Ni patriarcat, ni capital

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A l’heure où la précarité socio-économique ne cesse de faire des ravages il est salutaire de ne pas oublier que la moitié de la population (française comme mondiale) subit une oppression multidimensionnelle qui ne se résume pas à la sphère économique : les femmes. En effet, outre le fait que dans le champ économique elles restent, malgré toutes les politiques égalitaristes, largement défavoriséEs par rapport aux hommes (que ce soit au niveau des salaires ou des emplois occupés par exemple), les femmes subissent l’oppression à la maison, dans la rue, etc.

En tant qu’anarcho-syndicalistEs et syndicalistEs révolutionnaires, lutter contre les inégalités économiques entre hommes et femmes est bien plus qu’une nécessité. C’est favoriser l’émergence d’une société égalitaire exempte de domination et de hiérarchie parce que le sexe (le biologique donc) ne saurais justifier une hiérarchie sociale (de classes et de genres donc sociale et culturelle). Mais n’oublions pas que le système de domination économique capitaliste reste indépendant du système socioculturel de domination qu’est le patriarcat (domination des hommes sur les femmes). Certes ils vont de paire (aujourd’hui) mais il n’en a pas été toujours le cas à travers l’histoire de l’humanité. Bien au contraire, c’est en se basant aussi sur la division sexuelle du travail que le capitalisme c’est développé. Dans cette optique donc il n’y a pas de lutte à privilégier, la lutte anticapitaliste ne saurait se passer de la lutte antipatriarcale et antisexiste. Pour revenir à la sphère strictement économique, les femmes occupent les emplois les moins valorisés, les moins bien payés, bref les plus précaires (en proportion par rapport aux hommes) : 80 % des 4 millions de salariés à temps partiel sont des femmes tout en sachant que les salariées à temps partiel sont en moyenne moins qualifiées que les salariées à temps plein. Ce temps partiel est à peine plus choisi par les femmes que par les hommes (72,1% des femmes contre 65 % des hommes). Et quand bien même, ce
« choix » se fait en fonction de situation sexiste (ce sont les femmes qui s’occupent des enfants, les hommes sont mieux payés que les femmes...)

On peut aussi évoquer ici l’existence de l’emploi genré qui relève de la division sexuelle du travail ; c’est à dire les emplois « réservés » aux femmes en fonction des « qualités naturelles » qu’on leur incombe : professions intermédiaires de la santé et du travail social, enseignantes et assistantes maternelles par exemple. De plus la répartition du travail domestique reste très genré encore aujourd’hui. Les études sociologiques à ce propos sont sans appel, le ménage, l’entretien domestique et l’éducation des enfants au sein du ménage reste les domaines réservés aux femmes. En effet en moyenne, les femmes consacrent 5 heures par jour aux tâches domestiques contre 2 heures pour les hommes (enquête emplois du temps de 1999 de l’Insee). Les hommes bricolent et jardinent un peu plus (là encore des pratiques fortement genrées), mais les femmes passent quatre fois plus de temps à faire le ménage et trois fois plus à s’occuper des enfants. Une situation qui favorise la précarité comme les emplois à temps partiel évoqués plus haut. Face à la précarité les femmes sont plus durement touchées que les hommes, notamment en ce qui concerne le chômage : il atteint 11,2 % chez les premières et 8,8 % chez les seconds. Le système patriarcal s’exprime aussi à travers les agressions physiques et morales dont sont victimes les femmes que ce soit dans la rue, à la maison (femmes battues et viol conjugal) ainsi que sur leur lieu de travail où elles sont souvent victimes de harcèlement physique ou moral.

L’étendu du problème est tel qu’il serait hasardeux d’en faire le constat total ici mais il doit nous conduire dans nos pratiques privés autant que publiques à déconstruire ce sur quoi il se base pour mieux le dépasser et lui apporter des réponses concrètes et quotidiennes. Le patriarcat peut exister sans le capitalisme, il est un atout de plus pour les dominants et c’est à ce titre qu’en tant qu’anarcho-syndicalistEs nous le combattons.

Ni patriarcat, ni ordre moral
ni capital !

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