Poursuivis pour occupation illégale, le procès regroupait au barreau les habitant.e.s du lieu ainsi que de leur avocate d’une part, et la conseillère juridique de la mairie de Villeurbanne d’autre part. On notait aussi la présence d’une trentaine de personnes venues soutenir l’Oblik en leur nom ou au nom de leur association, ainsi que la présidente de la Ligue des droits de l’homme à Villeurbanne. Le réquisitoire a eu pour argument principal le soi-disant non-respect des normes de sécurité. Cependant, nous remarquerons que les lieux disposent de nombreux extincteurs, de grandes portes de sécurité permettant l’évacuation de plusieurs centaines de personnes en cas de besoin, des conduits d’évacuation de fumée fonctionnels etc. Les habitant.e.s n’ont pas touché au transformateur électrique et l’ont même barricadé pour empêcher l’accès. Autre argument pour décrédibiliser les occupants : le spectacle de feu qui a eu lieu quelques semaines auparavant aurait été dangereux alors qu’il a eu lieu dehors, avec une zone de sécurité, et comme on l’a dit, en présence des nombreuses lances-incendie disponibles sur le site. En ce qui concerne l’amiante, le bâtiment a déjà été désamianté et il ne reste que deux zones à plusieurs mètres de hauteur, dans les taules du toit où on peut encore en trouver. Ainsi, difficile de distinguer mensonge et argument vaseux de la part de la mairie.
Il est étonnant de constater que quatre plaintes de la part des voisins ont été signalées le week-end précédent le procès, après trois mois d’occupation - rappelons-le -, pour une nuit où il n’y a même pas eu d’événement mais seulement un « calage » du côté du tramway et non des habitations, fait avec deux caissons à l’extérieur pour profiter des températures douces du printemps. Serait-ce dû à un possible lobbying de la mairie auprès des riverains pour expulser les habitant.e.s de l’Oblik ? Nous ne pouvons que faire des suppositions, mais ce qui est certain c’est que, habituellement, les habitant.e.s vont voir les riverains par eux-mêmes, préférant une démarche de concertation plutôt que le règlement des conflits par voie judiciaire.
Notons qu’avant d’avoir eu des poursuites judiciaires, les habitant.e.s du lieu ont exprimé la volonté de rencontrer les pouvoirs publics en demandant un rendez-vous auprès de l’adjointe de l’économie sociale et solidaire de la mairie de Villeurbanne. Cette dernière a annulé le jour même pour « raisons personnelles », affirmant qu’ils allaient les recontacter. N’ayant aucun signe de leur part, les habitant.e.s ont essayé à nouveau, plusieurs fois, d’obtenir un rendez-vous, sans y parvenir. On peut l’interpréter comme un refus de dialogue, probablement sous la pression de la hiérarchie supérieure qui refuse de rencontrer les squatters pour négocier. L’avocate des occupant.e.s a appuyé le refus de confrontation et la volonté de rentrer en contact avec la mairie, disant clairement que ce lieu d’habitation est peuplé de personnes en situation très précaire, ayant fait des demandes de logement social mais au vu des délais elles n’ont même pas l’espoir d’en obtenir un avant minimum un an. Qui plus est, des familles avec des enfants y logent depuis peu, ce qui rend d’autant plus difficile l’expulsion.
Le rendu du procès a été annoncé pour le 25 avril. Les personnes venues en soutien au procès de l’Oblik sont alors sorties, ce qui a laissé planer un silence morbide et un vide impressionnant dans la salle. Plus ou moins ce à quoi aspirent les pouvoirs publics, qu’il s’agisse de l’usine en question, de la rue, ainsi que de nos vies et esprits.
Une personne venue en soutien au procès de l’Oblik
Compléments d'info à l'article
Proposer un complément d'info