Récit partiel et partial de la manifestation antinucléaire de Colmar

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Plusieurs milliers de personnes auront participé à ce rassemblement intégralement quadrillé et relayé du côté des faits divers.

Arrivée en retard, vers trois heures moins le quart, la majorité des participant-e-s n’était même pas encore arrivée... Super la ponctualité de masse.

Beaucoup de monde et pourtant pas grand-chose, des allemand-e-s, des français-e-s, beaucoup de monde en jaune, avec des gilets ou des t-shirts avec des fleurs vertes dessinées dessus.

Une scène centrale, quelques stands, des groupements de drapeaux (NPA, Parti de Gauche, Die Linke), des chiottes sèches, un mur de « boîtes de conserves radioactives », bla, bla, ...

A première vue, un bon millier de personnes, peut-être beaucoup plus. Des gen-te-s continuent d’arriver par les rues adjacentes, et par la gare.

Car oui, nous sommes sur la place de la gare, et non place Rapp. La préfecture - qui avait interdit le rassemblement place Rapp, afin que la manif n’aie pas lieu en centre-ville -, voyant que Sortir du Nucléaire maintenait (presque) courageusement le lieu de rendez-vous place Rapp, a tout simplement décidé de rendre impossible tout rassemblement à cet endroit. Des centaines de barrières en métal, des dizaines de murs « anti-émeutes », des compagnies de CRS, des escadrons de gendarmes mobiles, la police montée, des agents de police municipale, quelques brigades anti-criminalité, des policiers allemands (vous savez, ceux qui ressemblent à des gardiens de zoo en pantalon beige avec une veste et une casquette vertes), plusieurs camions avec canons à eau, et deux ou trois hélicoptères. En tout 3000 hommes, selon une source municipale. Un flic pour deux ou trois manifestants, soit le même ratio que pour Strasbourg six mois plus tôt.

L’accès au centre-ville est totalement impossible pour les manifestant-e-s, les riverain-e-s doivent présenter un justificatif d’identité à chaque fois qu’ils ou elles veulent passer un mur de flics pour rentrer ou sortir du centre-ville.

Du coup, les orgas à l’initiative du rassemblement ont décidé de changer le lieu de rendez-vous.

On se promène le long de l’avenue Raymond Poincarré que des centaines de personnes remontent lentement en direction de la place de la gare. On peut avoir là, en regardant sur les côtés, un premier aperçu du dispositif policier. On croise alors un groupe d’une quinzaine de personnes encagoulées ou masquées, habillées en noir, avec quelques skins dans la tas. Elles remontent l’avenue, mais comme la discrétion paie, deux bagnoles de BAC déboulent, et leurs équipages respectifs coincent contre un mur la moitié du petit groupe. Contrôles d’identité, fouilles, ... Au fil des minutes, des dizaines de personnes s’amassent autour de l’endroit, mais aucune initiative collective n’est entreprise, malgré la supériorité numérique incontestable (à 15 contre 1), pour sortir les potes des embrouilles.

Faute de motifs, tout le monde est laissé libre suite aux fouilles. Il semblerait que les condés aient clairement signifié aux contrôlés que c’est sur eux qu’ils tomberaient s’il y avait le moindre débordement.

Je croise deux-trois têtes connues. Clins d’œil réciproques. L’impression de pas être tout seul, perdu au milieu de la racaille militante-alterno.

Pendant que l’immense majorité des gen-te-s présent-e-s reste sur la place de la gare - à bander sur les pseudo-actions terroristes consistant à déployer une banderole du haut d’un bâtiment, à « mourir » collectivement au son insupportable d’une fausse alarme nucléaire, à danser niaisement sur de la « musique » de hippie, à amuser les journaleux avec de naïfs jonglages, à faire semblant d’éprouver de la haine envers les méchants nucléophiles lors des « deux minutes de la haine » où deux barbus viennent haranguer la foule en français puis en allemand et prononcer des discours auxquels ils ne croient même pas, bref, à jouer à la contestation -, une esquisse de départ en manifestation voit le jour plus loin dans l’avenue Poincarré.

Moins d’un millier de personnes, divisé en plusieurs cortèges, ignorant probablement que la manifestation n’était pas (plus) du tout au programme de la mobilisation, débute une sorte de lente marche. Un cinquantaine de personne vêtues de noir et masquées pour la plupart prennent la tête de la manif et installent plusieurs banderoles à l’avant de leur cortège, bientôt rejoint par une centaine d’autres personnes masquées (mais pas vêtues de noir).

La marche continue, on passe devant le palais de justice ou le tribunal de je-sais-pas-quoi, et là on constate que pas grand-monde nous suit. En effet, la majorité des cortèges avait fuit et était retournée vers la place de la gare ! Seul-e-s quelques « braves citoyen-ne-s » et une batuc’ allemande étaient resté-e-s. C’est déjà ça...

La marche continue encore. On fantasme sur une intervention précipitée des force de l’ordre, hypothétiquement pris de panique à la vue de deux cents casseurs inoffensifs. On veut tourner à gauche, ou à droite. Finalement, on va tout droit, avant de tomber sur une ligne de CRS que s’amusent à titiller légèrement les plus jeunes participant-e-s au cortège. Il semblerait que la manif n’était pas non plus au programme du côté de la préfecture... Déjà les trois quarts du cortège s’étaient dissous. Les gen-te-s s’en vont, retournent place de la gare où, bien que ce soit immensément moins constructif, il se passe quelque chose.

« Aucun incident n’est à déplorer. » Le mérite de la véracité de cette affirmation ne revient manifestement ni aux organisateurs, ni à la préfecture, ni aux forces de police, mais à la Torpeur.

Dépité, je prends le train en me disant que je vais me coucher tôt ce soir-là, en n’écoutant pas les autres passagèr-e-s discuter de chose n’engageant à rien, comme la décentralité d’ATTAC ou de tout l’argent dépensé pour le dispositif policier déployé aujourd’hui.

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