5 chantiers villeurbannais qui réécrivent l’année culturelle comme un poisson d’avril

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Villeurbanne

Année de fête culturelle pour Villeurbanne 2022, jamais le cours des réjouissances n’altérera celui du renouvellement urbain. Le « patrimoine » (puisque c’est sous cette terminologie chargée, qu’il nous faut évoquer la forme de la ville à travers ses réalités esthétiques, mémorielles ou tout simplement sociales), reste un vain mot dans la 20e ville de France qui disparait sous le « béton ».

Fort de sa nomination comme capitale culturelle 2022, Villeurbanne s’est mise en fête. Enthousiasme unanime et légitime, pourvu en effet qu’il s’inscrive dans un authentique principe d’inclusion des franges les plus défavorisées de la population, la programmation annonce 700 évènements, 200 concerts, et, parce qu’ « il n’y a pas de capitale de la culture sans patrimoine, à valoriser, à partager ou admirer [1] , 22 parcours à caractère patrimoniaux se trouvent à l’affiche.

Dans le même temps les ateliers métropolitains s’activent en préparatifs. Bientôt sorti du four, un PLUH neuf et fumant bientôt devrait confirmer la trajectoire de la commune vers la densification urbaine. Il en est ainsi, à Villeurbanne, tandis que des chantiers de construction/démolition s’achèvent, d’autres s’ouvrent. Figures pérennes du cycle du renouvellement urbain, tel un festival permanent, ces chantiers ponctuent le paysage local l’année entière sans jouir de cérémonie d’inauguration particulière. Il en sera d’ailleurs les années suivantes comme il en a été les précédentes, même à défaut de label.

A travers cinq exemples de démolitions achevées portant toutes sur des objets d’intérêt signalés dans notre contribution patrimoniale de 2018 [2], nous voudrions interroger les liens conflictuels que semble entretenir la Ville avec un objet mal aimé du champ culturel placé sous sa gouvernance : le patrimoine. Entre réalité de fête, mais manifeste retard accumulé par des décennies de mise à l’écart, les choix effectués en matière d’urbanisme et de valorisation architecturale traduisent une orientation productiviste qui attend toujours une mise en cohérence avec les prétentions culturelles affichées par la Ville. Or, en dehors d’une programmation marquée dans le temps, la prise en considération des questions patrimoniales s’inviterait avec d’autant plus de justesse dans l’agenda culturel qu’elle entre en résonance avec les besoins quotidiens des habitant.e.s.

Jurine à Villeurbanne, 25 bis rue Lafontaine

Avec son alignement de sheds frustes sur la rue Richelieu, ses constructions présentaient-elles un intérêt majeur du point de vue architectural ? Probablement pas, mais ce genre de critère à Villeurbanne ne peut suffire. Le site, insolite survivance dans la traversée d’un paysage passablement renouvelé et rendu silencieux, jouissait d’une place hautement symbolique.

Jurine & Chanavat était la dernière figure industrielle du quartier de la Ferrandière. Tourné jadis vers la construction de machines pour les industries papiers et cartons, entre-temps rebaptisé SCMR, le site avait évolué vers la fourniture industrielle. Considérable ressource sur les plans foncier, bâti, mémoriel, il offrait des espaces et des volumes dont l’imagination pouvait s’exalter, et l’avenir se réécrire selon les termes d’une réappropriation culturelle et collective. A des années lumière de tels enjeux, le choix urbain retenu n’a la saveur d’aucun mystère. Le PUP Aynard Lafontaine, piloté par Cogedim proposera 150 logements dont 30% sociaux mais avec notamment « prise en compte du réchauffement climatique et donc la nécessité de planter des arbres dans les rues proches » [3].
On le voit, et c’est un soulagement, non seulement la démocratie, la justice sociale mais aussi la banquise sont sauvées. Les promoteurs sont comme ça, ils coulent des tonnes de béton frais dans le quartier mais toujours avec le souci généreux de voir pousser quelques touffes de pissenlits aux pieds des immeubles d’en face.

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Le site Jurine & Chanavat en 2019, quelque temps avant son « arrosage ». Nous déclinons toute responsabilité quant au fait que certains élus intermittents du patrimoine aient pu, de la hauteur que leur conféraient leurs attributions, effectivement compisser sur leur propre ville.

