Une expulsion qui ne dit pas son nom
Ce matin la préfecture a procédé à l’évacuation du squat « Maurice Sceve » sur le plateau de la Croix-rousse.
Ce squat avait été initialement ouvert pour accueillir des mineur.es isolé.es que la Métropole avait abandonné.es à leur sort contrairement à ce que la loi lui imposait.
Collomb ayant perdu sa place de Prince, la nouvelle majorité EELV de la métropole se félicite de sa façon de gérer cette situation.... Et sa façon de gérer a été l’expulsion du bâtiment...
Si cette évacuation, devait être un simple « déménagement » en accord avec les habitants et associations, c’est finalement tout de même un dispositif quasi militaire de plus de 150 agents des forces de l’ordre qui sont intervenus ce matin et non 150 travailleur.es sociaux... Pour rappel d’ailleurs, il y a deux semaines la Préfecture avait jugé nécessaire d’envoyer une dizaine d’estafettes, un drone et des chiens pour procéder au recensement des habitants... La pref et ses flics sont donc intervenus finalement quasi exactement de la même manière que dans n’importe quel expulsion de squat...
EELV, un parti humaniste ?
La Métropole EELV se vante ainsi dans un communiqué d’être, contrairement à Collomb, une municipalité Humaniste et nous dit « La nouvelle majorité écologiste et de gauche réaffirme ainsi ses valeurs d’accueil et sa détermination à lutter contre l’habitat indigne et le sans-abrisme ».
Pour autant, ce n’est pas un relogement global et sans condition de l’ensemble des habitant.es qui est organisé, mais bien une gestion individuelle de chaque personne.
Ainsi, une soixantaine de jeunes sont pris en charge « en attente de reconnaissance de leur minorité » c’est à dire après un test osseux infâme... mais surtout aucun engagement sur ce qu’il adviendra de ceux qui ne seront pas considérés comme mineurs.
D’autre part, c’est plus de 50 jeunes qui, ne rentrant pas dans les « critères » de la préfecture ont d’office été exclus du dispositif de relogement et qui vont continuer à devoir compter sur leurs soutiens pour se loger, se cacher de la PAF et continuer à vivre dans la misère et la précarité.
Enfin, pour tous ceux que la préfecture va enfin loger en CADA ( chose qu’elle aurait dû faire dès le début de leurs demandes d’asile et non au moment de cette évacuation après plus de 2ans de luttes et de condition de vie précaire) que vont -il devenir ?
Quelle suite ?
La majorité des jeunes évacués étant issus de pays dis « sûrs » par les autorités leur demande d’asile va sans nul doute leur être refusée. Une fois ce refus acté ils vont donc à nouveau être exclus de tous les systèmes d’accueil et vont donc devoir retourner à la rue et ré-ouvrir de nouveau squat...
Il est donc agréable pour Bernard de se vanter de « nouvelle » pratique de dialogue social pour s’auto qualifier de Gauche, mais en réalité il respecte simplement la loi au pied de la lettre ce qui ne semble pas d’un grand courage politique ni vraiment être de gauche... Si les nouvelles équipes veulent vraiment aider tou·te·s nos camarades migrant.es, il faut agir sur le fond du problème.
Un faible courage politique
Finalement, quand on y regarde de plus près, Bernard et Doucet ne font d’ailleurs preuve ici d’aucune sorte de courage extraordinaire et sont dans la continuité de ce qu’avait amorcé Kimelfeld . On se rappelle pourtant que Piolle à Grenoble lors de son premier mandat et première expulsion de squat avait fait un « coup » médiatique en réquisitionnant un bâtiment contre l’avis de la préfecture même s’il est bien vite rentré dans le rang ensuite, il avait fait au moins mine de faire preuve de courage politique. Ici aucun courage même pour faire un coup médiatique, la métropole va juste faire le minimum légal que lui impose l’état et c’est tout.... (La Métropole annonce faire plus que la lois en hébergeant 100 personne de plus que la norme, mais ces 100 personnes dormiront à l’Hôtel et non en centre d’hébergement, ce qui permet ensuite en toute légalité de les remettre à la rue aussitôt que les soutiens et médias regarderont ailleurs.)
Évacuer le plus gros squat de la métropole à 3 jours de la trêve hivernale en plein couvre-feu alors que le reconfinement est sur toutes les lèvres ne semble en tous les cas pas vraiment une politique de gauche, mais bien une gestion de la misère comme l’a bien appris à faire Doucet dans les ghettos de Manille...
On aurait pensé qu’un professionnel de l’humanitaire aurait profité de son expérience associée à son poids politique pour tenter de nouvelles solutions d’accompagnement. En effet, ailleurs en France et en Europe, d’autres solutions ont déjà été testées pour protéger les migrants : création de passeports municipaux pour les protéger en cas d’arrestation, ouvrir les portes des formations à tous ceux et celles qui le souhaitent, leur donner assez de travail pour qu’ils et elles puissent être autonomes et vivre dignement...
Ainsi de vraies solutions existent pour simplement « invisibiliser le problème » et d’autres sont encore à inventer pour réellement venir en aide aux personnes réfugiées ou migrantes. Il ne tient qu’à nos élus de les appliquer ou d’en inventer de nouvelles s’ils veulent réellement pouvoir s’auto-congratuler d’être humanistes de gauche, appliquer simplement la loi sans innovation ne semble pas d’un courage politique exceptionnel qui mérite que l’on se vante ainsi à coup de communiqués de presse indécents...
La fermeture du Collège n’est pas la fin, mais bien le début du combat !
Plus que jamais, un logement pour tous.tes !
Des amis-sh
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