AU COURS DU MOUVEMENT contre la privatisation de l’université (LRU,
lois Pecresse), un peu partout en France, des lycéen-nes participent aux cortèges étudiants et commencent à lancer leurs propres
AG. La FIDL et l’UNL (principaux syndicats lycéens) n’encadrent
alors pas grand chose. Sur l’agglomération lyonnaise certains lycées
comme Fays ou Récamier partent en manifestation sauvage pour
débrayer joyeusement les établissements voisins (déclenchement
d’alarmes incendies, batailles d’extincteurs) et rejoindre les cheminots en lutte ou les étudiants… Peu après tombe la nouvelle d’une
suppression des BEP et de la réforme du BAC-pro (passant de trois
à deux ans), mais les vacances scolaires mettent entre parenthèses
la mobilisation naissante.
Début février le mouvement reprend, quelques lycées sont bloqués
notamment le lycée pro Tony Garnier à Bron : le portail est barricadé,
des poubelles crament et les flics venus aux nouvelles se ramassent
quelques gadins (un lycéen sera arrêté pour jet de projectiles). Il y a
des débrayages encore au lycée de l’automobile dans le 8e arrondissement, à Saint-Etienne, à Tarare... Mais c’est véritablement début
mars, avec l’annonce du non remplacement des 11 000 postes dans
l’éducation nationale, que la mobilisation s’amplifie. Ces revendications peuvent sembler bien ternes : se battre pour plus de profs,
plus de fonctionnaires chargés de noter, d’orienter dans les mailles
du système éducatif, avec en bout de chaîne la perspective d’aller
pointer aux Assedics ou en intérim... Mais ce joli prétexte donne
l’occasion de bouger encore ensemble dans la rue, pour mettre le
bordel contre Sarko et le monde qu’il nous promet.
En région parisienne le mouvement lycéen est très fort. Les premiers
blocages ont commencé dès la fin janvier et des journées de grève
non reconductibles appelées par les syndicats de profs ont trouvé un relais inattendu dans les collèges, les écoles, les lycées techniques
ou généraux. Les parents et les élèves ont rejoint la lutte, massivement : ça et là la grève est reconduite. En février et en mars ça
repart sur des blocages d’axes routiers, des occupations de bahuts,
des manifs sauvages qui finissent en affrontement avec la police. On
en dira pas grand chose dans les médias, et les grandes centrales
syndicales ignorent consciencieusement ce bouillonnement. C’est
donc dans une relative indifférence de « l’opinion publique » que
la police procédera à de nombreux déblocages de lycées, à coup de
flashball et de gaz lacrymogène. On comptera plusieurs dizaines
d’interpellations en banlieue parisienne.
Depuis quelques jours de grosses manifestations ont lieu deux fois
par semaine dans toute la France. Sur Paris on compte jusqu’à 40000
personnes dans la rue. Plus ça va et plus ces manifs semblent chapeautées par les syndicats et leurs services d’ordre, débarqués en
force pour protéger les « gentils manifestants » des « méchants cas-
seurs » ; parallèlement le cadenassage policier est de plus en plus
impressionnant : devant le cortège, une ligne de SO fournie par la
CGT et SOS Racisme (qui a embauché de la sécurité privée) fait
tampon avec les plus énervé-es (entre 500 et 2000 ; bandes casquettes-
capuches venues des quartiers, émeutier-es qui attendent l’occasion
de reprendre l’offensive après les manifs anti-sarko, etc.) ; devant,
des CRS et des flics en civil essayent tant bien que mal de contenir
cette masse tourbillonnante... ça gaze un peu partout, de temps
en temps des vitrines tombent et tout autour les rues sont gavées
de condés prêts à refermer la nasse. Pourtant, à plusieurs reprises, des grands magasins ont pu être pillé, et les flics ont ramassé.
À Grenoble le 10 avril les lycéen-nes étaient près de 5000 à manifester ; là encore ça s’est fini en affrontement, dans les lacrymos. Dans
les larmes et la joie.
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