Quant à la présence aux Archives départementales du Rhône du fonds privé du même nom [4], qui ne doit son existence qu’au hasard, il se distingue par son originalité. Rares sont à Villeurbanne les sources de nature à pouvoir jouer un rôle direct dans la restitution d’un pan de l’épopée industrielle communale. En se privant en effet d’outils de collecte efficients à cette échelle, la plupart des lieux de l’industrie et de la mémoire ouvrière sont condamnés à l’oubli. Jurine offre donc la figure contrastée d’un site parfaitement aboli au plan physique mais dont une trace écrite subsistera. Une chance peut-être pour lui accorder demain cet intérêt qui a manqué aujourd’hui à sa sauvegarde. Mais pour quoi faire ?

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Ce qu’il restait de Jurine-SCMR en 2021

Grapinet, éternel chercheur d’or, 103 rue du 1er mars 1943

Du vaste tènement des anciens Éts J.Bocuze (fonderie et tréfilerie d’or et d’argent) non plus il ne subsiste rien. Cette fois le site s’imposait aux piétons et piétonnes du quartier avec un manifeste caractère architectural. Avec sa colossale façade en mâchefer ouverte rue du 1er mars sur plusieurs niveaux de baies cintrées et répétées sur 7 travées, le bâtiment se donnait des allures de petit Colisée.

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103 au 105 rue du 1er Mars 1943 en 2018

Son ventre renfermait-il les trésors documentaires suffisants à restituer quelques fragments d’histoire ouvrière ? Nous ne le saurons jamais. Le lieu en effet n’a pas eu l’heur d’attirer d’autres curieux qu’une équipe de promoteurs, qui a tout de même fait l’effort d’adresser la demande de permis de démolir/construire à la Ville, laquelle s’est empressée de signer, avant d’en confier la casse à la prestigieuse société de démolition Grapinet, entreprise d’ailleurs bien connue de la Métropole. Examinée sous l’angle des monopoles, de la place qu’ils occupent dans les résolutions urbaines, le secteur du bâtiment soulève un vaste problème qui n’est pas prêt d’être résolu. Grapinet n’en reste pas moins le partenaire idéal pour vous débarrasser de tout le superflu et vous aider à concrétiser vos rêves de béton les plus fous. Ici ils se déclineront en tours hautes de plus de 10 étages.
Quand les résidents de la parcelle voisine, au 113 rue du 1er Mars 1943 qui abrite encore une verrerie, auront tourné cette ultime page industrielle, la Perralière ponctuera une vertigineuse histoire résidentielle déjà vieille de 50 ans.

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103 au 105 rue du 1er Mars 1943 en 2021

Mais laissons le mot de la fin à Vinci, artisan du projet :

 : « A VILLEURBANNE, entre constructions emblématiques du passé et une architecture contemporaine, notre nouvelle résidence « Aalto » s’élève vers la lumière pour mieux l’offrir à ses habitants. » (Note : en français dans le texte) [5].
On peut se demander à quelles constructions du passé Vinci veut faire référence. En tous les cas il ne s’agit sûrement pas d’un édifice conservé un jour par ses soins comme tend à le confirmer la suite de ce billet.

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103 rue du 1er Mars, janvier 2022

42 Rue Blanqui, ou à qui profite la Ville ?

Une villa conçue par et pour l’entrepreneur Jean Brun, centenaire, et en parfait état de santé comme l’attestait sa physionomie [6]. Sous les auspices d’une politique urbaine en aussi bonne santé qu’elle, elle aurait appelé des soins délicats plutôt qu’une sombre rature sur la figure.

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42 Avenue Auguste Blanqui, 2020

Avec un permis de construire qui n’était même pas affiché sur place mais sur l’édifice voisin, c’est-à-dire la propriété acquéreuse et porteuse du projet, on ne peut pas dire non plus que l’instruction du permis ait été contrebalancée par un examen administratif particulièrement rigoureux. Mais il en est ainsi parfois dans la 20e ville de France, où de tels objets de droit demeurent manifestement flous.

