire" n’a pas de sens, car l’université n’est pas le sanctuaire que semble rêver Jean-Luc Mayaud, à l’heure où Lyon 2 refuse de titulariser les personnels précaires, à l’heure où de nombreux étudiants travaillent pour financer leurs études, galèrent au quotidien et cumulent les heures sans parvenir à joindre les deux bouts. Le président de l’université est bien ce qui se rapproche le plus d’un patron pour une partie des personnels de Lyon 2.
Nous proposons à Monsieur Mayaud de sortir de ses bureaux feutrés et d’aller assumer sur le terrain les conséquences de la politique qu’il applique. Nous l’invitons à comparer l’état de son compte en banque avec celui d’un étudiant boursier, d’une femme de ménage de l’université payée 600 euros par mois, ou avec celui de vacataire payé une fois par semestre, ou encore avec celui d’un des employés de la fac en temps partiel contraint de cumuler deux boulots pour payer leurs loyers ou nourrir leurs gosses !
Il ne pourra dès lors plus faire semblant d’ignorer que la soi disant communauté qu’il cherche par tous les moyens à sauver, ne profite en réalité, qu’à une bien petite minorité !
L’ordre dominant crève : l’université devrait accourir pour le sauver ?
Si la FSE a rarement l’occasion d’exprimer un "diagnostic partagé" avec la direction de l’Université. Nous devons cependant avouer être en accord sur le constat de "l’épuisement historique d’un certain modèle de croissance, de prospérité et d’ordre social". En bref, l’effondrement annoncé de l’ordre établi capitaliste.
Cependant, si nous ne pouvons que nous réjouir de cette situation, M. Mayaud semble quant à lui tout faire pour chercher à sauver un ordre inégalitaire qui jusqu’ici l’avait bien nourri.
Il essaie donc de convaincre les profs de Lyon 2 de se contenter du rôle que la société leur a assigné de production de connaissances dans l’objectif de reproduction et de perpétuation de l’ordre établi.
Il invite donc à continuer d’enseigner "les vertus de la distanciation et du sens des responsabilités" à des étudiants destinés à devenir des petits cadres dociles, adaptés aux besoins de la machine capitaliste.
Faisons-les dérailler !
"Ne nous voilons pas la face : Lyon 2 ne peut plus regarder passer les trains. Il ne s’agit pas d’une quelconque « capitulation » face à l’ordre dominant, mais au contraire de reprendre confiance dans notre potentiel pour agir sur cet ordre dominant."
Puisque Mayaud le "chef sacrificiel" est friant de métaphores, nous lui proposons de poursuivre celle qu’il a lui-même introduite : Lyon 2 ne peut pas regarder passer les trains, en effet. Les étudiants et personnels de Lyon 2 peuvent en revanche commencer à dresser des barricades sur les rails pour faire dérailler ces trains qui menacent chaque jour un peu plus de nous écraser sur leur passage !
Ce train que le président se refuse à nommer, c’est celui des réformes capitalistes. Il a fait le choix de le prendre en marche à tout prix.
Nous disons qu’il n’est plus possible d’accepter la politique des gouvernements successifs, tant à l’université que dans le reste de la société. Gérer la crise en la faisant payer à tous, c’est s’exposer à la colère légitime. Nous ne voulons pas "agir" sur l’ordre dominant, mais bien le renverser.
Monsieur Mayaud,
A votre "congrès élargi", qui prétend solutionner une crise qui a pourtant des origines systémiques qui dépassent votre seul rôle, nous proposons le seul "congrès" qui vaille : celui des étudiants et travailleurs de l’université en lutte, contre l’ensemble des politiques dont vous vous êtes piteusement fait le relais.
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