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Avez-vous remarqué le discret panneau d’affichage à caractère public tout en bas à droite du cliché ? Il est plus timide que la démolition, déjà avancée

Particulièrement en forme avec la redéfinition des règles de l’urbanisme mais aussi avec celles de la déontologie, la SEMCODA est bien le bailleur social qui a dernièrement fait parler de lui. Qu’un bailleur puisse encore se dire « social » après avoir poussé à la rue des personnes sans remplir son devoir de proposition de relogement est assurément une chose admirable [7]. Il va sans dire qu’ici, dans le carré aux choux agrandi au bénéfice de l’EPHAD régi par ce bailleur, nous n’espérons n’avoir jamais à trouver résidence.
Mais le dossier, déjà accablant, a réussi à gagner encore en épaisseur après nos demandes vaines et répétées d’honorer une petite requête formulée plusieurs mois en amont. Elle visait à nous permettre la récupération d’un certains nombre d’éléments d’intérêt pour la plupart promis à la benne : porte en menuiserie, imposte en fer, carreaux de ciment, chevrons de toiture, etc. Après nous avoir imposé des conditions qui rendaient impossibles toute intervention, le bailleur nous a charitablement laissé l’opportunité de récupérer des débris dans un champ de ruine une fois la démolition achevée, misant sans doute sur un miracle (mais qui n’a pas eu lieu), ou bien sur notre passion pour les éléments patrimoniaux en poudre déshydratée. Avec autant d’argent à la clef pour la SEMCODA, parfaite incarnation d’un système qui dans sa perversité prospère sur la longévité des anciens mais pas en bonne santé, il ne peut s’agir de perdre une minute en sentimentalisme en dehors de la fructification du capital.

Il faut comprendre que le bailleur ne pouvait autoriser les démolisseurs de la BAJAT, son prestataire démolisseur, à mordre 5 minutes de temps sur le planning afin de s’acquitter convenablement de cette mission de sauvetage. Mais nous n’en faisons évidemment pas une affaire personnelle envers les employés rencontrés sur place, simples sous-traitants au bas d’une pyramide sociale des responsabilités, souriants du reste et qui d’ailleurs ont su apporter la preuve qu’ils pouvaient s’arranger contre un billet, comme nous le découvrons quinze jours plus tard sur le site d’un antiquaire qui propose désormais la porte que avions tenté de négocier :

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Besoin d’une petite porte insolite dans votre loft ? Pour 1400 euros vous pouvez vous payer un bout de Villeurbanne qui n’est pas parti à la poubelle.

On se console toujours en avisant que tout n’est jamais perdu pour tout le monde, et si les débris de Villeurbanne peuvent profiter à un petit marché du luxe, tant mieux pour le luxe.
Au final, avec un silence complet sur la provenance, l’histoire du site, couplé à une désignation abusive (on lit « porte d’atelier ») le volet documentation , qui n’est peut-être pas le fort de ce revendeur d’antiquités récentes, est mal parti pour assurer une grande postérité à la Ville ainsi qu’à l’édifice qui l’a hébergée au cours des 100 dernières années.

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La porte in situ en 2020

Positifs par nature, nous aimerions conclure ce chapitre sur un point valorisant au moins, mais quand nous pensons à la SEMCODA nous n’en trouvons aucun.
Afin d’encourager le bailleur dans son action, une fois achevé le tracé de son nouveau sarcophage en béton, peut-être pourrions-nous lui conseiller de rebaptiser l’EPHAD du nom d’une personnalité, célèbre en politique, du type ex ministre de l’intérieur, quinquennat sortant. Il ne s’agirait pas tant d’honorer un monument de sénilité précoce que d’y reconnaître une figure accomplie en terme de réussite anti-sociale à l’instar du bailleur qui se reconnaîtra dans son modèle.

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Une journée comme une autre pour la SEMCODA, toute l’équipe pourra se coucher ce soir avec le sentiment du devoir accompli

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Restant de porte dans sa version finale patrimoniale pocket. Le reste est visible sous forme d’œuvre éphémère à la déchetterie de la rue A. Brinon, haut lieu de la culture locale

Grapinet et Vinci, perfect combo, 9 rue Bonnet

130 ans après sa fondation, il était temps pour le remarquable bijou industriel niché à l’angle des rues Bonnet et Bruxelles de tirer sa révérence. Méconnu et allégrement remanié au cours du temps, il dissimulait derrière de vastes détours industriels un véritable défi de reconversion à n’importe quel entrepreneur doté d’esprit. Mais cette fois-ci encore l’opération s’est accomplie au bénéfice des tenants de la rente foncière, toujours plus offrants.

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9 rue Bonnet, Villeurbanne, fin 2021. De grandes baies à châssis industriels et une passerelle métallique

Élevé en moellons de pierre et en briques, le pavillon d’entrée de l’ancienne Société générale de teintures et produits chimiques de Lyon Charpennes ne pouvait manquer de susciter l’admiration. Seul vestige du gigantesque ensemble industriel à l’issue du percement de l’Avenue Galine (fin XIXe siècle), il campait dans le décor des volumes que tout projet digne de ce nom aurait su considérer avec attention. Comme il était peu probable que Vinci, et moins encore Grapinet, se passionnent subitement en recherche historique à son sujet, la Ville à plus forte raison aurait-elle dû jeter un oeil avisé à la demande qui passait justement au service de l’urbanisme. Entre qualité bâtie, critère d’ancienneté, potentiel d’usage, il n’en aurait pas fallu d’avantage pour s’intéresser au contexte, négocier une conservation partielle et encadrer le permis selon ses attributions.

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9 rue Bonnet, Villeurbanne, pavillon d’entrée du site, rare édifice de briques et pierres, fin 2021

On a beau se douter que les paysages locaux ont renoncé depuis longtemps à l’espoir de ressembler encore à quelque chose, on se désole toujours à l’annonce de l’acte pathétique et final dans lequel le dernier bâti d’intérêt du secteur joue sa disparition.
Puis, rendu à l’évidence, votre deuil fait de Villeurbanne, vous voudriez repartir avec un bout de quelque chose qui vous tient à cœur que vous ne le pourriez pas. Arracher à la ruine quelques souvenirs relève d’une tâche ardue qu’aucun productiviste jaloux ne vous laissera mener à bien et tout se passe comme si les fossoyeurs de la ville tenaient à ce qu’aucune miette de ce qu’ils jettent aux ordures ne passe jamais entre d’autres mains, qui en auraient soin.

Cette fois-ci encore nos tentatives de récupérer une chose ou une autre, avant ou pendant le chantier, se sont heurtées aux mêmes difficultés. Les enjeux financiers anéantissent toute autre valeur qui s’y dissout, et il n’existe aucun temps mort dans un calendrier où la perte d’une demi heure rend nulle toute demande étrangère au sacro saint mot d’ordre de rentabilité.
Bien sûr, il n’est guère surprenant de découvrir qu’une société gagne en importance ce qu’elle perd en disponibilité auprès des habitant.e.s. Avec ses 5 millions d’euros de chiffre d’affaire annuel [8], Grapinet peut aisément s’offrir le luxe de se dérober à toutes vos requêtes, compris quand vous vous êtes entretenu 3 mois à l’avance de votre projet avec le propriétaire vendeur.

Fête du patrimoine privé, 84 Cours Emile Zola

Comme égarée sur le grand Cours, cette petite maison assistait à la verticalisation du quartier République depuis plus de cent ans. De guerre lasse nous n’avons cherché aucun élément historique à son propos. A quoi bon ? Nous en laissons, s’ils le souhaitent, le soin aux faiseurs de ville : élus, promoteurs, démolisseurs, qui s’offrent le luxe de sacrifier l’un des édifices les plus vieux et les plus pittoresques bordant encore cette grande voie.

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84 Cours Emile Zola, 2019

Les rebondissements qui ont rythmé cette affaire nous ont conduit.e.s de désillusion en désillusion. Passé le coup de l’émotion à la découverte du permis de démolir, nous apprenions de la bouche de l’entreprise chargée du projet que la porte de pierre ainsi que la lucarne en tôle pratiquée en ouverture dans la toiture seraient intégrées au programme immobilier. Bonne nouvelle ? Prudence, car souvent à Villeurbanne les nouvelles de cette nature dissimulent une petite supercherie…
A la recherche du permis de construire donc, la consternation succède aux braises cendreuses de l’espoir. Nous découvrons en effet que la refonte complète du site emmènerait la porte de pierre en direction de la cour privée du nouveau programme, mais sans la compagnie des marches, tandis que l’ancien œil de bœuf, lui, achèverait sa carrière dans le hall, dans une improbable reconversion en cadre de miroir (car il n’y a pas de sot métier).

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Permis de construire 84 Cours Emile Zola. Avez-vous envie de vous contempler dans ce miroir avant de sortir prendre l’air à Villeurbanne pour vous rendre à un des 700 événements culturels ?

Le ridicule étant réputé ne pas tuer, confiant.e.s à ce titre dans les chances de son inénarrable maître d’ouvrage, la BNP Paribas, de survivre à l’élaboration de son pathétique ouvrage, nous précisons pour sa gouverne que le renversement des codes en suppose la préalable maîtrise. Mais peut-être nous faut-il aussi préciser qu’un œil de bœuf, même transformé en rétroviseur du futur, placé comme il le sera en zone VIP ne fera plus œuvre qu’auprès des quelques résidents auxquels il cherche à donner des gages d’agrément, et non auprès du plus grand nombre comme il le faisait jusqu’à lors quand, visible depuis l’espace public, il décorait la rue. Pire que le « rien faire », le simulacre de conservation se donne de beaux alibis culturels. Mais pour la démasquer, il suffit pour nous d’assimiler l’initiative à un vulgaire « patrimoine-washing », qui comme en justice sociale ou en écologie, en appelle toujours à détourner des sujets véritables.

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Les promoteurs ont du découvrir à leurs dépens qu’au pays du démontage-sur-plan, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Ici, les maçons de la fin du XIXe leur ont réservé une petite surprise avec un mix pierre/ciment moulé pour l’encadrement. Espérons bien-sûr que cet incident de type farce postmortem ne porte pas atteinte à l’excellence du projet…

Bien entendu, à partir du moment où la démolition de la maison était signée, le site renouvelé, il était difficile d’imaginer un réemploi pertinent des éléments, c’est-à-dire en cohérence avec son nouvel environnement bâti. Mais c’est surtout se saisir de la question à l’envers, car la validation de la démolition constitue bien l’erreur première dans l’instruction du dossier puisque nous nous trouvons dans un PIP (périmètre d’intérêt patrimonial) c’est-à-dire un cadre normatif prescrivant par exemple le respect des volumes existants en considération avec l’environnement. Là encore, l’application des recommandations de la Métropole sur son territoire n’est pas la passion de la municipalité.

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N’avez-vous pas plus envie encore de vous promener dans ce périmètre d’intérêt patrimonial dont l’authenticité, ne demande sans doute qu’à vous séduire au détour d’une rue ?

Conclusion

En matière de gestion urbaine toutes les aspirations soulevées par nos imaginaires retombent écrasées par cette loi impérieuse dont les règles de fabrique sont édictées par les seuls véritables acteurs qui soient : politiques, promoteurs, agents du secteur du bâtiment. A toutes vos interrogations, vos doutes, la réponse fait face qui fait aussi figure de dogme inaccessible au débat : la nécessité et le besoin de se loger en métropole doit primer tout autre aspect. Or, il y a derrière les choix retenus par les politiques urbaines la place qu’elles décident d’accorder à ses habitant.e.s. Que construit-on, pour qui et pour quoi, ou encore quel est le but poursuivi par cette concentration des biens immobiliers, mais aussi des richesses et des individus au même endroit ?
Mais le sujet n’étant pas ici de nous livrer à une critique de la croissance des villes - donc du capitalisme qui en soutient le principe – bornons-nous à considérer la question en regard des critères célébrés par la ville en cette faste année de culture, pour en souligner les manques, les incohérences.
Les balades à caractère patrimonial à Villeurbanne peuvent offrir une variété incomparable, elles peuvent également attirer l’attention d’un public grandissant à l’horizon 2022, sans l’engagement d’une politique urbaine volontaire elles restent précisément une distraction pour le public auquel elles s’adressent. Comme en écologie politique, le credo du renouvellement urbain, soutenu par celui de la densification amène des choix urbains en parfaite incompatibilité avec le soin et la conservation de l’existant.

Sur ce mettons-nous en fête et ne la gâchons pas. Enfin, gardons le sourire à Villeurbanne, même et surtout si la ville s’en va irrémédiablement.

PierreD
Article paru dans le blog https://lavilleedifiante.wordpress.com/blog/

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